Alors qu’Apple vient d’annoncer sa stratégie dans l’IA basée sur OpenAI, l’Europe peine à se développer dans ce domaine par manque d’investissements…
La Cour des comptes européennes vient de réaliser un audit appelé « l’UE face au défi de l’intelligence artificielle ».
Et ce rapport est assez pessimiste sur le poids actuel des pays européens dans ce domaine. Tout d’abord même si ce n’est pas rapporté par la Cour des comptes, l’UE a sabordé son industrie des télécoms. Alors par exemple que l’Europe était des premiers fabricants de téléphones mobiles au monde avec Alcatel, Matra en France, Nokia, Ericsson dans les pays nordiques, elle n’a plus aucun points sur ce marché qui est dans les mains d’Apple ou de Samsung pour les smartphones et d’Apple et Google pour les OS. Or sans smartphones et leurs écosystèmes, l’IA a peu de chance de se développer. C’est un point crucial à comprendre. Idem dans le domaine de l’automobile ou sans OS puissant, les constructeurs européens vont devoir intégrer Android ou IOS d’Apple avec leur propre IA.
« Nous avons évalué l’efficacité avec laquelle la Commission met en œuvre ce cadre. Nous avons constaté que ses actions couvraient les principaux aspects essentiels au développement d’un écosystème d’intelligence artificielle européen. Toutefois, au moment de l’audit, ces nombreuses actions (dont beaucoup sont encore en cours) n’avaient eu que peu d’effet sur le développement de l’écosystème d’IA européen et n’avaient pas permis de donner un coup d’accélérateur suffisant pour rejoindre le peloton de tête dans la course mondiale aux investissements dans l’intelligence artificielle. Les mesures des États membres et celles de la Commission n’ont pas été coordonnées efficacement, cette dernière ne disposant pas des outils de gouvernance et des informations nécessaires » note la Cour des Comptes dans son rapport.
Les investissements privés des pays de l'UE sont ridicules par rapport à ceux des Etats-Unis
On voit donc là tout le problème de l’Union Européenne bien trop bureaucratique : Bruxelles ne pourra pas résoudre ce problème du sous-investissement sans faciliter le développement d'un marché privé de financement.
Il est urgent que les pays européens se ressaisissent alors que le marché de l’IA devrait connaitre une croissance annuelle de 15,8% entre 2024 et 2030 pour atteindre 680 milliards d’euros.
La Cour des Comptes pointe notamment la faiblesse des investissements privés dans l’IA en Europe au contraire des Etats-Unis ou de la Chine alors que la recherche publique y est de haut niveau. Cela pose là encore le problème d’une bourse européenne pas assez développée et trop dispersée au contraire de Wall Street aux Etats-Unis.
Selon l’OCDE les Etats-Unis sont loin devant la Chine en terme d’investissements avec 54 milliards d’investissements en capital risque en 2023 contre 18 milliards pour la Chine et 7,9 milliards pour les 27 pays de l’UE soit une somme ridicule au regard de celle des Etats-Unis.
Aujourd’hui les politiciens européens parlent d’investir dans l’armement sans comprendre que l’IA sera d’une importance capitale.
Pour une fois la France est plutôt bien positionnée dans ce domaine alors qu’une stratégie nationale a été développé et que la technologie de Mistral AI est reconnue. Mais elle ne peut pas faire face sans des investissements massifs pour lutter contre les géants américains.
Le rapport montre ainsi que les investissements publics ne suffiront pas et que l’écosystème de l’IA ne pourra se développer en Europe sans une révolution des marchés financiers afin d’orienter beaucoup plus de flux privés vers l’IA.
L’argent est le nerf de la guerre ou plutôt le nerf de l’IA pourrait-on conclure de ce rapport.
Pour le lire dans son intégralité : rapport de la Cour de comptes européenne sur l'IA