La Cour de Comptes dans un rapport présenté cette semaine pointe le déséquilibre des rapports entre l’Etat et les Sociétés Concessionnaires.
Alors que les trois groupes autoroutiers ont perçu 7,6 Md€ de péages en 2011 (4,28 Md€ pour Vinci, 1,96 Md€ pour APRR et 1,38 Md€ pour Sanef), la Cour «a constaté que la négociation des avenants aux contrats de concession (notamment les contrats de plan) et le suivi par le concédant (assuré par le seul ministère chargé des transports) des obligations des concessionnaires se caractérisent par un déséquilibre au bénéfice des sociétés autoroutières».
«Les contrats de plan, qui fixent pour cinq ans la tarification des péages, devaient être l’exception par rapport au dispositif mis en place par le décret de 1995, mais sont devenus la règle et ont conduit à des augmentations tarifaires supérieures à l’inflation, contrairement à la règle originelle de la concession» ajoute la Cour.
Le chiffre d’affaires des sept sociétés concessionnaires historiques a augmenté en moyenne de 4 % par an entre 2006 et 2011 et la marge des exploitants d’autoroutes avoisine environ 20% de leur chiffre d’affaires.
Selon la Cour, «maintenant que le réseau autoroutier est largement développé, la politique tarifaire qui le régit devrait en tenir compte et privilégier désormais l’intérêt des utilisateurs et, à terme, de l’État».
Il est à noter qu’au pays de la Liberté, de l’égalité et de la fraternité, les pauvres automobilistes auront fatalement plus d’accidents: ceux qui n’ont pas les moyens de payer les péages empruntent les nationales où le taux d’accidents est 5 fois supérieur (voir cet article sur le site du Sénat http://www.senat.fr/rap/l97-479/l97-47959.html).
Une situation particulièrement injuste qui fait que les moins riches sont les plus accidentés...
D’autant que l’augmentation des tarifs ne sert pas à diminuer le chômage, loin de là, de nombreuses caissières ayant été remplacées ces dernières années par des automates.
Aux Etats-Unis, dans les années 50, on considérait les infrastructures routières comme vitales et gratuites car nécessaires au bon fonctionnement et au développement de l’économie: c'est pourquoi les Interstate Highway System y sont gratuites et relient les principales villes du pays.
En France, au contraire les autoroutes n'ont jamais été vues comme un investissement pour l'économie mais comme une dépense que le privé a été chargé de financer à partir des années 70.
De ce fait et paradoxalement, les autoroutes se sont développées sans soucis de rentabilité, les gestionnaires ayant intérêt à multiplier le nombre de projets pour ne pas faire tarir cette manne: les autoroutes les plus rentables qui devraient être gratuites depuis longtemps comme l'autoroute du sud servent à financer des tronçons peu fréquentés.
Pourtant dans les années soixante, le gouvernement avait rendu les nouvelles autoroutes payantes tout en promettant leur gratuité...sitôt remboursées.
En Europe, les autoroutes sont gratuites en Belgique et en Allemagne, mais il faut cependant reconnaître que les autoroutes à péage sont bien plus courantes dans les autres pays de l'Union Européenne.
Selon un sondage réalisé en juillet par notre confrère Les Echos, plus de 94% des internautes estiment que les péages d'autoroutes sont trop chers en France: voir http://www.lesechos.fr/sondages/liste.php