L'Association du transport aérien international a publié ses derniers chiffres sur la production de carburant d'aviation durable (SAF) prévue en 2024.
Environ 1,875 milliard de litres de SAF devraient être produits l’année prochaine, soit trois fois plus que les 600 millions de litres produits en 2023 et le double des 300 millions de litres produits en 2022.
Mais l'IATA a souligné que les chiffres pour 2024 ne représentent que 0,53 pour cent des besoins en carburant de l'industrie aéronautique, et a averti que la production de SAF ne devrait représenter que 6 pour cent de tous les carburants renouvelables produits l'année prochaine, dont 94% seront destinés à d'autres secteurs.
L'IATA a déclaré que « la demande n'est pas le problème », ajoutant que « chaque goutte de SAF produite a été achetée et utilisée ».
« Au moins 43 compagnies aériennes se sont déjà engagées à utiliser quelque 16,25 milliards de litres de SAF en 2030, et de nouveaux accords sont régulièrement annoncés », a indiqué l'association.
« Libérer l'offre pour répondre à la demande est le défi qui doit être résolu : les projections prévoient que plus de 78 milliards de litres de carburants renouvelables seront produits en 2029. Les gouvernements doivent établir un cadre politique qui incite les producteurs de carburants renouvelables à allouer 25 à 30 % de leur production pour répondre aux objectifs CAAF/3, aux politiques régionales et nationales existantes ainsi qu’aux engagements des compagnies aériennes.
British Airways a récemment annoncé avoir obtenu un financement de 9 millions de livres sterling pour son partenariat sur le carburant d'aviation durable (SAF), baptisé Project Speedbird.
Le transporteur travaille avec la société de technologies propres Nova Pangea Technologies (NPT), basée à Teesside, et La société SAF LanzaJet qui convertit l’éthanol en SAF. Le projet devant produire 102 millions de litres de SAF par an d'ici 2028. L'IATA a déclaré qu'environ 85 pour cent des installations SAF qui seront mises en service au cours des cinq prochaines années utiliseront une technologie reposant sur des graisses animales non comestibles, des huiles de cuisson usagées et des graisses industrielles comme matières premières.
L'association a averti que des quantités limitées de ces produits nécessiteront une augmentation de la production via d'autres filières déjà certifiées, notamment Alcohol-to-Jet (AtJ) et Fischer-Tropsch (FT), ainsi que l'accélération de la certification des nouvelles filières de production de SAF.
« Le doublement de la production de SAF en 2023 était encourageant, tout comme le triplement attendu de la production en 2024 », a déclaré Willie Walsh, directeur général de l'IATA.
« Mais même avec cette croissance impressionnante, la part du SAF dans la production totale de carburants renouvelables ne dépassera que de 3 % cette année à 6 % en 2024. Cette allocation limite l’offre de SAF et maintient les prix élevés.
« L’aviation a besoin de 25 à 30 % de carburant renouvelable SAF. À ces niveaux, l’aviation sera sur la trajectoire nécessaire pour atteindre zéro émission nette de carbone d’ici 2050. Tant que de tels niveaux ne seront pas atteints, nous continuerons de rater d’énormes opportunités pour faire progresser la décarbonisation de l’aviation. C'est la politique gouvernementale qui fera la différence. Les gouvernements doivent donner la priorité aux politiques visant à encourager l’intensification de la production de SAF et à diversifier les matières premières avec celles disponibles localement ».
Le mois dernier, Virgin Atlantic est devenue la première compagnie aérienne à opérer un vol transatlantique propulsé à 100 % par du SAF : un mélange de 88 % d'esters et d'acides gras hydrotraités (HEFA) et de 12 % de kérosène aromatique synthétique (SAK), fourni par Air bp et Virent.
Des dirigeants de compagnies aériennes ont critiqué la politique de l'UE dans ce domaine comme le patron de Lufthansa. La politique de l'UE qui devrait être mise en place à partir de 2025 obligera les compagnies européennes à utiliser un minimum de 2% de SAF et de 6% en 2030. L’objectif étant d’atteindre 70% en 2050.