Qu'est-ce qui justifie des dépenses publiques plus élevées en France qu'en Allemagne ou dans la zone euro? Un faible taux d'emploi et des retraites très généreuses notamment au niveau du secteur public...
Sous la plume de Patrick Artus, Natixis s'est penché sur les causes du trop plein de dépenses publiques en France et plusieurs causes ont été identifiées.
Tout d'abord il y a un problème dans al manière dont a été faite la dernière réforme des retraites en repoussant l'âge de départ. Car en France le taux d'emploi des 60-64 et des 65-69 ans est très bas comparativement à l'Allemagne. Si l'on ne résout pas ce problème de l'emploi des seniors avant de faire une réforme cela ne changera rien : les personnes de plus de 60 ans au chômage seront indemnisées ou seront mises au RSA par l'Etat. Cela coûtera cher à l'état français. Il faudrait donc renforcer considérablement l'emploi des seniors dans les entreprises ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui alors qu'en France beaucoup de seniors sont mis au placard contrairement à l'Allemagne ou aux pays scandinaves.
En Allemagne le taux d'emploi des 60-64 ans dépasse les 60% contre moins de 40% pour la France et le taux d'emploi des 65-69 ans est légèrement inférieur à 20% en Allemagne contre 10% pour la France.
Par ailleurs du fait d'aides sociales généreuses, les salariés au SMIC sont parfois peu incités à travailler en France. Le taux d'emploi de l'ensemble de la population est très faible comparativement à l'Allemagne. Le taux d'emploi des 15-64 ans est proche de 77,5% en Allemagne contre environ 68% en France: ce différentiel est inexplicable au regard de la taille des deux économies. Et cela coûte très cher au système des retraites français puisque les cotisations des salariés paient les retraites.
Si le taux d’emploi était le même en France qu’en Allemagne, à niveau de dépenses publiques inchangé, le poids des dépenses publiques dans le PIB descendrait à 51 % en France, contre 48 % en Allemagne note Natixis.
La priorité de tout programme économique aurait donc du être d'augmenter le taux d'emplois des seniors mais aussi de la population générale avant d'effectuer toute réforme des retraites. Il faudrait notamment que le fait de travailler soit mieux récompensé par rapport aux aides possibles si l'on ne travaille pas d'où le problème épineux du RSA et des multiples aides qui peuvent se greffer pour atteindre un salaire proche du SMIC.
Le poids des dépenses publiques de santé est également plus élevé en France qu'en Allemagne de l'ordre de 9% du PIB contre 8,5% en France. Un différentiel peu élevé qui se justifie par la qualité du système de soin français. On voit que ce domaine n'est pas la priorité si l'on veut réduire les dépenses. Les dépenses d'éducation sont également 1 point plus élevées que l'Allemagne (5% en France contre 4,5% : il y aurai tune légère marge d'amélioration mais l'on voit que cela n'est pas non plus une importante priorité. Les dépenses familiales sont également plus importantes mais d'un pue moins d'un point de PIB ce qui semble logique. La France est bien mieux placée que l'Allemagne en terme de natalité et cet argent semble bien dépensé. Par contre pour le logement les dépenses sont bien plus importantes en France qu'en Allemagne ce qui n'est pas forcément justifié d'autant que les aides à la rénovation lancées ces dernières années coûtent très cher pour des résultats peu flagrants. Rappelons qu'une étude anglaise a montré que la rénovation énergétique des bâtiments n'apportait que peu de gain, les locataires ayant tendance à augmenter la température pour plus de confort au même prix après rénovation. Les dépenses de subventions aux entreprise sont quasi équivalentes en France qu'en Allemagne et les dépenses de défense sont plus élevées en France ce qui est logique notre pays possédant la première armée de l'UE.
Hormis le taux d'emploi de la population il es un autre domaine qui devrait être prioritaire: celui des retraites. D'ailleurs pas tant en terme d'âge de départ comme on l'entend souvent (sauf dans le public mais en terme d'égalité).
Les dépenses publiques de retraite atteignent 13% du PIB en France contre 10% en Allemagne et en Union Européenne soit 3 points de plus.
Ces dépenses viennent surtout d'un âge précoce de départ à la retraite et d'un niveau élevé de dépenses par retraité de l'ordre de 19500 euros en France contre 18000 en Allemagne et en UE.
On voit que les causes du niveau élevé des dépenses de retraite en France sont la faiblesse du taux d’emploi des 60-69 ans et la forte générosité du système de retraite.
Il y a une chose que le rapport ne pointe pas c'est le coût du système de retraite du secteur public. Le régime des salariés du privé est financé à hauteur de 80% par les cotisations des adhérents alors que le régime du public est financé à hauteur de 11% par les cotisations salariales et à plus de 74% par une subvention de l'Etat.
Alors que les retraites du privé sont financés par les seuls adhérents du privé (1/3 par les salariés, 2/3 par les entreprises), les retraites du public sont financés par les impôts de tous les français ce qui n'est pas équitable. «Le véritable problème vient de la fonction publique, dont le régime est structurellement déficitaire. Si l’employeur public cotisait comme un employeur privé, le déficit serait de 30 milliards d’euros», a martelé Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef, fin août, lors de la rencontre des entrepreneurs. Ce déficit est en réalité financé par le budget général de l’État. Et participe donc à l’alourdissement de la dette publique ». Un point qui n'a jamais été remis en cause dans la dernière réforme des retraites.
Un salaire de référence des 6 derniers mois dans la fonction publique contre 25 ans dans le privé
De plus autre inégalité qui n'a bizarrement pas été résolu, le salaire de référence et le mode de calcul pour les retraites vrestent calculés selon des méthodes très différentes entre public et privé. « Le salaire de référence est celui des six derniers mois dans la fonction publique au lieu des 25 meilleures années (retraite de base) et de toute la carrière (retraite complémentaire) dans le secteur privé. Le taux plein appliqué à ce salaire de référence est de 75 % dans la fonction publique et de 50 % dans le régime général des salariés du secteur privé (retraite de base)...Alors que l’application des règles de la fonction publique conduit à une retraite de 27 847 € sur notre échantillon, elle ne serait que de 21 975 € par an avec les règles du privé. Cet écart doit conduire à remettre à plat le régime de pension de la fonction publique » note l'IFRAP. Contrairement à la Suède où les retraites du public et du privé ont été alignées, le gouvernement français s'est bien gardé de toucher à cet avantage significatif des retraites publiques qui coûte excessivement cher à l'ensemble des français.
On voit donc que les marges d'amélioration des dépenses publiques sont importantes au niveau du taux d'emploi de la population générale et seniors mais aussi en terme de largesse du système de retraite pour les employés du secteur public un domaine où le gouvernement n'a rien résolu contrairement à la Suède où les retraites du privé et du public ont été totalement alignées.