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Air France: vers une sortie de grève?

Les syndicats de pilotes ont indiqué ce jour que la direction va suspendre le projet de Transavia Europe, d'ouverture des bases à l'étranger, jusqu'en décembre 2014.

«Le développement européen de Transavia suscitait des questions. Nous avons donc décidé de suspendre le projet. Nous accélerons par ailleurs le développement de Transavia France...Les motifs de cette grève ont disparu ou alors ils sont ailleurs...» a déclaré ce jour Alexandre de Juniac, PDG d'Air France-KLM. Il a proposé d'augmenter la flotte de Transavia France de 14 à 37 avions. Au cas où les syndicats n'acceptent pas ces propositions, Air France pourrait dénoncer l'accord de Transavia France actuellement en vigueur»

De son côté le Premier Ministre Manuel Valls a a demandé aux pilotes d'être raisonnables : «j'en appelle à la responsabilité de chacun et notamment des pilotes...Il faut que cette grève s'arrête le plus vite possible»

Au final quel a été l'impact de cette grève sur Air France?

En terme monétaire la grève a coûté entre 80 et 120 millions d'euros à une société qui a cumulé plusieurs exercices avec des pertes et porté atteinte à l'image de marque sur un marché où la concurrence excelle.

Les pilotes ont-ils vraiment gagné?

Pour les pilotes la préservation des avantages acquis n'est peut-être pas une si belle avancée...

Car conserver ses avantages dans le long-courrier pourquoi pas, mais dans le court-courrier, le marché a été transformé par l'arrivée des low-costs et le salaire des pilotes est une composante des coûts.

Air France a perdu 5% de part de marché entre la France et l'Europe de 2010 à 2014 et sur le marché domestique la part des low-costs est passée de 15 à 27% pendant cette même période.

Air France ne pourra pas continuer à amasser des pertes considérables sur ses lignes court-courriers et va donc être obligée d'en fermer à terme et donc de détruire des emplois.

Rappelons qu'Air France n'embauche plus depuis plusieurs années : des centaines de jeunes pilotes très bien formés attendent aujourd'hui des postes qui ne viennent pas à la sortie de l'ENAC.

Ces jeunes pilotes vont donc devoir aller se former ailleurs et travailler à l'étranger s'ils ne veulent pas pointer à pôle Emploi.

Les low-costs ont inventé un nouveau modèle économique permettant de proposer des billets moins chers en augmentant la rotation des avions, en utilisant des avions neufs et en optimisant les coûts.

Comme la royauté française à une époque s'est opposé à la démocratisation de la vie politique, les pilotes ne peuvent pas s'opposer à la démocratisation des voyages qui bouscule les modèles économiques.

Au final, il semble difficile d'aller contre des tendances mondiales à moins d'interdire les low-costs à l'échelle européenne ce qui parait peu probable.

Dans toutes les cas de grandes compagnies européennes low-costs ont profité de cette opportunité : ce sont elles qui sont les grandes gagnantes de cette grève...

Quelques chiffres :

Résultat net part du groupe d'Air France (en euros): -1,827 milliard  (2013), -1,192 milliard (2012), -809 millions (2011), +613 millions (2010), -1,560 milliard (2009), -814 millions (2008), +748 millions (2007), +891 millions (2006), +913 millions (2005), +1,7 milliard (2004).

Heures de vol des pilotes AF : 630 à 678 heures,Transavia : 700 heures.

Heures de vol des compagnies européennes : 725 heures

Heures de vol des compagnies low-costs européennes : 825 heures.

Rémunération co-pilote débutant Easyjet (brut): 5000 euros
Rémunération co-pilote débutant Transavia (brut): 6333 euros.  
Rémunération co-pilote débutant Air France (brut): 6250 euros, mais coût horaire moyen toutes catégories de pilotes confondus de 30% supérieur à Transavia du fait de moins du nombre d'heures de vol et des avantages. 

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