La Fédération Nationale de l'Aviation Marchande et le Syndicat des Compagnies Autonomes ont salué les conclusions du rapport de Bruno le Roux sur la compétitivité du Transport aérien Français ainsi que le Collectif Intersyndical et le syndicat SNPL Alpa.
Le rapport propose notamment 7 axes pour redonner un souffle aux compagnies aériennes comme :
- Intensifier les actions touchant à la simplification
- Réaffecter la totalité du produit de la Taxe de l'Aviation Civile au seul financement du secteur
- Contenir la hausse de la taxe d’aéroport par la prise en charge exceptionnelle d’investissements de sûreté
par l’Etat
- Maîtriser les dépenses de sûreté au travers d’une refonte des processus
- Modérer l’évolution des redevances aéroportuaires en prenant immédiatement des décisions, particulièrement concernant Aéroports de Paris
- Sortir le transport aérien de l’assiette de la taxe de solidarité
-Faire respecter les normes sociales et fiscales françaises par toutes les compagnies
Le rapport insiste notamment sur l'importance des compagnies aériennes pour l'économie française alors qu'elles représentent environ 2% du PIB et génèrent 300000 emplois directs et un peu plus de 600000 emplois indirects.
Il insiste également sur l'importance du pavillon français, «indispensable à l'excellence et au dynamisme de la France.»
Une remarque importante alors qu'à une époque le pavillon français maritime a perdu de son importance pour ne pas s'être adapté à la concurrence internationale.
Le rapport pointe notamment le fait que les compagnies françaises n'ont pas su profiter de la croissance du trafic avec une hausse de 19% de leur trafic contre 41% de 2003 à 2013 globalement.
La part du pavillon français est passé de 54,3% en 2003 à 45,6% en 2013.
Sans surprise, la perte de trafic a été la plus forte sur le trafic métropolitain (-14% entre 2008 et 2013) qui a souffert du développement des low-cost.
Reste à savoir si sans les compagnies étrangères la progression du trafic aurait été aussi forte car c'est la non présence de low-cost françaises sur le territoire qui a favorisé l'essor rapide d'acteurs étrangers.
Le rapport souligne également l'essor rapide de nouveaux hubs aéroportuaires dans le Golfe, en Russie et en Turquie qui «captent la croissance sur les marchés porteurs d'Asie et d'Afrique.»
Mais la concurrence vient également d'Europe alors que Roissy a perdu 3000 possibilités de correspondance en faveur d'Amsterdam Schiphol.
Roissy n'est plus que le 3ème hub européen en volume de trafic de correspondance.
Le rapport pointe aussi le manque de concurrence en France avec «un acteur majeur entouré de transporteurs de niche».
En Allemagne, on compte 3 compagnies d'envergure en sus de Lufthansa (TUIfly 4 avions,Air Berlin 100 avions et Condor 50 avions). Quant au Royaume-Uni, il compte 7 compagnies d'importance (Easyjet,Flybe, Jet2.com, Monarch, Thomas Cook, Thomson et Virgin).
Au final alors que le hub d'Amsterdam a pris des parts de marché, KLM a également fait d'importants efforts et est devenu plus profitable qu'Air France ces dernières années.
La dernière grève des pilotes d'Air France montre que le corporatisme dans le secteur aérien, comme à une époque dans le secteur maritime, pourrait finir par tuer le pavillon français tout comme le manque d'esprit concurrentiel.
Car au final ce n'est pas les compagnies étrangères qu'il faut blâmer (comme le prouve la situation du hub d'Amsterdam et de KLM) mais le manque d'adaptation du secteur français face à l'environnement européen et mondial en rapide évolution.
Du fait de la concurrence, Air France a d'ailleurs fait d'importants efforts dernièrement pour mettre à niveau son offre Business et Première au standards des meilleures compagnies mondiales.
De son côté, Airbus a prouvé que la concurrence n'était pas un frein, bien au contraire, mais un fort vecteur d'amélioration de ses produits et services.
Pour télécharger le rapport : http://www.brunoleroux.org/wp-content/uploads/2014/11/Rapport-de-Bruno-LE-ROUX-sur-la-competitivit%C3%A9-du-transport-aerien.pdf