Au Royaume-Uni, la commission des comptes publics a critiqué la gestion par le gouvernement des restrictions de voyage pendant la pandémie de Covid-19. On aimerait bien qu'une telle pensée critique soit possible en France...
Au contraire de nombreux journalistes et magazines qui ont encensé la politiques gouvernementales y compris dans le tourisme, nous avons souvent critiqué la gestion de la crise Covid par le gouvernement français y compris les restrictions de voyages. La presse se doit en effet d'informer en toute objectivité d'autant si ces mesures sont peu utiles et freinent la liberté de déplacement et de voyager, un droit de l'homme essentiel.
Au Royaume-Uni, un rapport de la Commission des comptes publics est très critique vis à vis de la politique du gouvernement anglais concernant les restrictions de voyage.
Pas d'évaluation de l'efficacité du classement des pays par code couleur
Dans un rapport publié cette semaine, le Comité indique que la gestion des voyages transfrontaliers a été un élément essentiel des mesures de santé introduites par le gouvernement pendant la pandémie. « Malgré des dépenses d'au moins 486 millions de livres sterling pour la mise en œuvre de son système de feux de circulation ( avec les pays classé par couleur comme en France), le gouvernement n'a pas suivi ses dépenses pour la gestion des déplacements transfrontaliers et n'a pas fixé d'objectifs clairs. En conséquence, il ne sait pas si le système a fonctionné ou si le coût valait la perturbation causée ».
Une phrase qui montre bien que l'intérêt de ces restrictions n'a pas été réellement évalué.
Le coût énorme de la quarantaine pour les voyageurs et les contribuables
Avec le système de feux de circulation au Royaume-Uni, les voyageurs en provenance des pays «rouges» devaient payer pour être placés en quarantaine dans des hôtels. Le coût total de cette mesure a été évalué à 757 millions de livres sterling, dont 428 millions de livres sterling pour les voyageurs et 329 millions de livres sterling pour les contribuables.
Le coût a été énorme alors que le programme était censé s'autofinancer. La facture a été évaluée à 2 200 £ pour un adulte seul sur 10 jours en août 2021.
Le rapport indique que dans seulement 2 % des hôtels utilisés pour la quarantaine, les clients ont été testés positifs.
Le résultat réel du programme de quarantaine a été « la confusion et la perturbation », estime le Comité.
Le rapport poursuit en disant que « de même, son incapacité à développer des données adéquates pour éclairer ses décisions signifie qu'il ne connaît pas l'impact sur la santé publique de l'octroi de 2,5 millions d'exemptions au niveau de certaines exemption données dans le cadre de ce système.
Le Comité pointe que :
- le gouvernement s'est appuyé sur des entreprises du secteur privé (« transporteurs ») pour mettre en œuvre des contrôles sur les documents de santé additionnels, et sur le public pour comprendre et se conformer à ce qui était exigé . Malgré ce rôle clé et les coûts encourus, le gouvernement n'a accordé aucun soutien supplémentaire spécifique aux transporteurs.
- le gouvernement n'a pas clairement communiqué les modifications apportées aux mesures aux transporteurs ou au public. Le gouvernement a modifié les règles au moins 10 fois entre février 2021 et janvier 2022, mais a donné peu de temps à l'industrie du voyage pour adapter ses opérations à ces changements.
Le Comité a constaté que :
- les voyageurs ont trouvé les règles difficiles à comprendre et que 40% des personnes ne connaissaient pas les règles d'auto-isolement.
- les ministères n'ont pas réussi à protéger le contribuable et le public contre le risque de fraude et la mauvaise qualité de service des fournisseurs de tests COVID-19 pour les personnes voyageant au Royaume-Uni, ni à poursuivre vigoureusement la fraude qui s'est produite.
En conclusion, la députée Dame Meg Hillier, présidente du Comité des comptes publics, a déclaré : « l'approche des contrôles aux frontières et de la quarantaine a provoqué une énorme confusion et des perturbations avec 10 changements en un an. Et maintenant, nous pouvons voir qu'il n'est pas clair ce que cela a permis. Nous pouvons être clairs sur une chose : le coût pour le contribuable de subventionner des hôtels de quarantaine coûteux et des millions des contribuables dépensés pour des mesures sans plan ni raisonnement apparent et peu de vérifications ou preuves précieuses que cela fonctionnait pour protéger la santé publique ».
Mark Tanzer, directeur général de l'ABTA - The Travel Association, a déclaré : « les restrictions imposées par le Royaume-Uni tout au long de la pandémie ont paralysé les voyages, des centaines de milliers de personnes ont perdu leur emploi et leurs moyens de subsistance, et l'industrie ressent toujours les effets de ces politiques. La protection de la santé publique est la priorité absolue en cas de pandémie, mais les mesures mises en place doivent être étayées par des preuves et proportionnées au risque. Il est important que le gouvernement tire les leçons des deux dernières années et adopte une approche sensée et fondée sur des preuves pour faire face à toute variant ou pandémie future, et dispose d'un système de soutien financier en place pour les entreprises ».*
On aimerait qu'une telle pensée critique soit possible en France alors que les restrictions de voyage au Covid ont causé un grand tort à de nombreuses entreprises dans le secteur des voyages. A ce titre des mesures excessives sont toujours en place comme la nécessité de réaliser des tests de retour de voyage pour les français non vaccinés. Les fabricants de vaccins pourront dire merci au gouvernement français.
Le rapport complet de la Commission anglaise est téléchargeable ci-dessous :