La France est l'un des principaux investisseurs en Russie. Le départ des entreprises françaises serait un suicide collectif alors que l'histoire a montré que nos concurrents ont profité de notre départ d'autres pays comme en Iran ou en Birmanie...
Avant de parler des sanctions rappelons l'histoire. En 2014, un coup d'état financé en partie par les Etats-Unis a permis de renverser une gouvernement élu plutôt pro russe par un gouvernement favorable aux américains. Ces faits sont documentés en détail dans le documentaire du réalisateur américain Oliver Stone, Ukrain on Fire. Suite à ce coup d'état, les provinces russophones sont marginalisés et décident de déclarer leur indépendance alors que la langue russe est discréditée et n'est plus langue officielle dans le pays. S'en suit une guerre civile atroce qui fait des dizaines de milliers de morts et qui conduit comme prévu par la fondation américaine Rand à une guerre avec la Russie qui vient défendre les populations meurtries. Quel a été l'intérêt pour la France de cette initiative américaine en Ukraine? Aucun car la France a intérêt à ce que l'Europe soit en paix avec une économie florissante. L'Ukraine en restant neutre aurait connu une croissance économique forte. De bonnes relations avec la Russie auraient permis un développement mutuel et l'accès aux ressources de la Sibérie très importantes pour l'économie européenne.
Mais voilà que nos gouvernements ont décidé de prendre partie contrairement aux principes de la politique gaullienne d'équilibre entre les grandes puissances?
C'est justement cette politique qui avait permis à la FRance d'être l'un des pays les plus aimés dans le monde et d'avoir de bonnes relations avec la plupart des pays du monde. Or depuis quelques années cette politique a été supprimée et la France s'est alignée systématiquement avec les Etats-Unis. Cela a conduit pour les entreprises françaises à la perte de nombreux marchés comme l'Iran. En Iran, par exemple Peugeot vendait près de 700 000 voitures en kit fabriquées en France (site Aulnay) et assemblées en Iran par son partenaire Iran Khodro. Ce dernier fabrique maintenant tout sur place. Depuis 2016, Peugeot était revenue en Iran mais le retrait des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire risque encore une fois de faire mal au groupe français. Total a également perdu South Pars, plus grand champ gazier dans le monde, remplacé par CNPC.
En Birmanie, Total est partie pour sanctionner le pays et Chevron a repris les positions du groupe.
Cette politique d'alignement sur les Etats-Unis conduit en fait les entre^prises françaises à perdre leurs principaux marchés.
Aujourd'hui après les sanctions terribles affligées à l'économie russe voilà qu'on demande aux entreprises françaises de quitter le pays.
Alors que la France est l'un des principaux investisseurs en Russie. Notre pays compte 700 filiales d'entreprises françaises qui emploient 200000 personnes. La France est ainsi le premier employeur étranger en Russie et exporte pour 7 milliards d'euros selon le Ministère d el'Economie.
Renault y est très présente de même que la grande distribution avec Auchan, Leroy Merlin, Decathlon, Bonduelle, Danone ou Lactalis dans l'alimentaire, Saint Gobain, Air liquide dans l'industrie, Accor dans le tourisme, BNP? Le Crédit Agricole et la Société Générale dans la banque, Engie avec son investissement dans Nordstream 2 et Total dans le secteur de l'énergie. Renault est ainsi le premier producteur de voitures en Russie avec la filiale Lada Avtovaz et les manœuvres américaines risquent de conduire au même sort que Peugeot en Iran c'est à dire la perte de ce marché clé. La filiale russe représentait l'an passé la moitié du résultat opérationnel courant de la division automobile de Renault.
Certaines entreprises ont montré qu'elles n'étaient pas naïves contrairement au gouvernement français en comprenant que les sanctions servent avant tout leurs concurrentes. Ainsi Leroy Merlin et Auchan ont annoncé en toute logique qu'elles ne fermeraient pas leurs magasins en Russie. Total a annoncé qu'elle resterait en Russie, mais n'achètera plus de pétrole et de produits pétroliers russes d'ici la fin de l'année. BNP Paribas et le Crédit Agricole ont annoncé l'arrêt de leurs activités contrairement à la Société Générale.
Au final il est intéressant de voir que l'Europe et la France ont tout à perdre avec cette guerre au contraire des américains : leur approvisionnement de gaz et de matières premières à bas prix, leur implantation économique en Russie, la déstabilisation au cœur de l'Europe. Ce sont la France et l'Allemagne qui ont voulu la diplomatie en négociant les accords de Minsk avec la Russie et l'Ukraine qui n'ont jamais été appliqués par le gouvernement ukrainien.
Parallèlement tout a été fait pour inciter à une guerre via le coup d'état de 2014, l'équipement des forces armées ukrainiennes, l'implantation de biolabs...Ceci financé principalement par les américains.
Les français et les dirigeants d'entreprises doivent arrêter d'être naïfs: nous menons une guerre économique globale et les américains sont nos partenaires mais aussi nos concurrents et parmi les plus redoutables. Bizarrement nos dirigeants depuis quelques années semblent plus favoriser les intérêts étrangers que les intérêts français en vendant de grandes entreprises industrielles stratégiques comme Alstom, Alcatel, Technip ce que ne font pas les dirigeants américains. Ce qui est paradoxal c'est que nos dirigeants ont été élus grâce à l'argent des industriels français qui pâtissent aujourd'hui de cette politique. Cette guerre permettra-t-elle enfin aux grands industriels français de comprendre qu'ils ont intérêt à soutenir dans le futur des dirigeants patriotes? Réponse d'ici fin avril dans les bulletins de vote des présidentielles...
Rappelons une maxime de Charles de Gaulle : les états n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts. Et l'intérêt de la France n'est pas celui des Etats-Unis. L'intérêt de la France est d'être en bon terme avec la Russie et qu'il y ait la paix en Europe tout en s'assurant un approvisionnement énergétique à bas coût.