Les possibles irrégularités lors de la récente élection présidentielle sèment le doute sur le pouvoir socialiste en place. L’économie du pays a plongé ces dernières années…
De nombreux pays ont refusé de reconnaitre la victoire de Maduro le 28 juillet. D’importantes manifestations ont été réprimées par le pouvoir ce qui a conduit à la mort de plus d’une douzaine de personnes.
Selon CNN, « une importante figure de l’opposition aurait même été kidnappée ».
Selon Maria Cortina Machado, le candidat de l’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia aurait cumulé environ 70% des votes.
L'opposition a publié les données des résultats par région (voir https://resultadosconvzla.com/).
Pourtant le régime a annoncé une victoire de 51% pour Maduro. Maria Cortina Machado avait été interdite de concourir aux élections quelques temps avant par le pouvoir en place.
Des élections non démocratiques?
Selon le Carter Center américain l’élection « n’a pas répondu aux électoraux d’intégrité et ne peut pas être considérée comme démocratique ».
Le gouvernement américain étudie de ce fait de nouvelles sanctions concernant les individus liés à ces élections.
Alors que le Venezuela est cité comme une source d’inspiration par certaines formations politiques de gauche françaises quel est l’état de l’économie vénézuélienne aujourd’hui?
Tout d’abord l’économie dépend en grande partie des ressources du pétrole.
Alors que le pays est très riche en pétrole la plupart des habitants sont très pauvres
Mais alors que le Venéezuela produisait 3,5 millions de barils de pétrole par jour il y a 15-20 ans il n’en produit plus qu’un million par jour du fait du manque d’investissements.
La criminalité et à la corruption qui gangrènent le pays contribuent également à réduire la production.
Récemment 5 des 17 usines de production de pétrole ont été paralysées du fait de gangs détournant du pétrole des pipelines. On estime ainsi que dans l’état de Bolivar 30% du pétrole destiné à cette région est volé. La nationalisation de l’industrie en 2000 par Chavez a conduit à un manque de transparence qui se poursuit sous Maduro. Rafael Ramírez ancien ministre du pétrole a été accusé de détournement pour des sommes faramineuses: 11 milliards de dollars. Ses successeurs Eulogio Del Pino et Nelson Martínez ont également été accusés de corruption.
Le PIB de l'économie a décru de plus de 70% depuis 2013. Pour compenser cette baisse de l’économie le gouvernement Maduro a imprimé de l’argent ce qui a conduit à des taux d’inflation ridiculement élevés comme les 400000% enregistrés en 2019.
Le pays connait une hyperinflation depuis 2013 avec l'arrivée de Maduro au pouvoir, un syndicaliste, et même si l’inflation a baissé ces derniers mois, elle devrait atteindre tout de même 50% en 2024.
Paradoxalement ceux qui ont accès au Dollar sont les riches aujourd’hui au Venezuela et ceux qui sont payés en bolívars ont du mal à joindre les deux bouts.
Selon le cabinet Ecoanalitica 65% des vénézuéliens gagnent moins de 100 dollars par mois. Pourtant le Centro de Documentación y Análisis Social de la Federación Venezolana de Maestros estime qu’il faut 100 dollars par mois pour couvrir les frais alimentaire pour chaque personne. Ceux qui profitent sont ceux qui sont proches du régime.
On estime que seulement 8 à 9 millions d’habitants sur 28 sont consommateurs et ont donc du pouvoir d’achat. Le bilan : en 1989 le PIB par habitant au Venezuela était le même que celui de la Corée du Sud il est aujourd’hui 8 fois moins élevé.
En 1989, le Venezuela avait le même PIB par habitant que la Corée du Sud. Il est 8 fois plus faible aujourd’hui. Et en 1980, le Venezuela était
En 1989, le Venezuéla avait le même PIB par habitant que la Corée du Sud.
— Cobra effect (@Cobra_FX_) July 30, 2024
Il est 8 fois plus faible aujourd’hui. pic.twitter.com/hBOoUgs3Sb
Et en 1980, le Venezuela avait le PIB par habitant le plus élevé d'Amérique Latine, il est aujourd'hui l'un des plus bas du continent et bien inférieur à son voisin colombien qui ne possède pas pourtant les immenses réserves de pétrole du Venezuela.
Un article de la Revue d'économie financière résume bien le problème du Vénézuela, un programme socialiste que certains voudraient importer en France.
« Le modèle économique chaviste, initié par Hugo Chavez en 2003 et poursuivi par Nicolas Maduro depuis 2013, repose sur une intervention forte de l’État dans l’économie, des dépenses publiques massives et de nombreux programmes sociaux, dans le but de créer un « paradis social » (Weisbrot et Sandoval, 2007). L’administration Chavez a nationalisé une partie importante de l’économie, a mis en place des contrôles des prix et des changes et a subventionné les importations. Cela a conduit à l’affaiblissement du tissu productif local et à la substitution de la production interne par des importations. Pour acheter la paix sociale, les gouvernements Chavez et Maduro ont augmenté le salaire minimum trente-deux fois entre 1999 et 2016, en renforçant la spirale inflationniste prix-salaires (FMI, 2008) ».
Les gouvernements de gauche qui se sont succédés sous Chavez et Maduro ont donc réussi à rendre pauvre un pays qui détient la 2ème plus grande réserve de pétrole au monde: il fallait le faire! Il à noter que le décrochage est particulièrement fort depuis l'arrivée de Maduro au pouvoir en 2013.
Il y a plus de 60 ans le Vénézuela était la 4ème économie mondiale avec une devise parmi les plus fortes derrière le Dollar. La situation au Vénézuela est un avertissement pour tous ceux qui souhaiteraient entrainer les français sur le même chemin que celui du Vénézuela.