Va-t-on écouter le Sénat? Son dernier rapport sur l’énergie rédigé de manière bipartisme semble être de bon sens…même 'il ne vas pas au bout de son raisonnement sur le coût réel total des énergies intermittentes.
La décision e sortir du nucléaire par le gouvernement Hollande a fait beaucoup de mal pour le marché de l’énergie français. Heureusement depuis le cap a été changé et devrait s’accélérer comme le note le Sénat dans son dernier rapport. Le rapport estime « qu’une relance ambitieuse et durable de la filière nucléaire est incontournable » tout en s’accompagnant d’un déploiement ambitieux mais réaliste de capacités renouvelables.
Dans ce domaine le Sénat joue sur l’ambiguïté. Il demande des investissements dans le nucléaire mais aussi dans les renouvelables tout en reconnaissant que les méthodes de comparaison des filières électriques souffrent de « lacune majeure ».
On ne prend pas en compte le coût de raccord ou le coût de gestion du réseau pour les énergies intermittentes
« Elles ne prennent pas en compte les « coûts systèmes », c’est-à-dire les coûts supplémentaires induits par chacune des filières pour le système électrique dans son ensemble (réseaux, flexibilités, besoins de moyens de production de secours, etc.). En prenant en compte ces « coûts systèmes », plus les scénarios de mix électriques comportent une part significative d’éolien et de photovoltaïque, plus le coût de production moyen du système est élevé (coûts supplémentaires pour des scénarios 100 % renouvelables estimés par RTE à 200 milliards € jusqu’en 2060). Cela s’explique par l’intermittence de ces modes de production et leur caractère diffus qui exigent une multiplication des raccordements au réseau ».
En résumé plus le mix avec des renouvelable est élevé, plus coût de production moyen est élevé : alors pourquoi est-ce utile d’investir dans les renouvelables comme l’expliquait Loïc le Floch-Prigent dans uen interview à notre magazine?
Est-ce par dogmatisme ou pour plaire à l’UE?
L'UE veut la concurrence dans l’hydraulique, elle ne semble pas utile
L’UE encore vient semer la pagaille dans notre énergie hydraulique en imposant la concurrence alors que ce secteur n’en profiterait pas ou peu : les barrages sont étroitement liés à EDF et au réseau pour s'adapter à la production d'EDF. « Après avoir assuré, en 2008, à la Commission européenne qu’elles procéderaient à une mise en concurrence des concessions arrivées à échéance, les autorités françaises ont refusé cette option.La Commission européenne a mis en demeure la France, en 2015 et 2019, de mettre fin à cette situation ». Encore un dogmatisme de l’UE qui pénalise notre système énergétique. Le rapport s’accorde sur la construction de 14 nouveaux réacteurs, propose de prolonger la vie des réacteurs au delà de 60 ans et demande la relance de la filière à Neutrons rapides alors que les recherches ont été bloquées en 2018 via l’arrêt du programme Astrid « dans le cadre de décisions politiques à courte vue ». Une critique forte.
Le Sénat souhaiterait aussi alléger les factures des consommateurs mais est-ce un vœux pieu car depuis 5 ans rien n’a été fait? Le rapport propose de mettre en place un contrat de différence afin de réguler le prix de l’électricité pour qu’il atteigne 60 à 65 Euros par MWh soit une économie annuelle de 300 euros pour un foyer moyen.
Il faut réduire la fiscalité pour la consommation de base d'électricité : c'est un produit essentiel pour les français
Le Sénat propose également de réduire la fiscalité via 3 mesures. Le tarif d’accise serait réduit de 21 euros par MWh aujourd’hui à 9,5 euros par MWh pour les volumes de consommation de base, calculés sur une base annuelle, inférieurs à 4,5 MWh pour un foyer qui n’est pas chauffé à l’électricité et à 6 MWh pour un foyer chauffé à l’électricité. La TVA serait réduite de 5,5% pour les volumes de consommation annuels situés sous les seuils de : 4,5 MWh pour un foyer qui n’est pas chauffé à l’électricité ; 6 MWh pour ceux chauffés à l’électricité. Il propose également de substituer une dotation budgétaire à la contribution tarifaire d’acheminement « dont le financement n’a pas à reposer sur les consommateurs ».
En prenant comme référence les tarifs d’électricité moyens observés en 2024 la conjonction de ces deux ensembles de dispositifs permettrait des baisses de prix structurelles équivalentes à :
- près de 7 000 euros sur la facture annuelle d’un boulanger qui consomme en moyenne 99 MWh par an ;
- plus de 600 euros sur la facture annuelle d’un ménage qui consomme en moyenne 6 MWh par an.
Ces mesures de bon sens seraient à voter urgemment, le prix de l’électricité ayant atteint des niveaux insupportables pour de nombreux foyers et entreprises.
Quant aux énergies renouvelables on reste sur sa faim.
Le rapport constate une sous-estimation de leur coût notamment par la nécessité d’investir dans les réseau pour les connecter mais note qu’il faut tout de même y investir.
On reste dans le nini dans ce domaine sans doute pour se conformer aux choix de Bruxelles même s’il ne sont pas très cohérent pour un pays avec un mix principal de nucléaire et d’hydroélectricité. Sur l’éolien terrestre les derniers appels d’offre montrent un coût moyen de 90 euros par MWh soit plus que le nucléaire historique voire même des nouvelles centrales. Idem pour le solaire où la moyenne des appels d’offre se situe entre 80 et 90 euros par MWh en 2022 et 2023. Ces prix ne comprennent pas de plus les coûts de raccordement au réseau et de gestion de l’intermittence.
Le Sénat ne propose pas d’ailleurs d’étude comparative prenant en compte les coûts totaux des différentes technologies incluant les investissements réseaux nécessaires ce qui serait la base pour prendre des décisions et investir plus ou moins dans les énergies intermittentes. Ce pourrait sans doute être le thème d’un futur rapport du Sénat : quel est le coût réel total des énergies intermittentes? Leur intermittence étant très pénalisante pour un réseau électrique. La Suède vient d'ailleurs de refuser une nouvelle interconnexion avec l'Allemagne où les prix de l'électricité font du yoyo en fonction du vent et du soleil...« Les congestions sont ainsi plus fréquentes dans les scénarios à forte part en énergies renouvelables » précise le rapport.
Mais ce qu'il faut retenir c'est avant tout que « plus les scénarios de mix de long terme intègrent une part élevée de production renouvelable intermittente, plus ils sont coûteux ». Bizarrement on en parle peu dans la presse et personne ne remet en cause ce dogme du pacte vert de l'UE.
Lire le rapport complet du Sénat très documenté: https://www.senat.fr/rap/r23-714-1/r23-714-11.pdf