L'Etat souhaite équilibrer les relations contractuelles entre les hôtels et les centrales de réservation sur Internet.
La Commission d’Examen des Pratiques Commerciales (CEPC) a récemment rendu un avis soulignant l’existence de clauses considérées illicites.
Via ces clauses, les centrales de réservations interdisent aux hôtels de proposer directement aux consommateurs des tarifs plus attractifs que les leurs (clauses dite de parité tarifaire), ou imposent la mise en vente sur leur plate-forme de la dernière chambre disponible.
«Ces clauses entravent significativement la liberté commerciale des hôtels et restreignent la concurrence» a estimé la Commission.
De telles clauses ont été détectées par la DGCCRF à l’occasion d’investigations récentes qui ont conduit à assigner en justice le groupe Expedia, propriétaire du site internet hotels.com. Une assignation concernant une autre centrale de réservation est en cours d’élaboration et devrait intervenir d’ici la fin de l’année.
«En tant que de besoin, d’autres actions de ce type pourront être engagées, afin de faire constater par le juge l’existence d’une entrave abusive à la liberté commerciale et tarifaire des hôteliers» indique le Gouvernement
Pour Sylvia Pinel, « les agences de voyages en ligne permettent une meilleure visibilité de l’offre d’hébergements au niveau international, mais les relations contractuelles doivent être davantage équilibrées entre les centrales de réservation et les professionnels. C’est le sens des actions engagées par le Gouvernement. Nous encourageons aussi les professionnels du tourisme à se rassembler pour faire du numérique une opportunité de développement».
« Les plateformes de réservation accroissent le nombre de canaux de distribution, et facilitent pour les consommateurs la comparaison et l’achat des prestations. Mais le gouvernement est également particulièrement attentif à ce que la puissance de marché acquise par ces opérateurs ne donne pas lieu à des abus au détriment de l’équilibre de leurs relations contractuelles avec les établissements hôteliers. C’est la raison pour laquelle j’ai placé le secteur de la réservation en ligne d’hôtels sous surveillance» estime de son côté Benoit Hamon.
«Au-delà du secteur du tourisme, cette situation illustre que le numérique concerne tous les secteurs de l'économie et qu'une réponse globale est souhaitable pour garantir que le fonctionnement d'Internet n'est pas régi par une poignée de géants du numérique. C'est le sens des conclusions du Conseil européen des 24 et 25 octobre dernier à travers l'affirmation du principe d'un espace numérique ouvert et l'attention à porter aux "goulets d'étranglement" que constituent les plateformes dominantes» a affirmé de son côté Fleur Pellerin.
Le problème n'est cependant pas si simple car au final, les centrales de réservation, comme toutes les entreprises, ne cherchent qu'à maximiser leurs revenus.
Elles ont investi des millions de dollars dans les nouvelles technologies et en attendent des résultats.
Le vrai problème pour l'Europe et la France est le manque de vision des politiques et des entrepreneurs dans ce domaine depuis les 20 dernières années...
Les géants du numérique sont pour la plupart étrangers.
Si l'on fait une comparaison, le rapport de force entre les petits producteurs agricoles et les grandes surfaces est le même qu'entre les centrales de réservations et les hôteliers.
Mais dans le cas de la grande distribution, la France et l'Europe sont plutôt bien positionnés avec des groupes de taille mondiale...et les petits producteurs agricoles pressés comme des citrons.
Il y a peut-être des abus de la part des centrales, mais le vrai problème reste le sous-investissement numérique français et européen, la sous capitalisation, la sous représentation européenne et française chronique dans les grands secteurs du numérique...