- Rédaction
Aigle Azur suspend tous ses vols le 7 septembre

Après la suspension de ses ventes le 10 que nous avions annoncé il y a deux jours, on vient d’apprendre que la compagnie cesse tous ses vols le 7 septembre 2019…
Aigle Azur a bien un problème de cash démontré par les mesures d’urgences que la compagnie a du prendre ces derniers jours.
Sa situation en terme de trésorerie était donc bien plus grave que ce que l’on imaginait.
Alors que nous avions annoncé il y a deux jours que ses vols n'étaient plus en vente à partir du 10 septembre sur son site web et via son call center, la compagnie vient cette fois d’annoncer officiellement qu’elle cessait ses vols le 7 septembre.
La compagnie a publié ce communiqué sur son site web : « En lien avec les autorités françaises de l’aviation civile et des organes de la procédure de redressement judiciaire, Aigle Azur, en grande difficulté économique, se voit malheureusement dans l’obligation d’annuler tous ses vols à compter de samedi 7 septembre inclus. En effet la situation financière de la société et les difficultés opérationnelles en résultant ne permettent pas d'assurer les vols au-delà du 6 septembre au soir. A compter du 7 septembre 2019, quel que soit l’aéroport de départ, les vols Aigle Azur sont annulés. Si vous êtes passagers d’Aigle Azur d'ici demain soir 6 septembre inclus, merci de bien vouloir vérifier que votre vol est maintenu en consultant la liste des vols confirmés via le lien ci-dessous ». Du fait de l'arrêt des vols les passagers devront payer leur propre billet retour.
Hier les Entreprises du Voyage une association représentant les agences de voyage a annoncé qu’elle voulait assigner Aigle Azur en référé « afin d’obtenir la mise sous séquestre des fonds dont dispose ou va disposer la IATA afin de permettre une compensation en faveur des agences de voyage en cas d’arrêt définitif de l’activité d’Aigle Azur ».
En terme de dédommagement pour les voyageurs, Aigle Azur a indiqué que les passagers devaient « déclarer leur créance auprès des mandataires judiciaires dans le cadre de la procédure collective via un site dédié : www.aigleazur.online ».
« Les passagers des vols annulés, peuvent également se rapprocher de leur assurance existante dans le cadre des paiements par carte bancaire, pour obtenir le remboursement ou le dédommagement de leur billet. Pour les billets acquis auprès d’agence de voyage, il appartient aux passagers de se rapprocher de leur agence de voyage pour étudier les conditions de remboursement ou de remplacement ou de dédommagement, du billet annulé » a précisé Aigle Azur.
Des voyageurs laissés sur place pour les retours après le 6 septembre
« Les voyageurs effectuant un vol retour après le 6 septembre avec Aigle Azur devront acheter par eux-mêmes un autre billet » indique par ailleurs la compagnie sur son site web.
Une situation que critique fortement les Entreprises du voyage: « l’administrateur judiciaire de la compagnie a pris subitement hier soir la décision d’interrompre les vols dès ce soir (6 septembre). Il a donc sciemment trompé les passagers d’Aigle Azur et les agences de voyages : des milliers de passagers qui espéraient rentrer en France ce week-end resteront bloqués et devront racheter un billet… dans la mesure où ils trouveront de la place. Cette décision est difficilement justifiable du fait, qu’aux dires d’Aigle Azur, plus de dix millions d’Euros de liquidités disponibles en Algérie auraient pu être partiellement utilisés pour assurer les vols du week-end. Le CIRI et le Ministère de l’Economie, très impliqués dans le suivi de ce dossier, n’ont pas su imposer à l’administrateur judiciaire de respecter ses engagements et de poursuivre les vols au moins jusqu’au 9 septembre. Cet arrêt brutal des vols, comme la gestion globale de ce dossier, est scandaleux : il met en difficulté des dizaines de milliers de passagers qui paient longtemps à l’avance leur voyage sans être assurés de pouvoir l’effectuer. Les agences de voyage, mandataires de la compagnie, s’efforcent d’aider leurs clients. Elles ne disposent d’aucune garantie au cas de défaillance d’une compagnie aérienne alors qu’il leur est imposé de fournir de lourdes cautions bancaires aux mêmes compagnies aériennes ».
Les agences de voyage demandent une loi pour une garantie des compagnies aériennes en cas de défaillance
Suite à cette mauvaise nouvelle, les Entreprises du Voyage ont demandé au nouveau secrétaire d’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djibbari, de défendre leur projet d’inscrire dans la loi LOM l’obligation pour les compagnies aériennes de disposer d’une garantie destinée aux professionnels et aux passagers au cas de défaillance.»
On peut se poser la question de savoir pourquoi rien n’a été fait plus tôt afin d’éviter des mesures d’urgence de ce type : une question impossible à poser à Frantz Yvelin alors que l’ancien CEO a quitté ses fonctions il y a quelques jours.
Plusieurs repreneurs possibles
Pour Aigle Azur, l’espoir vient désormais des offres de reprise possibles. Les repreneurs ont jusqu'au 9 septembre pour déposer une offre pour le rachat total ou partiel d'Aigle Azur. Air France s'intéresserait au dossier notamment pour les créneaux horaires d'Aigle Azur à Orly.
Parmi les autres repreneurs potentiellement intéressés on peut citer Gérard Houa un actionnaire d'Aigle Azur, Lionel Guérin et Philippe Micouleau d'anciens employés d'Air France et le groupe Dubreuil sans doute qui détient Frenchbee et Air Caraïbes.
Du fait du calendrier très serré certains parient sur le démantèlement de la compagnie. Mais Gérard Houa l’un des actionnaires a déjà déclaré qu’il était prêt à investir 15 millions d’euros. Une somme importante mais sera-t-elle suffisante pour faire repartir la compagnie à long-terme?
En attendant le bureau du SNPL d'Aigle Azur a demandé un rendez-vous avec le Premier Ministre qui devrait avoir lieu en présence d'Air France et de Lionel Guérin.
Le personnel va par ailleurs manifester à Orly samedi à 8H pour tenter d'éviter le démantèlement d'Aigle Azur.