Le patron de Michelin comme le patron de LVMH constatent que la France va dans la mauvaise direction et que les prélèvements publics ont atteint un maximum…
Le Sénat joue un rôle intéressant pour ses rapports et ses auditions. La récente audition de Florent Menegaux le président de Michelin démontre que la France est en déclin. Pire elle risque de faire fuir ses derniers fleurons.
Aujourd’hui le populisme de droite comme de gauche fait croire aux Français qu’en augmentant les impôts, en donnant toujours plus de pouvoir à l’État, aux politiques, aux fonctionnaires le pays ira mieux, or il faut l’affirmer fortement : c’est faux.
Les politiciens français et européens œuvrent aujourd’hui à détruire la compétitivité française par des lois hors sol.
Michelin est une entreprise mythique. En plus d’éditer le guide rouge et ses cartes routières très précises, elle est le leader mondial des pneumatiques.
Elle est par ailleurs l’une des entreprises françaises les plus innovantes avec 1,2 milliard de dépenses en innovation chaque année et 18000 brevets actifs.
Or les constats de son président sont alarmants voire pire.
Comme les autres grandes sociétés internationales, Michelin a perdu des parts de marché ces dernières années face aux concurrents chinois et taïwanais : elle est passée de plus de 20 % à moins de 15%. Son concurrent japonais Bridgestone a connu une évolution similaire et son concurrent américain a subi une baisse encore pire avec moins de 10 % de part de marché.
Un constat que j’ai pu faire personnellement. J’achetais jusqu’à présent systématiquement des pneus Michelin même avec un prix légèrement plus élevé car ils duraient plus longtemps. Mais les récentes hausses de prix font que leur tarif avec pose est devenu trop élevé de l’ordre de 200 euros contre 150 euros avant. J’ai donc opté pour la première fois cette année pour des pneus coréen.
« La compétitivité française et européenne s'est fortement dégradée ».
Le président de Michelin explique le problème. « Il y a une surcapacité mondiale mais surtout la compétitivité française et européenne s’est fortement dégradée depuis 5 ans. Pour une base 100 de prix en Asie en 2019, l’Europe était à 134 en Union Européenne et de 127 aux Etats-Unis. Elle est désormais de 176 aux Etats-Unis et de 191 en Union Européenne ».
« Les coûts ont explosé avec l’inflation et la hausse des coûts de l’énergie. On ne peut plus exporter depuis l’Europe. Nous sommes devenus net importateur aux Etats-Unis et toujours net exportateur en Europe mais ce n’est plus tenable ».
C’est un constat extrêmement grave. D’autant plus grave que le différentiel en terme de prix de l’énergie entre l'UE/la France et le reste du monde est devenu délirant.
« Le MWh d’électricité est de 132 euros en Europe contre 68 euros dans le reste du monde et 108 euros en France. Pour le gaz il est de 53 euros en UE, contre 51 euros en France et 16 euros dans le reste du monde ».
Or les pneus demandent beaucoup d’énergie comme la plupart des produits fabriqués par les industriels.
Florent Menegaux cite ensuite les problèmes d’imposition et de prélèvements bien trop lourds en France. « L’impôt de production représente 4,5 % du PIB contre 2,2 % en Europe alors que dans le reste du monde on subventionne l’industrie. Les prélèvements libératoires atteignent 45,6 % du PIB, la France est championne d’Europe contre 40 % en moyenne en UE. Pour 100 euros versés en France, une entreprise paie 142 euros et un salarié 77,5 %. En Allemagne une entreprise paie 120 euros et un salarié touche 80 euros. C'est une particularité française ».
Trop de lois et des lois trop contraignantes
A cela s’ajoute la complexité administrative et une sur-régulation fiscale, juridique sociale qui change constamment.
La France souffre donc d’avoir trop de fonctionnaires qui érigent des normes au lieu d’avoir des ingénieurs qui produisent. Mais le problème n’est pas que français la loi Climat & Résilience s’est inspirée du Pacte Vert européen. Ce dernier en prenant des décisions hors sol comme l’arrêt de la commercialisation des voitures thermiques en 2035 met à mal toute l’industrie. Le surcroît de normes vertes européennes rajoute énormément d’inflation alors que le coût des voitures neuves a augmenté en Europe exponentiellement. Et cela est valable dans d'autres secteurs comme l'immobilier ou le DPE va conduire beaucoup de français à ne plus pouvoir être propriétaires ou à payer des loyers délirants par rapport aux prix actuels.
Il y a un problème de classe politique en France et en UE
Tout cela s’attaque à la bonne santé des industriels français mais aussi aux citoyens. Ces normes vertes de Bruxelles sont inflationnistes et feront qu’à terme presque personne en pourra acheter une voiture neuve ou un appartement. Ces lois sont pourtant soutenues par la plupart des partis.
Ainsi à l’UE Mme Ursula von der Leyen a été reconduite malgré la catastrophe économique européenne alors que dans n’importe quelle entreprise privée elle aurait sans doute été démise de ses fonctions.
Il y a donc un problème de classe politique au niveau français mais aussi européen, personne ne défendant les intérêts des citoyens français ou des habitants de l'UE.
Ceci conduit d’autres dirigeants comme le président de LVMH à se poser des questions sur l'avenir.
Faire payer plus les rares entreprises qui sont encore compétitives : la recette française de l'échec
La France veut en effet voter une loi de contribution exceptionnelle sur les résultats des entreprises faisant plus de 3 milliards de chiffre d’affaires. L’idée étant de faire passer l’impôt sur les sociétés de 25 à 35,3 %: quoi de mieux pour faire fuir les quelques rares grandes sociétés qu’il nous reste. D'autant que de nombreuses entreprises ayant leur siège en France sont en déficit dans le pays mais font la très grande majorité de leurs résultats dans le reste du monde.
« Quand on revient en France après avoir passé quelques jours aux Etats-Unis c’est la douche froide. On a l’impression qu’aux Etats-Unis on vous accueille à bras ouverts...Les ateliers qu’on peut construire sont subventionnés. Quand on voit qu’on s’apprête à augmente de 40 % les impôts des entreprises qui fabriquent en France quand même c’est à peine croyable. Donc on va taxer le made in France. Pour refroidir les énergies on fait difficilement mieux » a déclaré Bernard Arnault lors de la présentation des résultats.
Bernard Arnault, PDG du numéro un mondial du luxe LVMH, a dénoncé mardi l'augmentation prévue des impôts sur les entreprises françaises, estimant qu'il s'agit d'une «taxe sur le made in France» qui «pousse à la délocalisation». pic.twitter.com/EQclceQ1K3
— Le Figaro (@Le_Figaro) January 29, 2025
Air France et la FNAM ont également critiqué la politique française avec la hausse des taxes sur l'aérien qui met à mal la compétitivité française.
Alors pourquoi tant de mauvaises décisions des politiciens français et européens ces dernières années ? Sont-ils pour la plupart corrompus par des puissances étrangères ou d’autres intérêts privés? Sont-ils trop idéologiques ? Ont-ils tout simplement une méconnaissance de l’économie de par leurs formations Sciences Po/ENA ? Croient-ils tous aux vertus du socialisme en déniant la réalité économique ? Car cette pensée du toujours plus d'Etat s'étend en France de la droite à la gauche du spectre politique au contraire des Etats-Unis ou de la plupart des autres pays européens.
Ils semblent n’avoir pas compris au contraire de la Suède, que seule la compétitivité permet à un pays d’avoir une bonne couverture sociale pour ses citoyens. Tout est à revoir voire à révolutionner en France. Il serait bon d’ailleurs que comme aux Etats-Unis les chefs d’entreprise dirigent le pays pour changer des technocrates...Et il serait bon aussi que tous les chefs d'entreprise luttent contre ce populisme de droite comme de gauche qui vise à submerger le pays de taxes, d’État et de dette en disant à tous que c'est bon pour la croissance et le pouvoir d'achat. C'est faux!
La presse aussi devrait être plus pluraliste en France alors que nous sommes l'un des seuls magazines en France à prôner une politique plus libérale.
A voir l'audition de Florent Menegaux : https://www.publicsenat.fr/emission/100-senat/audition-de-florent-menegaux-president-de-michelin-e119