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Dossier : le prix du pétrole

petrole-flambee.jpgAlors que le prix du pétrole a atteint de nouveaux records, les compagnies aériennes risquent de chercher à faire des économies au détriment des voyageurs. Enquête d’Alex McWhirter.



Des frais trop élevés pour les transporteurs


Si le pétrole reste à 130 $ US le baril alors les compagnies aériennes du monde entier perdront globalement de 3,8 milliards d’euros cette année. Tel est le message fort que le directeur général de l'IATA, Giovanni Bisignani, à exprimer au cours de l'assemblée générale annuelle à Istanbul, à la fin de mai. « Le pétrole change tout. Il n'existe pas de réponses faciles », a t-il clamé.

Les compagnies aériennes sont inquiètes voire malades. Normalement en période de vache maigre leur réflexe est de réduire les effectifs ou de fermer des bureaux pour économiser de l'argent. Mais cette fois-ci il y a plus rien à économiser. Le personnel a déjà subi des réductions par le passé, les bureaux en centre-ville ont fermé et même des antennes entières par pays ont été éliminées.

Plus aucune compagnie aérienne ne peut faire face aux frais de commission aux agences de voyages, tandis que l'évolution vers une billetterie électronique simplifiée et l’enregistrement en ligne a permis d’effectuer d’énormes économies. Bisignani explique : « Il n'y a plus de frais à réduire. Pour survivre à cette crise, des changements supplémentaires seront nécessaires ».

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Un exemple de la façon dont beaucoup de plus petits transporteurs ont été touchés vient de Virgin Atlantic. Paul Charles, directeur de la communication, explique que les frais de carburant du transporteur ont doublé au cours des trois dernières années, approchant les 1,2 milliards d’euros pour 2008 seulement.

L’ampleur totale de la crise du secteur est encore à venir parce que beaucoup de personnes ont acheté leurs billets à l'avance. Mais des suppressions de vols ont d'ores et déjà eu lieu sur les routes américaines, où la faiblesse de l'économie et le resserrement du crédit de voyage sont décourageants.

petrole-aa.jpgLes grands transporteurs américains sont frappés à nouveau, car ils utilisent des flottes plus vieilles et moins économes en carburant. Le carburant représente 50% de leurs coûts totaux, comparé à environ 30% chez les transporteurs d’autres nationalités à la flotte plus efficace. C'est pourquoi, des compagnies comme American, United, Delta et US Airlines ont été les premières à réduire leurs vols et leurs trajets, et à facturer de nouveaux frais pour des services qui ont toujours été gratuits jusqu’ici.



Des conséquences multiples

Si le prix du pétrole reste à un niveau élevé, les voyageurs peuvent s'attendre à voir plusieurs changements dans l'industrie du transport aérien. Dépôts de bilan de compagnies aériennes qui ne font plus de bénéfices; des transporteurs décidant de garder leurs avions à terre pour adapter leurs capacités à la demande, ce qui pourrait conduire à une augmentation des tarifs (en fonction de l'itinéraire, du niveau de la demande, …); ou encore des suppressions de lignes.

Les gains de temps et la praticité de vols long-courriers sans escale chez certains transporteurs (ceux qui ont des durées de vol dépassant les 14h), risquent également de ne plus exister car le transport du carburant nécessaire à un tel vol consomme lui-même du carburant. Un vol comme le Bangkok-New York de Taih Airways (17h30) vient d'être supprimé (voir article du 9 juin).

De plus en plus de compagnies aériennes risquent de facturer les repas, les bagages et même le choix des sièges. Sur les lignes intérieures américaines, American Airlines surtaxe chaque bagage enregistré, tandis que US Airlines  fait payer différemment un siège en fenêtre ou sur l’allée.

Les plans visant à améliorer les services et à introduire de nouveaux sièges premium pourraient êtres interrompus - à la suite de la crise des voyages en 2001, British Airways a fait des économies en retardant l'installation de ses sièges plats au sein de la  classe Club World. En outre, l'ère des sièges plus grands et de l'augmentation de l'espace en première et en classe affaires semble terminée. Plus les sièges sont lourds, plus la quantité de carburant nécessaire augmente. Plus d'espace équivaut également à moins de sièges, donc plus de consommation de carburant par passager.

Plus inquiétant, les places déjà étroites à l'arrière des avions risquent de se détériorer davantage. Pour maintenir des tarifs abordables les transporteurs rempliront encore plus les avions en y ajoutant des sièges. Air France et KLM ont suivi le modèle d’Emirates et ont reconfiguré leurs B777 avec des rangées centrales de 10 sièges. D’autres transporteurs pourraient suivre cet exemple au moment de renouveler leurs sièges.

petrole-a350.jpgLa prochaine génération de grands avions chez Boeing (B787 Dreamliner) et Airbus (A350) sont également susceptibles de suivre le même chemin. Initialement, le B787 (annoncé en service autour de 2010) a été proposé avec 8 sièges centraux, mais certaines compagnies aériennes cherchent à en installer 9.

L'A350 (prévu pour 2013) a une cabine plus large et était censé prendre 9 sièges, mais Airbus propose aujourd'hui une version à 10, tandis qu'une nouvelle génération de sièges décalés conçus par Thompson (THOMPSON) (voir photo ci-dessous) permettrait aux compagnies aériennes de gagner 15% sur la capacité de leurs appareils existants.

petrole-siegesthompson.jpgLa volonté de réduire le poids de la cabine inclus la réduction, voir la disparition des magazines à bord surtout dans les avions disposant de bons systèmes de divertissements. Au moins un transporteur américain est concerné. Virgin Atlantic suit un programme "Weight Watcher" (contrôle du poids) qui, selon Paul Charles, concerne une large gamme d’éléments qui doivent être plus légers, des sièges aux plateaux-repas, tandis que British Airways affirme avoir réduit le volume d'eau de robinet à bord parce que les passagers préfèrent avoir l’équivalent en bouteille.

Si le prix du pétrole continue à augmenter, l’industrie du transport aérien pourrait être très différente dans 1 an.



Quelques précautions

Avec la crise de l'industrie du transport aérien, les voyageurs d'affaires ne sont pas tranquilles. Voici quelques conseils sur la manière d'éviter les pires effets de la hausse des prix du carburant :

    - Pour être couvert contre le dépôt de bilan d’une compagnie aérienne, prenez une assurance ou achetez via un agent de voyage qui dispose d’une assurance. Assurez-vous que cette couverture comprend les compagnies aériennes sous le régime de l’article 11 des banqueroutes. Si vous achetez en ligne avec votre carte de crédit, vérifiez si vous êtes couvert par votre organisme émetteur, dans le cadre d’une loi sur le crédit à la consommation, la plupart des banques font des efforts sur le remboursement.

    - Les suppressions et modifications de vols par les compagnies aériennes sont quasiment quotidiennes, il est essentiel pour les voyageurs de vérifier régulièrement leurs informations de vol, surtout quand le billet a été réservé depuis plusieurs semaines. À une certaine époque, quand la plupart des billets étaient réservés par l'intermédiaire d'agences, c’est à elle que revenait la responsabilité d'alerter leurs clients. Aujourd'hui, la tendance est à la réservation en ligne, ce qui implique que le passager endosse cette responsabilité. Les compagnies aériennes se défendent en envoyant des alertes automatiques en cas de changements d'horaire via email, mais nous avons constaté par retour des consommateurs que certains de ces emails restent non lus car considérés comme spam, sachant en plus que tous les voyageurs ne transportent pas d’ordinateurs portables loin de chez eux.

    - Vérifiez vos programmes de fidélité (FFP) et envisagez d’utiliser vos milles ou autres points en cas de défaillance des compagnies aériennes. Notez que les changements d'horaires peuvent avoir une incidence sur la possibilité d'échange.

    - Tenez-vous informés en visitant notre site régulièrement !

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