Daniel Rondeau, l’ancien ambassadeur de France à Malte, vient de publier un livre savoureux, ode au bonheur et à «Malte la généreuse», titre de son dernier ouvrage: Malta Hanina.
Malte a été à la croisée de nombreux destins.
Les chevaliers de Saint Jean y ont élus domicile après avoir été chassés du Moyen-Orient suite aux croisades, le Commandant Cousteau y a trouvé sa Calypso et c’est depuis ce bout de rocher perdu dans la Méditerranée que Napoléon est parti à la conquête de l’Egypte.
«Malte a tenu tous les rôles du théâtre méditerranée. Sous son masque de pierre, dans ses robes de soleil et de mer, elle fut la convoité, l’oubliée, la disputée, la cruelle, la fervente, la débauchée, l’île refuge, l’île citadelle, l’île prison, plate-forme pour tous les commerces et pour la guerre».
Le 26 octobre 1530, VIlliers de l’Isle-Adam, un français accompagnés de ses chevaliers entre dans Grand Harbour grâce à Charles Quint, suzerain de Sicile.
Ce dernier a octroyé Malte aux chevaliers à condition qu’ils présentent chaque année, «un faucon chaperonné de soie, portant sonnettes d’or et bagué de vervelles aux armes impériales», le fameux faucon maltais.
Après une histoire tumultueuse et de nombreux sièges de l’armée turque, l’île devient française avec l’arrivée puis le départ rapide de Napoléon avant d’être sous le joug des anglais jusqu’en 1964.
Mais notre beau pays a laissé de nombreuses traces à Malte: nombre de chevaliers de l’ordre de Malte étant en effet originaire de l’hexagone.
Aujourd’hui les temps ont changé: ce ne sont plus des chevaliers mais les boat people africains qui abordent l’île.
Ils fuient le continent noir meurtri à la recherche d’une nouvelle vie.
Daniel Rondeau a été le témoin de ces drames ainsi que du printemps arabe: l’île étant le point de ravitaillement des mirages français partis aider les révolutionnaires du printemps arabes…
Mais plutôt qu’un livre d’histoire ou d’anecdotes sur Malte, Malta Hanina est avant tout une ode au plaisir et aux petits instants de bonheur volés sur l’île par Daniel Rondeau comme des après-midi à Marsalform, «un port minuscule aux eaux transparentes» ou à Ta’Cenc «où des flots de lumière déferlent d’une source éblouissante sur le miroir des eaux».
L’amour et la sensualité sont aussi au rendez-vous grâce à la mystérieuse N., «qui s’approcha de mon coeur avec ses talons blancs» ou aux jeunes Carmen maltaises «aux étoile d’encre et jupes extracourtes qui se jettent dans les bacchanales de Paceville».
Au final Malta Hanina, vous donnera sans doute l’envie de visiter Malte mais surtout l’envie de vivre pleinement le temps qu’ils nous est accordé.
Comme le souligne Michel Serres, un ami de Daniel Rondeau:
«Quand j’étais enfant, l’Europe était en grande partie agricole et une vie d’homme durait moins de quarante ans. Aujourd’hui ces deux paramètres fondamentaux ont changé radicalement. Nous vivons non pas un changement d’époque mais un changement d’ère.»?
P.S: Daniel Rondeau est un ambassadeur hors norme pour qui la diplomatie n’était pas prévue dans son parcours. Un coup de fil de Bernard Kouchner l’entraîna au ministère des affaires étrangères en tant qu’ambassadeur à Malte. Il est aujourd’hui ambassadeur de France auprès de l’UNESCO.
Malta Hanina est édité chez Grasset au tarif public de 18,50 euros TTC. A lire aussi The Shield and The Sword d'Ernle Bradford sur l'histoire des chevaliers de Saint Jean édité chez Pinguin.