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Le Mexique : une économie qui compte en Amérique Latine

Le Mexique : une économie qui compte en Amérique Latine

L’intérêt récent des médias pour le Mexique se concentre sur le projet de mur du président américain. Le Mexique a pourtant tellement d'autres attraits pour les touristes ou les investisseurs. Chriss Moss nous raconte sa vision de ce pays magique...

Chaque nation est d’une manière ou d’une autre en proie à la caricature et à des stéréotypes ainsi qu’aux titres sensationnalistes et racoleurs des médias. Mais peu d’entre elles ont aussi mauvaise réputation que le Mexique. Dans la masse d’histoires sinistres autour du trafic d’armes et de drogues, de films d’horreur sur la criminalité, le mur de Trump et l’immigration ; qui croirait que les Etats-Unis Mexicains, l’un des plus anciens territoires fondés par les européens en Amérique, est la 15ème plus grande économie du monde, la deuxième en Amérique latine, un foyer pour l’importante communauté hispanophone d’Amérique et un centre moteur de dans les domaines de la littérature, des arts, de l’architecture et de la gastronomie ?

Tout touriste visitant la ville de Mexico, qui est sûrement la destination la moins représentative du Mexique, est rapidement étonné de voir que la vie au sud de Rio Bravo (nommé ainsi au Mexique et non pas « grande ») puisse être magnifique.

La diversité des hôtels y est certainement la plus large d’Amérique latine : des hôtels cinq étoiles aux locations de grandes propriétés.

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La gastronomie mexicaine est mondialement reconnue comme le montre le fait que six des 50 meilleurs restaurants d’Amérique latine, y compris les restaurants vénérés depuis longtemps, Pujol et Quintonil, se trouvent à Mexico.

Cinq autres sont situés ailleurs au Mexique.

Dans la capitale, l’art est présenté dans des bâtiments flambants neufs comme le MUAC, le Museo Jumex et le Museo Soumaya de Carlos Slim, tandis que la Zona Maco et Material Art Fair font partie des manifestations artistiques les plus importantes de l’hémisphère occidental.

sumaya 2016

Avec ses 8,9 millions d’habitants, il n’est pas surprenant que la ville de Mexico attire les grands événements. Mais les petites destinations sont elles aussi attractives : des décors cinématographiques et artistiques de Guadalajara à la cuisine innovante de Oaxacan, une ville dotée d'un magnifique centre colonial.

Les rouages de l’Industrie mexicaine

Derrière la diversité Culturelle du pays, se cache un géant de l’industrie. L’économie mexicaine (FMI) s’élève à 1,02 billions de dollars et repose sur le pétrole, le fer et l’acier. L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) considère le peuple mexicain comme le plus travailleur du monde. Si le Mexique est l’une des économies les plus diversifiées de la région, c’est aussi le seul pays de l’Amérique latine à se faire une place dans le classement des économies les plus importantes.

mexiquetacos

Le Mexique reste également proche des sommets sur le marché du tourisme mondial. Selon l'Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies (OMT), 39,3 millions de personnes ont visité le Mexique en 2017, ce qui en fait la sixième destination touristique au monde. Certes, les chiffres sont gonflés par des frontières très fréquentées comme celle de Tijuana-San Diego, mais avec une augmentation de 12% par rapport à 2016, le Mexique figurait parmi les pays enregistrant la plus forte hausse de fréquentation touristique.

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La croissance a trouvé sa place dans des états tels que Durango et Michoacan et surtout dans les villes proches des frontières des Etats-Unis malgré la criminalité et les problèmes de sécurités. Cependant mai 2018 a été largement considéré comme le « mois le plus meurtrier » enregistré au Mexique depuis que le gouvernement a commencé à publier des données sur les homicides en 1998.

Les touristes qui se rendent au Chiapas, d'Oaxaca, du Yucatan et les villes connues pour leurs mines d’argent telles que Guanajuato, San Miguel de Allende et Zacatecas ignorent peut-être les tensions existantes dans les zones des alentours et même dans les villes qu’ils visitent. Quantifier l'impact des problèmes de sécurité sur le commerce et le tourisme est loin d’être chose facile.

Quelles régions restent à l’écart ? Quelles régions attirent les investissements ? Dans quelle mesure l’imaginaire prend-il le pas sur les faits réels ?

« Les coûts de la sécurité et de la criminalité sont énormes d'un point de vue social et commercial », observe Enrique Dussel Peters, professeur d'économie à l'Université nationale autonome de Mexico (UNAM).

« Toutefois, le crime organisé au Mexique et dans la plupart des pays d'Amérique latine est un problème régional particulièrement lié aux États-Unis. À moins que la région dans son ensemble, y compris les États-Unis, ne le reconnaisse comme tel, il faudrait peu de changements pour commencer à résoudre le problème sur le long terme. Le crime organisé comprend non seulement le trafic d’argent et de drogues, mais également d'armes et d'organes. Et avec les Etats-Unis, cela va dans les deux sens ».

En août, les autorités américaines et mexicaines chargées de faire appliquer la loi ont annoncé un projet commun. A l’aide d’une équipe basée à Chicago, ce projet a pour but de cibler les dirigeants et les ressources financières des cartels de drogue qui expédient des opioïdes aux Etats-Unis.

Toutefois, au début de l’année, les chefs d’entreprises du puissant lobby du Consejo Coordinador Empresarial (CCE) au Mexique ont publié une déclaration selon laquelle « les niveaux de violence élevés sont devenus le principal obstacle à l’activité économique ». Du fait de l'insécurité, le producteur laitier mexicain Grupo Lala a annoncé la fermeture d’un centre de distribution dans l’État de Tamaulipas dans le nord du pays et Coca-Cola Femsa, le plus grand embouteilleur de Coca-Cola au monde, a fermé un centre de distribution de 160 employés dans le sud-ouest de l'état Guerrero.

Des relations de voisinage difficiles

Pour les étrangers, il peut paraître bizarre que le pays le plus riche du monde ne puisse travailler en étroite collaboration avec son voisin pour résoudre les problèmes liés à la criminalité et à la drogue. Mais avant même la guerre de 1847, qui a fait perdre au Mexique environ un tiers de son territoire au profit ses Etats-Unis, les relations entre le Mexique et les Etats-Unis ont toujours été compliquées.

Lorsque Donald Trump a pris ses fonctions à Washington DC, les relations diplomatiques se sont nettement refroidies et le langage, du moins du côté étasunien, a atteint un nouveau palier.

Évidemment, en principe, la proximité du Mexique avec les États-Unis représente une énorme opportunité en termes d’emploi à valeur ajoutée, de processus d’apprentissage et de développement général.

Le professeur Dussel Peters estime que le problème réside dans l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), signé en 1994 par les États-Unis, le Canada et le Mexique, qui a été au mieux inégal voire, dans certains secteurs, totalement inefficace.
« L’ALÉNA a considérablement polarisé l’économie mexicaine. Un seul un petit groupe de ménages, d’entreprises, de régions et de chaînes mondiales ont réussi à s’intégrer grâce aux exportations vers les États-Unis, mais pas la grande majorité. »
L'ALENA a été nouvellement renégocié et officiellement conclu le 1er Octobre. Il est désormais connu sous le nom d’accord Etats-Unis-Mexique-Canada ou USMCA. Selon Peters, il comporte peu de sujets nouveaux et pertinents. En fait, l’aspect le plus important de l’accord est qu’il a été signé.
Selon Peters, le problème le plus surprenant de l'USMCA est « qu'il ne résiste pas à la désintégration croissante au sein de l'ALENA ». Selon Peters, le commerce intra-ALENA a augmenté de 42% en 1994 à 46% en 2001 mais il est tombé à 39% en 2017. Cette baisse a été particulièrement ressentie dans le domaine des pièces détachées de véhicules et au niveau du secteur automobile. Il conclut : « Les principaux défis de l'ALENA ne sont pas des problèmes intra-ALENA, mais les problèmes venant d'au-delà des frontières de l'ALENA, en particulier d'Asie et DE Chine. »
Ne surprenant personne, Trump s’est targué d’une victoire américaine concernant le nouvel accord mais certains observateurs estiment qu’il sera bénéfique pour le Mexique et entraînera une augmentation des volumes d'échanges dans les trois pays. L’USMCA a également mis fin à des mois d’incertitude qui ont obligé la banque centrale mexicaine à maintenir des taux d’intérêt élevés en cas de hausse du peso. Le pays est maintenant en mesure d'assouplir sa politique monétaire ce qui devrait ainsi donner un coup de pouce à court terme à son PIB, lequel devrait augmenter de 3% en 2018.

Des idées neuves avec Andres Manuel Lopez Obrador

Le 1er juillet 2018, le Mexique a élu un nouveau président, Andres Manuel Lopez Obrador, ancien maire de la ville de Mexico, représentant de Juntos Haremos Historia qui est une coalition du parti travailliste de gauche, du parti de rencontre social de droite et du parti social-démocrate. Surnommé « AMLO » dans la presse locale et internationale, il est considéré comme un populiste, un nationaliste et une sorte d’indépendant. Il a été décrit comme un « repoussoir » et un « ennemi naturel » de Trump ainsi que « Juan Trump » par Trump lui-même.

Mais AMLO n'est pas un débutant et certainement pas un novice en politique. Il a été actif au sein de divers partis de gauche pendant plus de 40 ans. Il s'est présenté à la présidence en 2006 et a perdu d’un cheveu contre Felipe Calderón. En tant que maire de la mégapole, il était dans l’ensemble un dirigeant prospère et parfois inspiré.
Eric L Olson, directeur adjoint du programme Amérique latine du Wilson Center et conseiller principal auprès de l’Institut mexicain du Centre, estime qu’il y a encore de quoi être optimiste.

« Comme tous les nouveaux gouvernements, il y a un problème d’imprécision sur les politiques à mettre en place lors de la prise de fonction. Le gouvernement d’AMLO ne fait pas exception. Néanmoins, certaines grandes lignes se dessinent. AMLO a remporté un mandat écrasant de la part des électeurs qui en avaient ras le bol des partis traditionnels, des niveaux de violence sans précédent et de la corruption scandaleuse du gouvernement à tous les niveaux. Il existe donc un sentiment général d'optimisme quant au fait qu'AMLO adoptera une approche nouvelle à ces problèmes et sera capable de s’y confronter d’une manière différente. »

« À mon avis, il est absolument nécessaire de mettre l'accent sur le côté sur les investissements économiques, le développement et les opportunités pour les jeunes mais cela aura surtout un impact à long terme et pourrait ne pas suffire à résoudre les problèmes actuels pressants qui concernent les taux de violence élevés et le manque de confiance du public dans les institutions de l'État telles que la police et les procureurs. »
Olson remarque qu'une amnistie planifiée pour les petits producteurs de drogues illicites et la possibilité de créer des marchés réglementés pour certaines drogues peut être une initiative intéressante mais cela risquerait de ne pas satisfaire les attentes des Mexicains à l'égard du nouveau gouvernement. « Ce qu’il faut…c’est une stratégie très spécifique pour reconstruire l’Etat au niveau local » affirme Olson. « Une approche centralisée hiérarchisante qui se limite à la mise en place d'une police fédérale ou militaire forte ne résout pas les problèmes locaux étant donné que l'État n'adresse pas les problèmes de sécurité et qu'il est en réalité en pleine dégringolade. »

L'économie mexicaine se transforme

Finalement, l’injustice et les inégalités sociales constituent le principal problème persistant du Mexique. En plus des mesures de sécurité, le pays a désespérément besoin de souplesse économique, d'une répartition beaucoup plus juste de la richesse et d'une diversification plus grande de son économie.

Certains changements majeurs sont déjà en marche. Les réformes énergétiques de 2013, approuvées par le président sortant, Enrique Peña Nieto, ont mis fin à 75 ans de monopole de l’État dans le secteur pétrolier et gazier local. Avec la signature de l’UMSCA, il existe pour le moment un optimisme prudent concernant le capital privé et l’expertise technique qui permettront de reconstruire l’industrie énergétique mexicaine, de maximiser les revenus pétroliers et gaziers et de stimuler la croissance économique à long terme.

L'innovation a toujours été concentrée à Mexico, à Monterrey et à Guadalajara mais se développe maintenant plus largement dans le pays.

Par exemple, la ville de Chihuahua dans le nord du pays est en train de devenir un pôle technologique émergent grâce aux initiatives du Tecnológico de Monterrey (TEC), souvent désigné sous le nom de MIT du Mexique.

En revanche, la contraction des salaires, la baisse de la croissance et l'affaiblissement du peso ont été les tendances de l'année 2017 qui doivent être inversées. Ces enjeux reposent sur le nouveau président mexicain ainsi que l'actuel président américain.

Mais le Mexique ne se résigne pas au pessimisme comme les anglais avec le Brexit. En réalité, dit Enrique Dussel Peters, le principal problème est peut-être une tendance à être trop optimiste quant aux perspectives d’avenir de la nation.

« Nous assistons au Mexique à un grand optimisme et à de grandes attentes. Néanmoins, ces attentes doivent rester prudentes car aucun gouvernement au Mexique, y compris celui d'AMLO, ne sera en mesure de résoudre la plupart des problèmes structurels de la société et de l'économie mexicaine sur le court et le moyen terme : de la corruption aux des inégalités, à la pauvreté et à la sécurité.

Séjourner dans la ville de Mexico

Las Alcobas

Magnifiquement conçu et subtilement luxueux, cet hôtel est situé dans une avenue chic du quartier huppé de Polanco. Membre de la Luxury Collection de Marriott, il propose à ses clients un service hautement personnalisé et abrite l’un des meilleurs restaurants de la ville de Mexico. Les intérieurs sont conçus par le célèbre duo de designers George Yabu et Glenn Pushelberg. Chambres à partir de 255 euros.

www.Lasalcobas.com

St Regis

Dans la Torre Libertad, édifice de référence de 31 étages construit par Cesar Pelli, sur le passionnant Paseo de la Reforma. Il s’agit d’un établissement de loisirs luxueux très bien géré avec sept restaurants, le spa Remède et une piscine intérieure. Chambres à partir de 442 euros.

www.Stregishotelmexicocity.com

Habita Hotel

Minimaliste, contemporain et très cool, Habita est un pionnier des séjours en boutique à Mexico. Au coeur de Polanco, l’hôtel à la façade en verre dépoli (à droite) impressionne toujours. À l’intérieur, tout est blanc et le bar sur le toit ainsi que la piscine sont parfaits pour les sorties en soirée. Chambres à partir de 119 euros.

www.Hotelhabita.com

W Mexico City

Cette tour de 237 chambres située dans l'élégant Polanco présente le décor coloré et funky de la marque W (coussins Frida Kahlo, couleurs vives, œuvres d'art de grande taille) et propose une offre culinaire hispano-mexicaine au restaurant J by Jose Andres. Les clients sont principalement des entreprises, mais le Living Room Bar attire les hipsters locaux. Neuf studios de réunion et un spa complètent la facture. Chambres à partir de 227 euros.

www.w-hotels.marriott.com

 

 

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