L'année 2017 va être marquée par le développement important des paiements via les terminaux mobiles et les chat bot. Parallèlement certains prédisent une incertitude géopolitique avec l'arrivée de Trump et du Brexit tandis que d'autres parient au contraire sur une stabilisation du monde...
PORTEFEUILLES NUMÉRIQUES
En 2015, Worldpay a prédit que les paiements par carte de crédit et de débit passeraient des deux tiers de toutes les transactions à la moitié d'ici 2019. Les transactions mobiles vont les remplacer : selon Worldpay, 647 milliards de dollars de paiements des consommateurs aux entreprises seront effectués via des portefeuilles électroniques en 2019.
Ce chiffre est à comparer aux 412 milliards de dollars EU via les cartes de débit et aux 577 milliards de dollars via les cartes de crédit.Cette migration vers le digital a été initiée par Paypal qui a été valorisée à plus de 50 milliards de dollars américains en 2015. Depuis lors, les portefeuilles mobiles d'Apple Pay (2014) et Google Android Pay (2015) sont entrés sur le marché. En Chine il y a Alipay et Yandex en Russie. A l'automne 2016, JP Morgan Chase a créé Chase Pay, et en 2017 Samsung Pay sera finalement lancé au Royaume-Uni (il était censé arriver en 2016).Apple Pay accueille un million de nouveaux utilisateurs par semaine eta représenté les trois quarts des paiements sans contact aux États-Unis en juillet 2016, . Ces portefeuilles mobiles permettent par exemple de payer votre déjeuner dans un aéroport ou le métro en touchant votre smartphone ou smartwatch qui envoi les informations de paiement via la technologie sans contact NFC. L'argent et les cartes deviennent des anachronismes. L'avenir promet des transactions plus sûres et plus pratiques soutenues par la biométrie.En Novembre, Qatar Airways a annoncé qu'elle intégrait Apple Pay pour l'achat de vols via son application mobile : il suffit de numériser votre empreinte digitale (Touch ID) ou d'entrer votre code d'accès. Plus besoin d'indiquer votre numéro de carte de crédit et date d'expiration. Vous pouvez également utiliser votre portefeuille numérique pour stocker vos cartes d'embarquement et vos cartes de fidélité. JetBlue et Emirates ont été les premières compagnies à s'associer à Apple Pay. D'autres entreprises dans le domaine des voyages sont désormais partenaires comme Airbnb, British Airways, Delta, Easyjet Expedia, Marriott et Uber.
CHAT BOTS
2017 est l'année de l'nevold es chat bot. Grâce à l'intelligence artificielle, les cyber-assistants font leur apparition sur les sites Web de l'industrie du voyage : du concierge "Edward" du Radisson Edwardian Blu à "Mildred" de Lufthansa, qui vous aidera à trouver le vol le moins cher.
La plupart des clients posent en effet le même genre de questions quand ils veulent préparer un voyage, réserver un séjour à l'hôtel ou déposer une plainte : alors pourquoi obliger un être humain à être assis toute la journée en donnant les mêmes réponses?Les robots de chat interagissent sous forme écrite via des plateformes de messagerie instantanée telles que Facebook Messenger. Ils fonctionnent comme l'assistant virtuel Siri d'Apple, qui est activé par la voix, mais sont programmés pour traiter des tâches spécifiques dans le style d'une conversation humaine. L'assistant de KLM vous dira quand il est temps de vous enregistrer, vous enverra une carte d'embarquement et changera votre siège si vous lui demandez gentiment.Peut-on faire confiance aux robots? La technologie n'est pas encore parfaite. Le premier chat bot de Marriott, lancé en mars 2016, a été suspendu après avoir commencé à envoyer des messages privés par Facebook et à demander s'ils voulaient réserver un hôtel. Il a été depuis discipliné et a trouvé un emploi dans le service Marriott Rewards. Le traitement du langage naturel (PNL) n'est que le début d'une nouvelle forme de relation entre l'homme et la machine. Pour ajouter une niveau supplémentaire de réalité, les robots de discussion peuvent même envoyer des emojis, et pour la communication globale, la traduction instantanée est intégrée. Parmi les sociétés utilisant des chat bots on peut citer Aeromexico, Booking.com, British Airways, Expedia, Hyatt Hotels, Icelandair et Skyscanner.
INCERTITUDE GEOPOLITIQUE?
Nous parlons du Brexit et Trump. Nous parlons d'un monde «post-vérité» dans lequel nous vivons dans une chambre d'écho de nouvelles fausses et d'algorithmes qui nous nourrissent de ce que nous croyons déjà (voir le documentaire Hypernormalisation d'Adam Curtis si vous ne l'avez pas déjà). Les gens voulaient du «changement» et maintenant ils l'ont. Bien sûr, aucune une année ne se passe sans qu'une incertitude géopolitique de quelque sorte trouble l'équilibre de notre fragile planète, mais 2017 semble être particulièrement imprévisible.
Avec Donald Trump maintenant «président des États divisés d'Amérique», comme l'a décrit le magazine Time, la Grande-Bretagne qui se prépare à quitter l'Union européenne et la montée de l'extrême droite en Europe, nous sommes plongés dans une situation profondément inconfortable dont personne ne connait les conséquences.
La Chine a qualifié Trump de «diplomate néo-professionnel», Poutine dit qu'il est «un homme intelligent», tandis que Nigel Farage sourit. En entrant dans le bureau ovale en janvier, entouré d'une équipe sélectionnée par sa main de copains ultra-riches, Trump sera informé des codes des armes nucléaires des États-Unis.
Les combustibles fossiles, le mur avec le Mexique, un éventuel reniement des accords avec l'Iran et Cuba, le naufrage du pacte commercial Asie-Pacifique, l'extension de Guantanamo et la fin de la campagne Obama Care sont au menu.
Le magazine The Atlantic a écrit: «l'image qui se dégage est celle d'un commandant en chef détaché des orthodoxies de l'ordre international libéral construit par les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, suggérant le potentiel d'une des présidences les plus perturbatrices de l'histoire moderne».
Les taux de change et les marchés ont sans aucun doute pris un coup, mais quand il s'agit de voyage, la plupart des gens veulent (et ont besoin) continuer à voyager comme d'habitude.
Il semble paradoxal de faire partie d'une économie avancée et mondialisée, de bénéficier du développement des liens aériens, de communication et de commerce, et que parallèlement le racisme, la xénophobie et le nationalisme deviennent de plus en plus des forces d'opposition.
La guerre en cours en Syrie, la crise des réfugiés souvent non déclarée et la menace silencieuse du terrorisme perdurent. Notre planète interconnectée a de grandes fractures à affronter, entre les pays et entre les gens.Le Global Business Travel Forecast 2017 d'American Express Global Business Travel prédit une croissance modérée et seulement des augmentations de prix modérées dans les transports aériens, terrestre et dans l'hôtellerie ce qui indique un niveau plus élevé d'incertitude. Le ralentissement continu de l'économie chinoise, le terrorisme et la baisse des prix du pétrole sont également des facteurs y contribuant.
Selon PwC, en dépit de l'état volatile de la livre, le maintien des dépenses de vacances en 2017 est une priorité pour les consommateurs britanniques. De même, un sondage réalisé sur businesstraveller.com a révélé que 42% des lecteurs s'attendaient à voyager davantage cette année qu'en 2016 (38% disaient que ce serait à peu près le même, alors que 20% disaient moins).
Les 104 hôteliers interrogés ont indiqué qu'ils n'étaient pas excessivement préoccupés par le fait que le Royaume-Uni quitte l'UE, 65 pour cent prétendant qu'elle n'aurait probablement pas d'impact sur leur activité et seulement 19 pour cent croient qu'il pourrait y avoir un impact négatif.
En octobre, Ian Stewart, économiste en chef chez Deloitte, a déclaré: «contrairement à la communauté des affaires, les consommateurs britanniques ont mis leurs craintes sur le Brexit de côté. [Cependant] les consommateurs de Londres sont moins optimistes que le reste du Royaume-Uni. Le vote de Brexit peut peser sur une région où 60% de la population a voté pour rester dans l'UE et où la dépendance envers les services financiers, la migration et les flux de capitaux est particulièrement forte».
Cependant alors que la presse a été très critique vis à vis de Trump, son arrivée va aussi présenter plusieurs aspects positifs dont la fin possible des conflits au Moyen-Orient ainsi qu'une amélioration des relations entre la Russie et les Etats-Unis, ce qui ne peut qu'être favorable à l'humanité les tensions étant devenues préoccupantes ces derniers mois et les deux pays possédant l'arme nucléaire. The Atlantic note ainsi que l'intérêt de l'administration américaine est de «stabiliser le Moyen-Orient et non de multiplier les conflits...les autres alternatives, les guerres calamiteuses, l'afflux de réfugiés étant bien pires».
Au niveau du tourisme, la levée probable à terme des sanctions envers la Russie devrait favoriser à nouveau un afflux des touristes russes sur le marché mondial : ces derniers avaient fortement contribué à la croissance globale du marché du tourisme avant les crises géopolitiques. Il est à noter également que l'entrée au capital du Qatar et du fonds anglo-suisse Glencore au sein du capital du pétrolier Rosneft (le 2ème plus grand producteur de pétrole russe) début décembre montre que les relations s'améliorent entre toutes les parties.
Par ailleurs, le futur président va sans doute faire preuve de plus de pragmatisme qu'on ne le pense comme il l'a montré dans ses affaires, d'autant qu'au final la politique américaine ne changera pas tant que les cela, les USA ayant toujours été pro-business (voir Election de Trump : quel impact dans le tourisme). Après tout Trump, est très investi dans le secteur du tourisme et a tout intérêt à ce que les voyageurs continuent d'affluer aux Etats-Unis.
Nous pensons ainsi qu'au final l'incertitude géopolitique ne sera donc pas plus importante qu'en 2015 ou 2016, les zones de tensions pouvant même avoir tendance à diminuer en 2017. Comme le disait Lennon, donnons une chance à la paix.
