La guerre de titans engagée entre la Chine et les Etats-Unis a un impact sur les livraisons d'avions du fabricant américain Boeing...
Les économies chinoises et américaines sont plus interdépendantes qu’on ne le pense et les attaques de part et d’autres sont sans doute exagérées et contre-productives.
Même si les Etats-Unis ont raison de vouloir réduire leur déficit commercial qui pèse sur leurs comptes.
Le 15 avril Bloomberg a indiqué que le gouvernement chinois a suspendu toutes les livraisons d’avions Boeing alors qu’il contrôle la National Development and Reform Commission qui contrôles les importations.
Il faut dire que les Etats-Unis n’y ont pas été de main morte avec la Chine avec une hausse de 125 %, une taxe de 20 % pour faire face à la crise du fentanyl et un tarif spécial compris entre 7,5 % et 100 % sur certains produits ce qui peut porter les taxes totales à plus de 245 % .
Par ailleurs des taxes de 25 % ont été mises en place pour l’acier et l’aluminium.
Apple mais aussi Boeing sont deux sociétés très impactées par ces mesures. Apple parce que les iPhones sont fabriqués majoritairement en Chine et Boeing parce que le constructeur misait beaucoup sur le marché chinois en forte croissance. On estime que Boeing a actuellement environ 130 commandes à livrer à des clients chinois dont 97 B737, 2 B777F et 11 B787-9.
Or la Chine joue la guerre des nerfs ayant bien compris qu’une négociation tendue va s’engager avec les Etats-Unis. Boeing a dû reprendre 2 B737 MAX 9 depuis son centre de livraison de Zhoushan en Chine. Ces 2 avions devaient être livrés à Xiamen Air et sont restés à peine un mois au centre de livraison.
D’une certaine manière cette montée en tension ne vise finalement qu’à se préparer aux négociations qui devraient être très dures entre la Chine et les Etats-Unis pour un rééquilibrage des échanges.
Un peu comme à Yalta, mais au niveau commercial, la Chine et les Etats-Unis vont sans doute discuter de leur positionnement global et de leur partage du monde.
L’Europe semble bien loin des deux leaders alors que les grandes sociétés technologiques du web et de l’intelligence artificielle sont aujourd’hui chinoises (Alibaba, Baidu…) ou américaines.
Dans les voitures électriques également les leaders sont chinois ou américains. Au final mieux vaut une guerre commercial entre deux leaders plutôt que d’être marginalisé comme l’UE actuellement.
En conclusion Boeing (et les Etats-Unis) ne pourront sans doute pas se passer du marché chinois. Le constructeur prévoit ainsi 42600 commandes de jets en 20 ans dont 40 % en Asie. Ce marché est essentiel avec 17040 jets prévus contre seulement 8520 pour l’Europe et 8520 pour les Etats-Unis.
On assiste donc à un grand bluff pour mieux négocier : les économies américaines et chinoises étant trop dépendantes pour entre-tuer.
Au final c’est peut-être l’Europe qui va le plus souffrir de ces négociations entre ces deux grandes puissances. Elle n’a pas les cartes des nouvelles technologies en main et le positionnement politique adéquat pour développer l’industrie et les technologies, focalisée qu’elle est sur la politique verte par des idéologues sans vision de développement...
Les Etats-Unis vont donc tenter de réduire leur déficit gigantesque avec la Chine pour se réindustrialiser en partie tout en conversant des échanges importants sur certains domaines cruciaux où la Chine est indispensable comme on l'a vu avec l'exemption de taxes sur les smartphones et ordinateurs.
En attendant la résolution de ces négociations, l'Inde et la Malaisie ont indiqué qu'elles seraient intéressées pour racheter les avions non livrés en Chine.