L’arrivée de Javier Milei au pouvoir va-t-elle permettre de transformer l’économie argentine?
Alors qu’il était arrivé en seconde position au second tour derrière Sergio Masse l’ancien ministre de l’économie, Javier Milei a finalement gagné la présidentielle en Argentine avec 55,6% des voix contre 44,3% des vois pour Sergio Massa.
Il n’est pas étonnant que les argentins aient choisi Javier Millei alors que l’inflation a atteint 143% sur un an et que cette politique avait été mise en place par son concurrent Sergio Massa.
Lors d’un séjour le mois dernier à Buenos Aires, j’avais pu sondé les argentins et nombreux étaient ceux à soutenir Javier Milei. Mon chauffeur de taxi en me raccompagnant à l’aéroport m’avait assuré qu’il voterait Javier Milei. « Les politiciens au pouvoir sont corrompus. Regardez le niveau de l’inflation cette année. Ils mènent une politique comme au Venezuela d’où je viens: l’inflation est trop forte et les aides sociales sont trop importantes pour ceux qui ne travaillent. Je voterai Milei car je suis vénézuélien et j’ai vu comment où une politique trop socialiste conduisait notre pays ».
En me baladant dans les villes j'ai pu voir de nombreuses affiches où l'ancien ministre de l'économie Sergio Massa était très décrié (voir ci-dessous).
Alors que le pays jouit d’immenses ressources naturelles et qu’il devrait être parmi les plus riches au mode, beaucoup dont Milei ont critiqué la corruption de la classe politique au pouvoir. « La Casta tiene miedo (la caste a peur) et Viva la Libertad cargo! (Vive la liberté bordel) étaient les slogans qui ont résonné au cours de la campagne et dans son QG après les résultats.
L’inflation conjuguée à l’énorme dette du pays a conduit une grande partie de la population soit 40% à vivre sous le seuil de la pauvreté, ce qui a développé l’insécurité particulièrement à Buenos Aires, une ville pourtant très agréable.
L’ex président américain Donald Trump l’a congratulé en disant qu’il allait « faire à nouveau de l’Argentine un grand pays ». Elon Musk s’est aussi félicité de la victoire de Milei en déclarant : « la prospérité va arriver en Argentine ». Les principales organisation d’entrepreneurs en Argentine ont également salué la victoire de Milei.
Malgré sa critique des politiciens, Javier Milei a cependant su compter sur le soutien de Mauricio Macri et Patricia Bullrich au second tour. Pour faire passer ses réformes à partir du 10 décembre, Milei devrai cependant compter avec la forte présence du péronisme au Sénat dont le parti PJ détient quasiment la majorité.
Milei veut dollariser l'économie, réformer le code du travail et réduire les dépenses publiques
La politique économique de Milei vise à dollariser l’économie argentine. Cela signifie que comme en Equateur le Dollar pourrait devenir la monnaie du pays au détriment du peso argentine. Milei veut aussi fortement réduire elles coûts publics et le poids du secteur public du pays. « Nous parlons d'une réforme de l'Etat dans laquelle nous baissons les dépenses publiques, les impôts et nous supprimons des réglementations pour être plus compétitifs fiscalement » aexpliqué Milei selon le quotidien Clarin. Le président veut aussi réformer le code du travail. « La première chose qu’ils mentionnent à huis clos, c’est qu’ils vont alléger la pression fiscale et le coût du travail avant d’ouvrir l’économie. Ils proposent qu'il y ait une transition axée sur la préservation des emplois et du fonds de roulement des entreprises».
En France Macron comme Milei avait surfé sur la lassitude des anciens partis mais sa politique économique n'a pas convaincu
Il reste à savoir si ses promesses seront réalisées. En France Macron avait surfé sur les mêmes désaffections des citoyens pour les grands partis politiques mais sa politique économique a conduit à un déficit du commerce extérieur jamais vu en France et à une augmentation très forte de la dette publique du pays.
Le secteur immobilier l’un des poids lourds du pays est actuellement en berne. La politique initiée par l’UE et le gouvernement actuel qui vise à rénover de force les logements via les DPE va coûter extrêmement cher aux propriétaires français et va renchérir considérablement le prix des loyers dans le futurs en forçant les propriétaires à investir des sommes folles pour l’isolation thermique ou le changement des chaudières. Une crise du logement est à prévoir dans les 5 prochaines années. De même la politique d'investissement sur les renouvelables dictée par l'Europe et l'obligation d'acheter des véhicules électriques neuf en 2035 va contribuer à doper l'inflation. Charles Gave fait d'ailleurs un bilan très sombre ce jour de l'économie française. Macron a donc fortement déçu ses électeurs au niveau économique.
Espérons que Milei au contraire de Macron mène une politique de développement viable pour son pays et abaisse le poids des prélèvements obligatoires qui en Argentine comme en France ont pris une ampleur démesurée. Cela sera cependant difficile alors que son parti,la Libertad avanza avec seulement 38 députés sur 257 et 8 sénateurs sur 72...