La ville de Versailles, qui vit dans l’ombre du Château omniprésent, a toujours eu des difficultés à s’ouvrir au monde économique. De nombreux projets visant entre autres la clientèle d’affaires pourraient modifier cette réalité.
Elle n’est qu’à une demi-heure de Paris Centre, mais conserve toujours son image de bourgade provinciale et tranquille, bénéficiant peu finalement des retombées des très grosses entreprises de la ville nouvelle de Saint Quentin à quelques minutes de là. Une image de ville tranquille qui n’incite pas la clientèle d’affaires à y séjourner, de peur de s’y ennuyer ferme le soir.
Pourtant, depuis quelques années, la ville fait des efforts et multiplient les initiatives pour contrer cette réalité, jusqu’au Château qui vient d’achever la rénovation du pavillon Dufour pour mieux endiguer le flux de se visiteurs et proposer un point de restauration accessible à tous. Car c’est surtout autour de Versailles que le parc économique est en pleine mutation. L’’implantation du Vélodrome à Saint Quentin en Yvelines, avait déjà boosté les implantations d’entreprises sur la ville nouvelle entraînant de nombreux projets d’hôtels de chaîne (Campanile, ibis budget, Kyrie …). Ajour’ hui, c’est autour du projet VEDECOM à Satory que se cristallisent toutes les attentions.
En effet, soutenu par la Caisse des Dépôts, ce cluster serait destiné à abriter des jeunes start-ups travaillant sur les nouvelles mobilités notamment autour d’un projet européen, l’ « autopilot », consacré à la création d’un véhicule autonome. Installé dans la banlieue de Versailles, le cluster à terme devrait comprendre 5000 logements et plus de 300 000 activités économiques desservies par la ligne 18 du métro du Grand Paris Express.
Sous l’impulsion de ses élus, la ville de Versailles s’est donc lancée à son tour dans des aménagements significatifs, comme la création de la Cour des Senteurs, un jardin et des commerces, à deux minutes du Château, autour de la symbolique du parfum.
Mais c’est aussi dans le même quartier, un hôtel de Beauté qui s’est installé dans un hôtel particulier du 17ème. Tenu par deux femmes, cet espace de 1000 m2 propose à la carte, soins de beauté, massages, et pause détente dans son salon de thé pour des prestations allant de 70 à 200 €.
«Le ticket moyen se situe autour de 100€ » déclare Erika Finck-Beccafico attirant même les hommes qui forment 25 % de sa clientèle. Les entreprises ont depuis peu emboîté le pas. Elles viennent y créer des évènementiels, ou des lancements de produits trouvant dans cet espace artistique et historique hors normes un cadre idéal. « Et puis, très bientôt, nous proposerons avec le Pullman des forfaits «couple» ou des forfaits «solo» explique la jeune femme « pour attirer encore plus la clientèle des hôtels. »
Pour sa part, le président de l’UMIH Yvelines, Philippe Pain y voit une véritable ouverture pour Versailles « c’est un début» dit-il «mais ce projet et d’autres à venir va relancer, je l’espère la destination Versailles » dit-il «et nous permettre de récupérer la clientèle d’affaires et les 20 points de taux d’occupation que nous avons perdu lors de l’ouverture du Pullman ». Car malgré tout, les projets hôteliers restent encore timides.
Récemment, il y a eu la vente de l’hôtel du Roy à Turenne Capital, un hôtel qui après rénovation, est passé de 2 à 3 étoiles, suivi par l’ouverture par l’ancien propriétaire d’un boutique-hôtel de 29 chambres à la gare des Chantiers. Mais le projet plus emblématique reste le projet d’hôtel de 29 chambres 5 étoiles mené par le duo Lov Grou-Ducasse entreprise au cœur-même du Château, dans les bâtiments du Grand Contrôle.
D’autres projets non hôteliers devraient également changer l’image de la ville, notamment celui concernant la rénovation de la Poste, un bâtiment acquis par la Compagnie de Phalsbourg, qui souhaite en faire à terme un espace de co-working plutôt avant-gardiste.
En attendant, ce sont les restaurants qui font la une, avec une vraie montée en gamme sur Versailles.
Le plus emblématique est l’ORE, un restaurant monté par Alain Ducasse et installé dans le Pavillon Dufour. Ouvert il y a six mois, il propose avec ses 120 places assises réparties en plusieurs petits salons autour d’ un bar « tout en or », plusieurs formules, dont celle à 22 € le midi qui permet autour d’un plat et un dessert d’être servi en une heure « une formule très appréciée de la clientèle d’affaires » précise-t-on au restaurant. Ouvert à partir de 8h, le restaurant propose également petit-déjeuner et salon de thé à partir de 15h30, ainsi qu’une formule tout compris incluant billet d’entrée au Château plus petit déjeuner ou déjeuner à partir de 35€. Le soir le restaurant devient une table unique privatisable.
Parmi les autres références « gastronomiques » sur Versailles, la Table du 11 (1 étoile Michelin) tenue par le chef Jean Baptiste Lavergne-Morazzani, est une heureuse alternative sans compter le restaurant du Trianon Palace qui avec l’arrivée du nouveau chef Frédéric Larquemin, un ancien de l’équipe Ducasse au Plaza Athénée, espère bien récupérer sa deuxième étoile au Gordon Ramsay Restaurant.
Des jolis projets et des ouvertures qui restent cependant à l’image de Versailles, raffinés et exceptionnels. Reste à savoir s’ils réussiront à attirer dans la ville cette nouvelle clientèle d’affaires comme le souhaitent vivement les 17 hôtels actuels de la ville.