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ITB 2023 : vers des voyages moins émetteurs de CO2 et plus chers?

ITB 2023 : vers des voyages moins émetteurs de CO2 et plus chers?

Alors que les voyages en train ont récupéré leur niveau d’avant Covid, les compagnies aériennes travaillent pour accélérer la reprise au niveau long-courrier et à limiter leurs émissions de CO2. Lufthansa propose notamment de nouveaux tarifs Green Fares. La politique énergétique de l'UE et les règles drastiques exigées d'ici 2030 vont sans doute conduire à une hausse des tarifs des billets d'avion...

Contrairement aux liaisons long-courriers aériennes qui n’ont pas encore retrouvé leurs niveaux d’avant le Covid, les voyages en train ont connu une accélération ces derniers mois.

Selon Björn Bender le président de Rail Europe, « la reprise de l’industrie aérienne a été bonne. Si l’on compare les chiffres de 2022 avec ceux de 2019, on constate qu’ils sont 10% supérieurs au niveau d’avant le Covid. Je dirais que dans les prochaines années et décennies cela sera le temps des trajets en train alors que les pays d’Europe investissent des milliards d’euros dans de nouvelles infrastructures ».

Mais cette vogue pour les voyages en train a un coût pour les voyageurs. Au Royaume-Uni les billets de trains ont désormais 20% plus cher en terme réel qu’ils ne l’étaient quand le réseau a été privatisé au début des années 90.

En France la SNCF a annoncé une hausse des tarifs de 5% en moyenne depuis le 10 janvier 2023. Les nouvelles obligations environnementales notamment sur la ligne TGV Paris-Bordeaux ont poussé les frais de péage à la hausse et ceux-ci se répercutent naturellement sur les voyageurs de même que les hausses des prix de l’énergie.
La baisse de concurrence de l’aérien sur certaines liaisons TGV a sans doute aussi joué un rôle.

Du fait des problèmes du nucléaire en France et des coûts astronomiques dépensés par certains pays comme l’Allemagne pour migrer vers les énergies renouvelables l’énergie pourrait être durablement chère en Europe ce qui aura un impact sur les voyages en train mais aussi en avion.

Va-t-on vers des voyages plus chers à cause des prix élevés de l'énergie en Europe?

Après une augmentation de 22% en 2022, les spécialistes du secteur estiment que les tarifs aériens pourraient augmenter de 25% cette année. Ainsi comme le note Le Parisien « pour A/R vers Pointe-à-Pitre cet été, il faudra dépenser 968 euros en moyenne contre 672 euros pour Montréal soit une hausse dans les deux cas de 41% par rapport à 2022. Un vol vers la Réunion coutera 1063 euros soit une hausse de 28% contre 22% pour un vol vers Marrakech (253 euros) ».

Hormis les coûts plus élevés dus à la politique énergétique de l’UE, Bruxelles aura là encore la faute du fait de la réglementation européenne drastique vis à vis des compagnies aériennes en Europe. L’UE a pour but de réduire ses émissions de CO2 de 55% d’ici 2030 par rapport à 1990 et d’avoir 45% d’énergies renouvelables d’ici 2030. Karima Dellin présidente de la Commission es Transports et du Tourisme estime notamment que l’Europe doit créer une filière sur les carburants SAF avec un projet nommé ReFuelEU Aviation.

Les réglementations européennes vont obliger les compagnies aériennes à réduire fortement leurs émissions de CO2 : cela aura un coût

De nombreuses compagnies ont déjà commencé à intégrer du SAF comme carburant pour leurs vols à l’image d’Air France qui a signé l’an passé un accord pour acheter 1,6 million de tonnes de carburant durable commandé à la société finlandaise Neste pour la période de 2023 à 2030 et 600000 tonnes à l’entreprises américain DG Fuels pour la période 2027-2036.

Le problème c’est que ces carburants SAF ajoutent un surcoût par rapport au kérosène classique qui est déjà plus cher depuis 2022 du fait des tensions sur le marché énergétique européen. Air France vise ainsi à une baisse de 30% de ses émissions d’ici 2030 par rapport à 2019.

Lufthansa pour jouer la transparence ou pour mieux « Marketer » cette obligation a lancé les tarifs Green Fares.

greenfares lufthansa

Ces tarifs plus élevés consistent à réduire de 20% les CO2 d’un vol via le carburant durable SAF les 80% restants étant compensé par des projets de protection du climat.

Ainsi les Green Fares peuvent être réservés dans toutes les classes de vol de Lufthansa : Economy Light, Economy Classic, Economy Flex, Business Saver ou Business Flex. Ces tarifs offrent 20% de miles statut en plus et 20% de miles award en plus.

On voit que les tarifs aériens sont soumis à deux pressions inflationnistes de long-terme : la hausse du coût de l’énergie qui devrait rester importante en Europe contrairement aux Etats-Unis ou à la Chine et les politiques vertes assez drastiques de l’UE qui vont peser sur la compétitivité des compagnies aériennes européennes.

A cela s’ajoute la reprise de la demande des voyages loisirs qui a été forte en 2022 et la reprise plus récente des voyages Business. Les revenus de Lufthansa dans le domaine du Business Travel ont atteint 70% des niveaux de 2019 l’an passé avec un niveau de passagers Business atteignant 60% des chiffres pré-Covid.

Lufthansa prévoit d’atteindre 80% des niveaux de 2019 pour les revenus en 2023 et 70% des niveaux passagers. Lufthansa espère notamment une forte reprise des voyages vers l’Asie avec le Japon et la Chine en pointe. Lufthansa note aussi la lassitude des voyageurs d’affaires pour les Visio-conférences. « Cette manière de gérer un Business ne fonctionne pas nous le voyons dans le PME et aussi dans une moindre mesure dans les grandes sociétés. Les individus vont voyager plus » a déclaré Carsten Spohr lors du salon ITB de Berlin.

Pour les voyageurs cela devrait signifier des tarifs plus élevés en 2023…

Crédit photo : © Messe Berlin GmbH