A l’ère de la production de masse, la demande de la qualité et de la touche personnelle devient de plus en plus forte. Ben Grafton a trouvé une entreprise qui continue sa fabrication maison : Ettinger.
Ettinger n’est sans doute pas le premier nom qui vient à l’esprit lorsque l’on recherche un produit de luxe. Alors que Rolex et Prada font partie des listes de cadeaux partout dans le monde, le succès d’Ettinger est resté jusqu’à maintenant relativement inconnu, en dehors du cercle fermé de la maroquinerie.
Fondée il y a 74 ans par Gerry Ettinger, ancien producteur de films qui a travaillé avec, entre autres, Marlène Dietrich, l’entreprise a fabriqué tout au long de son existence des produits en cuir de grande qualité pour de nombreuses marques, comme Dunhill. Et lorsque le fils aîné, Robert, a pris la relève de son père en 1995, il a fait d’Ettinger une marque, qui a rapidement connu une belle réputation (la société a obtenu un mandat royal afin de fournir le Prince de Galles en 1996).
Aujourd’hui, la majorité des ventes d’Ettinger, 70%, viennent des marchés étrangers. L’entreprise exporte dans plus de 40 pays à travers le monde. Le Japon et l’Extrême Orient sont ses plus gros acheteurs. Il semble que de Tokyo à Shangai, attachés-cases britanniques et écrins pour bijoux de luxe sont les articles de choix des hommes et des femmes dont le goût pour la qualité de ces produits se reflète à travers le montant du baume de protection du cuir.
Pour répondre à la demande, la société est passée de 14 employés à 40 entre 1990 et 2008, mais alors que la production a augmenté, les valeurs fondatrices sont restées les mêmes : un travail de grande qualité, un savoir faire artisanal et une esthétique qui restent fidèles aux racines traditionnelles britanniques.
L’entreprise produit actuellement un catalogue de plus de 400 articles de luxe, tous faits à la main, dans son usine de Walsall, et présentés dans le showroom du siège social d’Ettinger à Putney. Ici, un étalage d’attachés-cases, de boites cloutées, de besaces de voyage, s’alignent fièrement sous les éclairages à côté d’articles plus éclectiques comme des téléphones mobiles ou encore des jeux de backgammon.
Les produits designés par Ettinger passent par plus 20 étapes différentes avant d’être commercialisés. Le processus complet de fabrication prend entre 45 et 80 minutes mais un long travail préalable est nécessaire. Les échantillons sont faits et servent de modèle pour la production à l’usine, la peau est coupée à la main à l’aide d’un rasoir, ou d’un couteau, ou encore d’une presse coupante. Ces outils sont spécialement utilisés pour travailler la coupe du cuir. Le morceau de cuir est ensuite divisé par le milieu en couches minces, un procédé que l’on nomme « skiving », avant d’être retourné et travaillé.
Arrivé au moment de l’assemblage, les artisans utilisent un os assez solide pour traiter le cuir sans l’endommager. Les dos de ces articles sont épaissis et les bandes collées ensemble sur les machines à coudre. Selon Ettinger, « Il faut environ 40 à 50 bandes de cuir et de soie pour assembler un portefeuille. C’est effectivement comme construire un puzzle ».
Enfin, la pièce est vérifiée et polie avant l’emballage, le logo Ettinger a déjà été posé sur le cuir à cette étape. Même si la couture et les machines à coudre industrielles existent depuis plus de 100 ans, Ettinger déclare que « 80 % du processus de fabrication doit être fait main, et je ne peux pas imaginer que cela change. »
Après plus de 30 ans dans l’entreprise, il est évident qu’ Ettinger n’a rien perdu de son enthousiasme pour le produit. Désireux de montrer un fin morceau de cuir dans lequel se cache un chausse pied à portée de main, il ressemble plus à « Q » de James Bond qu’à un magnat de l’industrie. Ettinger nous dit : « Nous développons constamment notre gamme de produits et sommes à la recherche de nouvelles idées. Bien que nous faisions appel à un certain nombre de designers indépendants, beaucoup d’idées viennent de notre propre usine, et je prends une part très active dans ce processus. »
La marque se lance aujourd’hui dans le 21ème siècle, un peu tard, admet Ettinger, en rendant disponible ses produits à l’achat sur Internet pour la première fois. « Nous devons être en mesure de vendre les produits de luxe en ligne afin de rester concurrentiel, nous dit-il »
« Nous avons attendu si longtemps, et enfin, nous avons décidé de nous lancer. Même si le client ne peut pas toucher le produit, les belles photographies aideront à créer le sentiment d’une formidable vitrine pour notre marque. »
Les produits Ettinger sont disponibles à Mappin et sur Internet dans leurs magasins en ligne à travers tout le Royaume Uni.
Pour plus d’informations, visitez le site www.ettinger.de.