Les compagnies aériennes rivalisent d'inventivité pour continuer à opérer des vols pendant l'épidémie…
L'aéroport d'Orly est désormais fermé au trafic passagers et tous les vols ont été reportés sur Roissy. Mais même à Roissy l'activité de transport de passagers se limite au minimum soit des liaisons vitales pour rapatrier des ressortissants et quelques vols pour garder le contact avec des pays clés.
Ainsi le 1er avril dernier Eurocontrol a comptabilisé seulement 737 vols en France, soit une baisse de 91% par rapport au même jour de l'an dernier.
L'aéroport de Roissy opère désormais plus de vols cargo que de vols de passagers et c'est une première. Des vols de Federal Express, ASL, UPS, DHL et Air France.
Air France dispos en effet de 2 B777 cargo.
Ils ont notamment été utilisés pour importer des masques de Chine, les 26 et 30 mars avec un retour les 29 et 1er avril avait confirmé Air France à Business Traveler France.
Le premier vol qui a atterri le dimanche 30 mars a notamment apporté 5 millions de masques dont 2,5 millions promis par LVMH.
Des avions passagers transformés en avions cargo
Certaines compagnies vont même plus loin et transforment leurs avions passagers en avion cargo comme Lufthansa, Austrian Airlines ou Aegean qui a transformé 2 Airbus A320/321 passagers en version full cargo afin de stocker jusqu'à 170 M2 de matériel.
Aeromexico a ainsi annoncé qu'elle allait utiliser une partie de sa flotte d'avions de transport passagers pour une utilisation cargo : « Aeromexico va utiliser une partie de sa flotte mise à terre. Ils seront opérés par sa filiale de fret, Aeromexico Cargo. Actuellement le fret aérien est essentiel pour le transport de fournitures médicales, d'équipements médicaux de nourriture…».
En France, Emirates a mis en place dès le 26 mars un vol "passenger-freighter" quotidien au départ de Paris CDG en B777-300ER qui permet de transporter jusqu'à 40 tonnes de marchandises, afin de répondre aux besoins croissants du marché pour le transport des marchandises et l'acheminement du matériel médical et des produits pharmaceutiques en France.
Le pont aérien utilise quelques avions Air France
Bizarrement en France c'est une compagnie russe affrétée par Geodis,filiale de la SNCF et opérant des Antonov qui est en charge de la majorité du pont aérien visant à rapatrier 2 milliards de masques.
Air France opère cependant quelques vols comme celui du 29 mars, du 2 avril avec 2,5 millions de masques et celui du 31 mars qui a été bloqué alors qu'un pilote a été testé positif au Covid-19. Le pilote a été mis en quarantaine par les autorités chinoises.
Du coup les vols cargo prévus les 5 et 6 avril entre Paris et Shanghai ont été suspendus. «Des discussions sont en cours avec les autorités chinoises pour une reprise rapide des opérations de transports de fret de et vers la Chine» nous a précisé Air France.
Pour le moment l'état n'a pas demandé à la compagnie nationale d'utiliser ses avions passagers inutilisés pour transporter ces équipements alors que l'opération coûte un million d'euros par vol en Antonov 124 soit 15 millions d'euros au total et que de nombreux employé d'Air France sont au chômage partiel. Il faut savoir que pour sortir du confinement la France va avoir besoin de beaucoup plus de masques et il faudrait donc en commander encore bien plus.
Les avions inutilisés d'Air France pourraient alors être utiles. (NDLR: finalement on a appris ce mercredi 8 avril qu'Air France allait être beaucoup plus mise à contribution pour le pont aérien, voir).
Même si l'Antonov a une bien plus grande capacité, certains estiment en sus que les Antonov 124 sont très chers et ne sont pas adaptés pour du fret léger et fragile alors que les cartons ne peuvent pas être gerbés en hauteur sans risque d'écrasement.
Selon des spécialistes cités par l'Opinion, des B747-800 auraient pu être utilisés pour charger 21 millions de masques sur deux ponts. L'Antonov étant mieux adapté au transport de fret lourd hors dimension.
Malgré la hausse du fret médical, le marché du cargo est en récession
En attendant même au niveau cargo malgré cette hausse de la demande de matériel médical, l'optimisme n'est pas de rigueur.
En février la demande aurait baissé de 1,4% en cargo tonnes kilomètres voire même de 9,1% si l'on prend en compte l'impact du nouvel an chinois qui a eu lieu en février 2019 au lieu de janvier l'an passé.
Selon la IATA, a production manufacturière en Chine, l'un des plus grands marchés du fret aérien au monde, a fortement chuté en raison des fermetures généralisées d'usines et des restrictions de voyage. Les commandes à l'exportation mondiales sont par ailleurs tombées à un niveau historiquement bas et l'indice mondial des directeurs d'achat (PMI) est en repli, tous les principaux pays commerçants signalant une baisse des commandes.
Du fait de la réduction des activités de passagers des compagnies aériennes en raison des restrictions de voyage imposées par le gouvernement en raison de COVID-19, une importante capacité de fret a été perdue ce qui a eu de graves répercussions sur les chaînes d'approvisionnement estime la IATA.
Les chiffres devraient être similaires voire pire pour le mois de mars alors que les mesures de confinement ont été prises par de nombreux grands pays le mois dernier.