La reprise est là pour Emirates après les dures années du Covid. En France, la compagnie a relancé ses vols vers Lyon et mis en service un A380 vers Nice l'été dernier. Alors que de nouveaux droits de trafic sont en discussion entre les Emirats Arabes Unis et la France, Emirates pourrait en profiter pour augmenter ses fréquences ou lancer une route vers une nouvelle ville de province. Business Traveler France fait le point avec Cédric Renard...
Business Traveler France : Emirates a réalisé son bénéfice le plus élevé de son histoire pour l’exercice 2022-2023. Comment se porte l’activité en France?
Cédric Renard, directeur général d’Emirates en France : nous avons effectivement réalisé les meilleurs résultats de notre histoire. Après le Covid, les gens ont eu envie de voyager et il y a eu un rebond des voyages loisirs. Nous avons anticipé cette reprise et relancé les vols de manière intelligente. De plus nous avons profité de la force d’attraction de Dubaï qui est la 4ème ville la plus visitée au monde avec un tiers de la population mondiale à 4H de vol et 2/3 à 8 heures de vol. Au 1er semestre 2023, la ville a accueilli 8 millions de visiteurs c’est plus qu’à la même période de 2019. Dubaï est une destination loisirs mais aussi affaires avec de nombreux événements internationaux comme le Dubaï Airshow,
En France, nous sommes la seule compagnie à opérer tous nos vols long-courriers vers Dubaï en A380 au départ de Roissy avec 3 vols par jour.
Business Traveler France : qu’en est-il de votre activité en province à Nice et Lyon? Alors que l’on parle de nouvelles négociations sur les droits de trafic entre la France et les Emirats souhaiteriez-vous lancer des vols vers d’autres villes de province comme Toulouse ou Bordeaux?
Cédric Renard, directeur général d’Emirates en France : nous avons relancé nos vols vers Lyon à l’été 2021. Nous avons une relation de longue date à Lyon où nous continuons à investir en positionnant un B777 avec 6 vols par semaine. Nous avons modifié récemment l’horaire des vols en début d’après-midi pour que les voyageurs français puissent arriver en fin de journée et prendre des vols en correspondance vers l’Asie, Singapour, l’Australie. Dans l’autre sens on travaille à faire progresser le trafic vers Lyon. La Coupe du Monde de rugby dont nous sommes partenaire a été un excellent événement et a attiré beaucoup d’australiens, de néo-zélandais. La route reste fortement orientée loisir à 70% même si l’important tissu économique lyonnais entraîne un flux business de l’ordre de 30%. Lyon reste une destination qui génère plus de ventes en business que Nice : elle est la 4ème région économique d’Europe.
A Nice nous sommes revenus également après l’interruption due au Covid et nous avons même positionné un A380 durant l’été 2023. Nous proposons un vol quotidien entre Nice et Dubaï. Au total aujourd’hui en France nous offrons 34 vols hebdomadaires et 2 vols full cargo. Il y a du potentiel pour plus de fréquences car la demande est là mais aussi pour proposer encore plus de villes. Je ne peux pas vous dire quelles villes de province nous intéressent. Quant à Paris avec les Jeux Olympiques il y a du potentiel pour plus de fréquences. Emirates aime la France. Nous avons lancé Paris en 1992, Nice en 1994 et Lyon en 2012. Nous sommes le plus gros acheteur au monde d'A380 et nous avons signé d’importants contrats avec des entreprises françaises comme Thalès, Michelin… Nous avons également dépensé 1 milliard de dollars en achat de vin depuis 2006.
Business Traveler France : la fermeture de l’espace aérien sibérien vous a-t-elle fortement affecté? Qu’en est-il de la reprise du trafic vers l’Asie plus lente que d’autres régions du fait des fortes restrictions mises en place pendant le Covid?
Cédric Renard, directeur général d’Emirates en France : nous avons été moins pénalisé que d’autres et cela n’a pas eu d’impact direct. La Chine n’est pas un marché de premier plan pour nous. Par contre le Japon fait partie de notre cœur de Business. En mettant en place un grand nombre de sièges nous avons pu proposer un prix moyen plus régulier. La Thaïlande est bien repartie de même que Singapour. Nous proposons 5 A380 entre Dubaï et Bangkok. L’Indonésie et Bali fonctionnent très bien également. Nous ne sommes plus très loin du niveau de trafic 2019, les gens ont envie de voyager.
Business Traveler France : Emirates a pendant longtemps basé son offre long-courrier sur l’A380. Qu’en sera-t-il à l’avenir avec les commandes récentes d’Emirates, d’A350, B777, B787?
Cédric Renard, directeur général d’Emirates en France : l’A380 a été un choix industriel et commercial qui correspondait à notre vision des voyages. L’A380 montre que ce n’est pas que la destination qui compte et que le voyage l'est autant. L'A380 est un avion emblématique : quand il atterrit les têtes se tournent. D’autant que nous l’avons aménagé de manière unique avec un bar…Nous sommes la seule compagnie à proposer uniquement des vols en A380 à Paris et à Nice. Nous avons 116 A380 dans notre flotte et chez Emirates l'A380 volera encore pendant 10-15 ans. Concernant notre flotte nous continuons à croître avec plus de 300 avions en commande dont 65 A350 qui devraient être mis en service à partir de l’été 2024 ainsi que 205 B777-9 et 35 B787 qui devraient remplacer nos actuels B777 à partir de 2025. Les nouvelles commandes annoncées récemment nous permettront d’ajouter de la capacité sur les lignes existantes ou d’ouvrir de nouvelles lignes.
Business Traveler France : quand les voyageurs français pourront-ils profiter de la premium éco de bout en bout depuis Paris? Avez-vous fait évoluer les services de la Business en France?
Cédric Renard, directeur général d’Emirates en France : nous avons annoncé en 2022 un programme de rénovation de 122 appareils (A380 et B777) afin de les équiper d’une nouvelle cabine économique premium et de les mettre à niveau dans les autres cabines. 22 A380 ont été équipés de la nouvelle cabine premium économique notamment entre Dubaï et l’Inde, la Nouvelle-Zélande, l’Australie,Tokyo, Singapour…Mais pour le moment nous ne proposons pas encore la classe premium éco de bout en bout. Certains de nos clients demandent cependant les billets à partir de Dubaï. La classe économique premium fonctionne très bien pour les vols très long-courriers notamment vers l’Australie. Et bonne surprise nos clients ne viennent pas de la Business. Ce sont plutôt les client de la classe économique classique qui achètent en classe économique premium. C’est une vraie cabine à l’avant de l’appareil
Nous ne savons pas encore quand les A380 équipés de la premium éco seront positionnés sur Paris mais j’espère au plus vite! Elle a un énorme succès et cela correspond à la demande des passagers.
Quant à la Business, nous avons amélioré récemment la carte des vins et nous avons ouvert un salon exclusif pour nos clients à Roissy dans le terminal 1 après les contrôles de sécurité. Dernièrement nous avons investi dans les système de vidéo à la demande de nos avions ainsi que dans la formation des équipages en lançant un partenariat avec l’école hôtelière de Lausanne. A Dubaï nous avons mis en place un partenariat avec un barista de même qu’avec Moët et Chandon.
A Paris les perspectives sont bonnes avec un niveau de trafic pour la Business quasiment équivalent à 2019. Nous avons des taux de remplissage élevés qui ont atteint 81,5% d’avril à septembre 2023 : c’est deux points de plus qu’en 2022.
Business Traveler France : notez-vous un certain assouplissement des politiques voyage des entreprises alors que certains pensaient que la visioconférence avec des plate-formes comme Zoom allaient tuer le Business Travel? Avez-vous signé de nouveaux contrats grands comptes ?
Cédric Renard, directeur général d’Emirates en France : la plus grande demande aujourd'hui de la part de nos clients concerne notre impact environnemental. Emirates a fait d'importants efforts dans ce domaine en renouvelant sa flotte, en opérant un A380 avec un réacteur utilisant 100% de SAF et en créant un fonds de 200 millions de Dollars pour financer des projets de recherche pour développer de nouvelles technologies de carburant, d'énergie pour l'aviation.
Nous constatons parallèlement un relâchement progressif des politiques de voyage alors que le désir de rencontrer ses clients en face à face est là. Les PME sont reparties très rapidement après le Covid contrairement aux grandes entreprises où la reprise est plus progressive. L'IATA prévoit une forte croissance du trafic aérien d'ici 2040 et l'avion est plus que jamais indispensable dans les relations d'affaires. Pour répondre à votre seconde question nos partenariats de sponsoring sportifs nous donnent une excellente visibilité et avons déjà signé avec tous les clients grands comptes français...