Cette semaine nous vous invitons en voyage dans les Finger Lakes une région méconnue de l'état de New York et qui se distingue par ses paysages bucoliques et l'eau azur de ses lacs qui s'étirent comme les doigts d'une main...
Partie 2 : Road Trip dans les Finger Lakes
Si le paradis existe nous pourrions l'avoir trouvé dans la campagne des Finger Lakes dans les collines bordant le lac Canandaigua.
Notre séjour dans cet Airbnb est l’un des meilleurs que nous ayons eu aux Etats-Unis et dans le top 10 mondial.
Déjà les hôtes nous ont accueilli à notre arrivée ce qui devient rare aujourd’hui alors que les boites à clés sont devenues monnaie courante. Airbnb s'est éloigné de ses préceptes initiaux, les professionnels de l'immobilier locatif utilisant de pus en plus cette plate-forme.
Mickael et Tricia ont su créer un petit paradis dans cette région idyllique. Nous occupons le premier étage de cette maison tout en bois au charme intemporel. Il y a même un baby foot dans le salon et différents paquets de chips, apéritifs comme amuse-gueules, de nombreux jeux de société et une petite bibliothèque.
Les fenêtres de l’appartement donnent sur la campagne vallonnée parée de centaines de fleurs sauvages. La région était peuplée depuis longtemps par les indiens Seneca qui en faisait leur terrain de chasse. Ils ont donné le nom de leur village Ganandogan à la charmante petite ville voisine Canandaigua dont nous décidons de partir à la découverte.
Nous tentons vainement de changer nos dollars dans la banque locale qui n'offre malheureusement pas ce service : nous devrons nous rendre à Rochester pour cela.
La banque n’a pas changé depuis l’époque du far-west avec ses vieux lustres du XIXème siècle et ses comptoirs d’époque : elle vaut le coup d’œil par son ambiance surannée.
Nous prenons un café en terrasse au North Star Café sur Main Street où l’expresso est excellent et tâtons le pouls de la ville. Quelques couples déambulent tranquillement sous le soleil de cette fin d'été.
On est ici loin des grandes villes américains où les terrasses de restaurant sont rares et où l'automobile est reine : il règne à Canandaigua une atmosphère hors du temps.
La ville semble relativement peu touristique un peu oubliée des circuits même si elle est animée : des concerts sont organisés certains soir de la semaine près de l’Office de tourisme où nous rendons pour avoir plus d' informations sur région. La charmante hôtesse, très bavarde, nous parle des nombreuses possibilités de la région : sentiers avec vue sur les lacs, pistes cyclables, pêche et baignade.
Je lui explique que j'ai l’impression de retrouver un peu de la sérénité des pays nordiques dans la région et ce qui s'explique quand je lui demande ses origines et l'histoire de la région. « Ma famille est d’origine allemande comme beaucoup d’immigrés venant d’Allemagne ou du nord de l’Europe » m’explique-t-elle. Cela se voit dans l'architecture locale et la disposition des fermes qui parsèment la campagne.
La région des Finger Lakes est composée de 11 lacs qui s’étendent finement du nord au sud comme les doigts d’une main et le lac de Canandaigua est particulièrement réputé pour ses eaux claires.
Nous partons à pied explorer les abords du lac qui sont très bien entretenus : summum du confort, le parc qui longe le lac est équipé de chaises à bascule pour admirer le paysage. Une société loue des kayaks et une portion de plage payante est ouverte à la baignade. L’endroit semble vraiment paradisiaque d'autant que pour les français la région présente de sérieux atouts. Les Finger Lakes sont la deuxième région viticole des Etats-Unis après la Californie!
Leurs rives bénéficient en effet d’un micro-climat adapté aux vignes. Le Canandaigua Lake wine Trail permet ainsi de relier à pied les différents « châteaux » de la région comme Arbor Hill, Hazlit Red Cet Cellars, Heron Hill, Inspire Moore ou Song Hill.
Après des courses au supermarché local nous mangeons rapidement pour nous diriger vers Rochester, la capitale de la région.
La ville a connu une grande croissance économique grâce à la création au canal Erié qui a permis de relier les grands lacs canadiens et le Saint Laurent à la vallée de l'Hudson et à New York. La ville a su se développer au delà des commerces pour devenir un centre industriel d’importance avec le siège de sociétés phares de l’économie américaine comme Bausch&Lomb, Xerox ou Kodak.
L’entrée dans la ville impressionne avec ses nombreuses maisons rutilantes entourées de superbes parcs arborés. Il faut dire que nous sommes dans la zone bourgeoise de la ville où l’on trouve notamment l’ancienne maison de George Kodak. Le musée Eastman Kodak est très intéressant. Il propose des expositions temporaires sur le thème de la photographie.
Durant notre visite nous avons pu admirer une collection d’affiches de films mettant en avant de nombreux films français, européens...
ainsi qu’une exposition présentant parmi une série d’appareil-photos de collection.
Les photos valaient aussi le coup d'oeil, certaines parmi les plus anciennes au monde et d'autres emblématiques comme celle présentant Reagan et Gorbatchev.
Le musée abrite également un bar-restaurant agréable avec vue sur le jardin mais le clou de la visite est sans doute la maison d’Eastman Kodak adjacente au musée.
Le salon avec sa tête d’éléphant qui trône en hauteur et son orgue des années 20 est somptueux de même que toutes les autres pièces.
La sculpture a été inspirée d’une photo fournie par Kodak à Francis Bacon.
L'histoire de George Eastman n'est pas banale. En 1888 Kodak invente le premier appareil-photo dédié aux particuliers et révolutionne la photographie en la simplifiant.
Les clients ont juste à acheter l’appareil équipée d'un pellicule. Une fois les photos prises, ils l’envoient à Kodak qui se charge du développement des pellicules et en insère une nouvelle puis réexpédie l’appareil.
Une idée simple mais qui va permettre à George Eastman de démocratiser la photographie et accessoirement de faire fortune.
En 1896 l’entreprise développe un papier photo dédié à l’imagerie médicale un an après l’invention des rayons X et en 1935 l’entreprise invente la pellicule couleur Kodachrome qui deviendra un standard mondial. On peut d'ailleurs voir actuellement à l'entrée du musée une photo en couleur du Macchu Picchu issu de la campagne publicitaire Colorama, l'une des plus longues du XXème siècle, qui visait à vanter la brillance des photos couleurs.
Contrairement à ce que l'on pense, ce n’est pas le numérique qui a tué l’entreprise Kodak puisque l’entreprise a inventé le premier appareil-photo numérique en 1975 grâce à l’ingénieur Steeven Sasson.
L’entreprise na pas investi dans le numérique car elle a voulu préserver son principal marché, l’argentique. Elle était alors leader mondial dans la vente d’appareil photo et de pellicules voire même en situation de quasi monopole au début des années 70.
Elle se fera distancer dans les années 90 par Canon et Nikon qui au contraire parient sur le numérique et même Fuji son principal concurrent dans le domaine des pellicules qui est toujours bien présent sur le marché des appareil-photos numériques.
« A mes amis : mon travail est fait. Pourquoi attendre? »
George Eastman le fondateur de la compagnie n’aura pas le temps de voir le déclin de son empire puisqu’il mourra en 1932 à une époque où l’entreprise est en plein essor.
Il sera courageux jusqu’au bout car il souffrit d’une maladie rare très invalidante. Le 14 mars 1932 il se tire une balle dans le coeur et laisse ce message poignant : « à mes amis, mon travail est fait. Pourquoi attendre? ».
Hormis ses inventions qui révolutionnèrent la Photographie George Kodak est un exemple pour de nombreux chefs d’entreprises. Il a su conjuguer intelligence, business et philanthropie. Il a légué une très grande partie de sa fortune à l’enseignement à environ 30 universités, institutions dans le monde notamment au Rochester Institute of Technology et au célèbre MIT : il estimait que l’enseignement était primordial. On estime qu’il a donné environ 75% de sa fortune soit 3,25 milliards de dollars d’aujourd’hui et fait partie des 5 plus grands philanthropes des Etats-Unis.
Après une visite dans ce musée on ne peut que trouver le personnage d'Eastman Kodak très inspirant.
Rochester et ses mini chutes du Niagara
Après cette pause culturelle nous nous rendons au centre-ville de Rochester pour voir les mini chutes du Niagara : bien plus modestes mais qui font tout de même 30 mètres de hauteur.
Le chemin qui longe la rivière Genesee est très agréable et ombragé. Sa vallée très fertile a joué un grand rôle dans le développement économique de la ville. Hormis ses industries Rochester est aussi réputée pour avoir joué un grand rôle dans l'histoire des Etats-Unis pour l'abolition de l'esclavage et le droit des femmes. Grâce à George Eastman, encore, elle est aussi connue pour sa scène musicale avec son école de musique l'Eastman Shcoll of Music et son festival de jazz.
Nous nous installons dans la brasserie Genesse au bord de l'eau à l’ambiance bien américaine et qui offre une belle vue sur les chutes.
Nous nous asseyons au bar sur les rares tabourets libres et commandons un plat de Chicken Wings à la serveuse dont les cheveux blonds et les yeux bleus pourraient nous faire croire que nous trouvons sous les latitudes scandinaves.
Notre apéritif de Chicken Wings s'avère bien copieux que prévu avec une portion à l'américain pour le moins rassasiante. Nous le dégustons accompagné d’un petit verre de la bière locale.
La brasserie a été fondée par des immigrés allemands et est très populaire comme le quartier autour. Il était composé auparavant d'entrepôts comemrciaux de briques rouges comme la brasserie.
Suite à un programme de rénovation ils ont été totalement transformés pour abriter aujourd’hui des restaurants et galeries d’art.
Nous quittons avec regret Rochester sans avoir le temps de visiter à quelques kilomètres le Genesse Country Village où l’on peut se promener sur une vaste zone parmi un village et des bâtiments du XIXème siècle. Dans les bâtiments des employés en tenue d’époque montrent les savoir-faites des immigrés de l’époque :un mini Disneyland historique.
Nous rentrons pour notre dernière soirée à Canandaigua avec regret.
Les paysages splendides des Finger Lakes
Le lendemain c’est la grand départ pour New York : nous faisons un petit détour par la Canandaigua Vista Nature Preserve pour admirer une dernière fois les paysages bucoliques des Finger Lakes et ses prairies fleuries.
Notre route longe ensuite le lac et offre de superbes panoramas sur ses rives enchanteresses et peu peuplées : on est bien loin de l'idée que l'on peut se faire de l'état de New York.
Nous conduisons pendant de longues heures jusqu’à New York entourés de paysages de forêts et de campagne verdoyante.
Nous faisons une petite halte dans un Dinner typique recouvert d’aluminium qui sert une omelette excellente mais roborative. Dans ce dinner on trouve quelques couples âgées et des amies venues manger pour leur pause de travail. La décoration est simple tout comme le style des clients et le services est efficace.
La forêt défile sous nos yeux pendant des kilomètres et je me demande bien si nous allons dans la bonne direction, vers l'une des plus grandes mégalopoles du monde.
Ce n’est qu’environ 20 kilomètres avant New York que nous commençons à voir un semblant de banlieue et quelques immeubles au loin.
Je n’aurais jamais pensé que la ville de New York était autant entourée de verdure. Les habitants ont bien de la chance d'avoir de grands espaces si près de chez eux. Nous entrons dans la banlieue de New York sans rencontrer le moindre embouteillage, ce qui est sans doute le grand intérêt d'y venir en août et allons nous garer dans un parking local. A nous New York!