A deux pas de New York, on trouve une vallée charmante où les riches milliardaires et hommes politiques américains venaient se reposer des affaires du monde. Dans la vallée de l'Hudson tout n'est que luxe, calme et volupté sauf quand quelques hippies décident d'y organiser l'un des plus grands festivals au monde...
Pour cette dernière matinée à New York, un tour à la librairie toute proche de Tower Record s’impose pour faire une provision des derniers essais d’auteurs américains. Bien évidemment comme dans tout voyage, le sort me joue un mauvais tour.
Peu après notre sortie de la librairie Sur notre chemin pour rentrer à l'hôtel de Time Square je constate que j’ai perdu ou que l’on m’a volé ma carte bleue ainsi que le ticket de parking.
Nous filons à l’hôtel un peu angoissés. Je bloque ma carte par téléphone et nous partons chercher notre voiture de location laissée à Jersey City.
L’affaire semble tout d’abord mal partie. En arrivant nous demandons à un employé comment régler les frais de parking sans la carte; Il nous regarde d'un air catastrophé et nous explique que l’on risque de payer pour un mois de parking soit plus 1000 dollars…
En arrivant au kiosque de sortie nous avons heureusement une excellente surprise : l’immatriculation avait été enregistrée par les caméras et nous payons le montant adéquat. Le progrès, ça a du bon parfois. Tout est bien qui finit bien.
Mais cette perte de carte bleue me causera un autre soucis. Le site web de paiement des péages d’autoroute de l'état de New York avait enregistré mon ancienne carte et il est impossible de la modifier. Je constate alors que le site des péages de l’état est plutôt mal conçu. Alors que la France veut mettre en place les flux libres pour les autoroutes : méfiance, cela complique souvent les choses.
En route pour Kinsgton dans l'état de New York, ancienne Wiltwyck
Nous partons pour Kingston où nous arrivons après un peu plus d’une heure trente de route. Nous avons choisi Kingston un peu à l’écart des circuits touristiques car c’est une bonne base pour explorer la région de la vallée de l’Hudson où nous serions bien resté plus longtemps.
Nous découvrons notre maison en bois typique du centre-ville. La maison est petite mais cosy et bien organisée avec une petite terrasse bien agréable pour prendre un verre ensemble soirée même si la gazinière des année 60 date un peu avec ses vieux becs à gaz. La ville parait bien tranquille après l’agitation de New York et l’ambiance rappelle celle du sud des Etats-Unis avec cette météo estivale.
Nous faisons quelques courses au supermarché local où nous achetons du bœuf nourri à l’herbe (rare à trouver en France) et passons une soirée tranquille.
Le lendemain matin nous partons à la découverte de la vieille ville que beaucoup peuvent ignorer car elle est située à l’écart de la ville nouvelle.
L’histoire de Kingston est ancienne. Les néerlandais furent les premiers à établir un comptoir ici pour commercer avec les indiens Lenape, Mohicans et les Esopus et leurs empreintes ont marqué la région avec de grandes familles comme celles de Pieter Stuyvesant ou des Vanderbilt.
Les néerlandais négocièrent l'achat de terres aux indiens et fondèrent Wiltwyck (l’ancienne ville de Kingston). Après quelques guerres avec les indiens Esopus, les nouveaux Pays-Bas furent cédés aux Anglais en 1664 et les relations s’apaisèrent entre les Esopus et les européens.
La vielle ville de Wiltwyck était l’une des plus grandes villes de la région avec Beverwyck (aujourd’hui Albany la capitale) et New Amsterdam devenue depuis New York.
En 1777 Kingston eu son heure de gloire : elle fut nommée la première capitale de l’Etat de New York. Mais cela fut très bref car les troupes anglaises occupèrent New York City puis vinrent se défouler à Kingston : la ville fut incendiée et dévastée.
On peut encore voir les vestiges du passé néerlandais comme la vielle église qui a été déclarée monument historique en 2008 : c’est la 6ème plus ancienne de tout les Etats-Unis. Elle est charmante avec son petit cimetière attenant.
Hormis les néerlandais des milliers d’irlandais ont émigré dans cette région au 19ème siècle comme ouvrier de carrière. La carrière California à Woodstock était l’une des plus grandes du pays. Les pierres des carrières du coin appelées bluestone servirent à construire l’expansion du canal du lac Erié, le pont de Brooklyn et même l’édifice de la capitale de l’Etat de New York.
En marchant dans les rues de la vieille ville de Kingston on a l’impression de faire un voyage dans le temps. Les façades de l’époque ont été conservées et l’ont peut y passer un agréable moment pour faire du shopping avec ses boutiques de vêtements chics, ses cafés, d’artistes. Un endroit parfait pour chiner en toute décontraction.
Woodstock: ville phare du mouvement hippie et de la pop culture
Mais la région offre bien plus que cela avec notamment ses étendues boisées dans les Catskills.
Elle est connue aussi dans le monde entier pour le fameux festival de Woodstock qui fut en fait organisé à White Lake hameau de la ville Bethel de la superbe région des Catskill. Le hippies avaient bien choisi leur endroit pour faire la fête. Le festival qui devait accueillir 50000 personnes en accueilli finalement plus de 500000. Pour la petite histoire il devait avoir lieu Woodstock mais a finalement été organisé dans le terrain d’une ferme laitière avec la promesse de n’accueillir qu’au maximum 50000 personnes!
Il faut à peine 20 minutes pour se rendre de Kingston à Woodstock via une route qui serpente dans la forêt : cette région est vraiment un paradis forestier.
La réputation de Woodstock comme centre de la culture hippie est toujours vivace : les boutiques colorées vendent de l’encens, des t-shirts bariolés et des disques de la grande époque du festival. Avant de faire du shopping nous prenons un café dans l’excellente boulangerie Bread Alone réputée pour ses pains à l’ancienne et pâtisseries maison.
Le patio est fréquenté par des touristes mais aussi par des cadres en télétravail concentrés sur leurs ordinateurs.
Woodstock invite à la flânerie avec ses boutiques toute plus originales les unes que les autres.
Nous avons particulièrement apprécié le magasin de guitares Strawberry Fields, la cadre bucolique de Tinker Taco ou la boutique Happylife qui vend de nombreux objets très originaux inspirés de la vague hippie. Le boutique située au 59 Tinder street est à l’emplacement de ancien café Espresso où Bob Dylan avait l’habitude de venir. C’est ici qu’il aurait écrit des tubes célèbres comme Subterranean Homesick, Tambourine Man, It Ain’t me…
Nous rentrons à Kingston où nous déjeunons rapidement d’un pavé de saumon sauvage avant de reprendre la route pour l’un des moments fort de ce voyage. Le duo saumon sauvage/boeuf nourri à l’herbe nous suivra tout au long de notre voyage de même que nos courses dans les supermarchés bio plutôt rares mais très bien achalandés. Autant profiter des meilleurs produits locaux.
Les Vanderbilt : une famille qui a marqué le capitalisme américain
La vallée de l’Hudson a été traditionnellement une région de villégiature pour les riches new-yorkais qui appréciaient la beauté de la région. Ici tout n’est que calme, luxe et volupté.
On ne peut qu’être d’accord avec eux en découvrant pour la première fois la Vanderbilt Mansion, une merveille d’architecture néoclassique. Cette villa s’étend dans une immense parc qui surplombe la vallée de l’Hudson avec des vues sans pareille.
Nous prenons un ticket à l’accueil et nous sommes pris en charge peu après par un guide qui nous dévoilera tous les secrets de la famille et cette demeure d’exception. La famille Van Der Bilt a joué un grand rôle dans l’histoire des Etats-Unis et ses origines remontent au village De Bilt dans la province d’Utrecht aux Pays-Bas comme son nom l’indique. Cornelius Vanderbilt fut d’abord un armateur (classique pour un néerlandais) avant de construire un empire ferroviaire aux Etats-Unis. Il fut l’homme le plus riche des Etats-Unis jusqu’à sa mort en 1877 comme son fils William Henry. Cornelius prit des participations dans plusieurs lignes de chemin de fer et racheta la ligne New York Harlem au départ de Grand Central puis celle de l’Hudson River, Lake Shore dans le Michigan…
C’est lui qui construisit la magnifique gare de Grand Central à New York. A sa mort sa fortune était estimé à 105 million de l’époque soit 3 milliards de 2023. La demeure est une parfaite icône du Gilded Age, cet âge d’or où les Etats-Unis ont connu une croissance exponentielle à partir de la fin de la guerre civile.
Frederick qui possédait cette maison était l’un des petits-fils de Cornelius et dirigeait 22 réseaux ferroviaires.
C’est dans cette maison qu’il vécut ses derniers instants entourés de ses objets précieux rapportés de toute l’Europe ou du monde comme ses tapisseries des Médicis, ses immenses tapis persans, ses imposantes céramiques chinoises de la Dynastie Ming, ses plafonds peints importés de châteaux européens, sa librairie aux 400 ouvrages ou ses peintures d’Edward Emerson Simmons.
La maison disposait de critères de confort inédit pour l’époque avec l’électricité venue d’un générateur de la Crue Elbow Creek, son ascenceur électrique ou son chauffage central à base de four à charbon. La maison comprenait également des salles de bains et 60 servants étaient attachés à ses services. L’ensemble du sous-sol était réservé au personnel avec sa grande cuisine, ses chambres, son cellier, sa salle de glace…
Avec ses 4180 M2 elle était cependant modeste par rapport à très nombreuses possessions de la famille comme celle de Biltmore à Asheville en Caroline du Nord.
Mais les Vanderbilt n’ont pas été les seuls à apprécier la région. On peut aussi y visiter Kykuit la demeure de plusieurs génération de Rockefeller bâtie par John D. En 1906 pour son père le fondateur de la Standard Oil qui deviendra l’homme le plus riche du monde grâce au pétrole.
Toutes la haute bourgeoisie américaine des affaires semble s’être donnée rendez-vous ici comme J.P. Morgan le fondateur de la banque éponyme , Andrew Carnegie, Jay Gould.
Ces personnes du monde de la banque, de la sidérurgie, des transports ou du pétrole accumulèrent des fortunes impressionnantes.
Au contraire de l’ancienne immigration néerlandaise qui possédait surtout des biens fonciers ou des commerces ils érigèrent des grandes entreprises de taille mondiale et s’inspirèrent des châteaux européens pour ériger leurs petits palais.
Certains rejetons de ces riches familles n’hésitèrent pas d’ailleurs à se marier à de grande familles aristocratiques européennes.
A une dizaine de minutes en voiture de la maison Vanderbilt se trouve un autre lieu à ne manquer qui raconte une autre période bien agitée de l’histoire des Etats-Unis.
Franklin D. Roosevelt le président aux 4 mandats
La demeure familiale Franklin D. Roosevelt l’un des présidents qui a le plus marqué l’histoire du pays s’étend sur un vaste terrain arboré.
On y trouve sa maison de famille (voir photo ci-dessous) et un excellent musée qui décrit en détail le parcours de cet homme d’exception.
Malgré son handicap (une poliomyélite ou plus probablement un syndrome de Guillan-Barré qui paralysa ses jambes) a réussi à être diplômé d’Harvard, gouverneur de New York, à échapper à une tentative d’assassinat en 1933, à combattre la grande dépression et à gagner la seconde guerre mondiale. Il fut le seul président américain à avoir été élu pour plus de deux mandats soit 4 au total. Il mourut juste après à la fin de la guerre et est enterré dans un petit cimetière émouvant au milieu du domaine.
Il fut l’initiateur du New Deal et de la reprise économique via des influx d’argent et de grands travaux publics et déclara la guerre au Japon suite à l’attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1944. On trouve dans le musée des documents très intéressants comme une lettre de Roosevelt demandant plus d'aide pour la Russie face à l'opération allemande Barbarossa ainsi que la lettre de déclaration de guerre au Japon.
Le musée montre de nombreux effets personnels du président comme des objets liés au soins de sa maladie ou les subterfuges utilisés pour se tenir debout lorsqu’il montait sur scène. Les premier symptômes de sa maladie apparurent en août 1921 lors de vacances sur l’île de Campobello dans le New Brunswick. Il fut totalement paralysé au niveau de la partie du corps située sous les hanches. Un destin d’exception pour un homme exceptionnel.
On peut facilement se perdre une journée entière dans ce site tellement il est intéressant. Après ces visites nostalgiques nous quittons la vallée de l’Hudson avec beaucoup de regret pour faire cap au nord dans un lieu de villégiature très chic à la frontière entre les Etats-Unis et le Canada…