Les nouveaux Velib à assistance électriques permettent désormais d’effectuer facilement de longs déplacements d’une demi heure ou plus. De quoi changer la donne pour les habitants d’Ile-de-France. Il ne manque plus que des pistes cyclables…
De nombreux habitants de Paris se sont plaints ces dernières années des travaux qui ont transformés Paris notamment ceux nécessaire à la construction des pistes cyclables mais aussi au démantèlement et à la reconstruction des stations Velib. Il est vrai que ces travaux ont été cauchemardesques mais le résultat en vaut la chandelle comme le dit une expression populaire.
Malgré les nombreuses critiques sur le délai des travaux de remplacement des anciennes stations par le nouvel opérateur en charge du Velib (Smoovengo au lieu de Decaux), force est de constater en tant qu’utilisateur que les nouveaux Velib sont bien plus agréables à utiliser que les anciens.
Les vitesses Shimano passent facilement, les vélos sont robustes et peuvent être équipés d’une assistance électrique au besoin : les vélos peuvent ainsi être transformés en vélo à assistance électrique très facilement par l'opérateur.
La pochette pour installer un smartphone au dessus du panier de course est bien pratique même si elle a tendance à glisser avec les nids de poule sur la route et le pédalage semble bien plus fluide qu'avant. Est-ce du au fait que ces nouveaux vélos sont plus légers que les anciens (20 kg au lieu de 22kg auparavant) ou est-ce du à une amélioration de la chaine de transmission?
Mais la grande révolution pour les utilisateurs a été l’arrivée de vélos à assistance électriques : les vélos bleus. Ces vélos sont une petite révolution que de nombreux franciliens n’ont pas encore intégré.
Les Velib sont désormais présents dans 55 communes d'Ile-de-France
Pour les habitants de la banlieue parisienne le changement peut-être qualifié de petite révolution.
Les stations Velib sont désormais installées dans 55 communes d’Ile-de-France (soit 1395 stations déployées et 1 381 ouvertes au public) et 42% du parc est constitué de vélos à assistance électrique contre 30% prévus originellement (les vélos bleus contrairement aux vélos verts sans assistance). Le service totalise 19 500 vélos et 370 000 abonnés annuels (près de 15 408 abonnements annuels et 8 754 pass entre le 11 et le 18 mai).
Trajets en vélo plus rapides qu'en voiture et sans efforts avec l’assistance électrique
Nous avons testé par exemple un trajet de 7 km entre la gare de Colombes et Puteaux. En pédalant sans effort le trajet de 7 km prend moins de 30 minutes en vélo soit moins qu'un trajet similaire en voiture (nous avions comparé).
En effet notre journaliste a été déposé sa voiture à un garage et est revenu en Velib : il a pu constater que le trajet en voiture était plus long et bien moins fluide du fait de nombreux ralentissements et embouteillages, qu’il a pu éviter en vélo.
Par ailleurs, grâce à l'assistance électrique le Velib peut s'ouvrir à une clientèle qui redoute les obstacles naturels comme les côtes à forte inclinaison. Dans ce cas , le Velib Electrique permet d'ajuster le niveau d'assistance électrique temporairement sur le clavier du guidon. On peut ainsi passer du premier au deuxième voire même au 3ème niveau et grimper une côte à la vitesse d'une cycliste professionnel du Tour de France : étonnant !
Le vélo à assistance électrique prouve ainsi qu’il peut totalement remplacer la voiture ou les scooters pour les habitants des villes : un constat qui est déjà la réalité dans de nombreuses villes du nord de l’Europe au climat pourtant peu enviable comme Copenhague ou Amsterdam. Grâce aux nouveaux vélos à assistance électrique, la distance moyenne parcourue a globalement augmenté de plus de 33% passant de 2,7 km en moyenne à 3,6 km aujourd’hui. 60% des courses sont désormais effectuées à Vélib’ à assistance électrique, contre 52% sur la même durée avant le confinement avec une moyenne de 175 000 courses quotidiennes et un pic à 192 000 courses le 25 juin 2020.
Seul point faible : le manque de pistes cyclables en Ile-de-France contrairement à Paris
Le principal point faible de notre trajet entre la gare de Colombes et Puteaux a été le faible nombre de pistes cyclables officielles, même si heureusement les pistes cyclables temporaires mises en place pendant l’épidémie de coronavirus ont été très utiles.
Ces dernières années, de nombreuses communes d’Ile-de-France ont en effet rechigné à construire des pistes cyclables par idéologie contrairement à la Maire de Paris.
De ce fait les franciliens de la petite et de la grande couronne sont aujourd’hui désavantagés dans ce domaine par rapport aux parisiens et un rattrapage s'impose.
Pourtant comme le souligne la société qui gère le Velib, « la mise en place de nouveaux itinéraires cyclables à l’échelle du Grand Paris est un élément favorable au développement de la pratique du vélo en général et de Velib’ en particulier ».
De 700 à 1400 km de pistes cyclables à Paris, bien moins d'ambition en banlieue...
Dans le cadre de son plan vélo, Anne Hidalgo a décidé de passer de 700 à 1400 km de pistes cyclables comme le note le Parisien. Ses autoroutes à vélos mises en service tout récemment comme celle le long de la rue de Rivoli ont révolutionné les transports parisiens ces derniers mois.
Par contre un elle va sans doute trop loin en fermant totalement la circulation aux voitures rue de Rivoli : il serait logique qu'en France on cesse de passer d'une extrême à un autre, d'une situation sans piste cyclable à une situation sans voitures !
A ce titre, le plan vélo qui a été présenté en début d’année par la région Ile-de-France n’est pas assez ambitieux en terme de nouvelles pistes cyclables (voir Plan vélo en Ile-de-France : priorité aux parkins et aux aides). La région ne compte que 627 km de pistes cyclables dans son ensemble contre 1400 km prévu pour Paris seulement !
La victoire d'Anne Hidalgo aux dernières élections municipales, attribuée en grande partie à son plan vélo (voir les pistes aménagées sur ce site : https://planvelo.paris/), devrait faire réfléchir les Maires de toutes les villes d’Ile-de-France : oui le vélo peut remplacer la plupart des trajets domicile-travail si ces trajets sont agréables et non dangereux. A ce titre la mise en place de bien plus de pistes cyclables dédiées parait indispensable en banlieue parisienne : il faut redonner vie aux banlieues et les désenclaver et à ce titre le vélo parait prometteur.
Des pistes cyclables temporaires conçues pour durer?
De nombreuses pistes cyclables temporaires ont été aménagées durant l’épidémie de Coronavirus et se sont révélées très populaires en banlieue parisienne.
Mais ces pistes restent encore très limitées. Nous parlions dès 2016 de la nécessité d'un vrai plan vélo en Ile-de-France pour développer les pistes cyclables (voir Paris améliore ses pistes cyclables).
Une carte diffusée en ligne montre bien que le maillage est très insuffisant sur toute la région Ile-de-France.
Dans la commune de Puteaux par exemple, une nouvelle piste cyclable a été créée sur le pont pour traverser la Seine mais elle se termine à l'entrée de la ville.
Le problème majeur des cyclistes franciliens aujourd'hui est la discontinuité des pistes. Dans le bois de Boulogne qui pourrait d'ailleurs être réaménagé pour en faire un vrai atout touristique du grand Paris, il y a également très peu de pistes cyclables et elles sont par ailleurs mal fléchées.
A ce titre il paraitrait logique et souhaitable de conserver ces pistes temporaires et de les étendre alors que les franciliens disposent désormais d’une offre Velib de qualité.
Selon le Figaro, les Hauts de Seine ont fléché 40km de pistes cyclables temporaires: c’est bien mais c'est encore largement insuffisant pour se déplacer dans le département en vélo.
La priorité reste encore trop souvent donnée aux voitures alors que le vélo permettrait d'éviter jusqu'à 50% des déplacements de moins de 3 kilomètres en voiture.
Aujourd'hui on compte seulement 880000 déplacements à vélo chaque jour sur un total de 28 millions en Ile-de-France. Une goutte d'eau ! Il faudrait inciter bien plus les habitants à utiliser le vélo et à leur faire découvrir les atouts de ce mode de transport, d'autant que pour les plus paresseux, l'assistance électrique change tout.
Les dégradations : point faible de l'offre Velib
Il reste cependant un talon d’Achille à l’offre Velib : les dégradations effectuées aux vélos.
Certains usagers saccagent les vélos et c’est un important problème pour l’opérateur qui a du mal à gérer cette problématique comme le note la Gazette de la Défense
Decaux l’ancien opérateur rejette les fautes sur Smoovengo mais en réalité la faute doit être attribuée à certains utilisateurs. Il n’est pas possible de mettre en place des biens communs si une faible partie des citoyens se comporte mal.
A ce titre dans les pays scandinaves, les dégradations restent très rares ce qui montre bien que c'est un problème français.
Comment Smoovengo pourrait se sortir de ce problème? Des pistes existent : demander aux utilisateur de prendre des photos du vélos avant et après une course via l’application, surveiller les stations les plus critiques via des caméras/des patrouilles de police plus régulières, identifier les délinquants avec l’aide de la police... On en revient aux problèmes d’insécurité non résolus dans certaines villes de banlieue liés aux trafic de drogue et autres.
Il reste que le Velib est un formidable outil qu’on aurait tort de ne pas utiliser plus fréquemment.
L'achat d'un vélo électrique peut être une autre option
Pour ceux allergiques aux biens collectifs d’autres solutions existent. La région Ile-de-France offre notamment une prime de 500 euros pour l'achat d’un vélo électrique.
La région va également commander en février 500 vélos en sus pour son service de location de vélos à assistance électrique Véligo1. « L'objectif est d'atteindre 15000 vélos électriques d'ici la fin de l'année» a assuré Valérie Pécresse. 500 vélos car seront également commandés en juin 2020 avec une mise en service d'ici fin 2020.
Dans tous les cas le vélo est le grand gagnant de ces élections municipales, et s’avère une solution de transport d’avenir pour à la fois réduire la pollution dans les grandes villes, fluidifier la circulation et reverdir éventuellement les routes en aménageant des pistes cyclables arborées