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Novespace : «les vols commerciaux financent les projets scientifiques»

BusinessTravel.fr a rencontré l'astronaute français Jean-François Clervoy. Il nous éclaire sur les vols paraboliques commercialisés par sa société Novespace ainsi que sur sa vision concernant les différents projets de vols suborbitaux initiés par Airbus, Virgin, Xcor...

vols paraboliques novespace

Entretien avec Jean-François Clervoy, astronaute et président de Novespace.

Background: Jean-François Clervoy est astronaute de l'Agence Spatiale Européenne. Il a effectué 3 missions à bord de la navette spatiale américaine soi un total de 28 jours dans l'espace et dirige désormais la société Novespace qui commercialise des vols paraboliques en impesanteur pour le grand public au départ de l'aéroport de Mérignac à Bordeaux.

BusinessTravel.fr : pourquoi Novespace a-t-elle été créée?

Jean-François Clervoy : l'objectif premier de Novespace est d'opérer des vols paraboliques pour effecteur des expériences scientifiques en impesanteur. Les vols paraboliques apportent un avantage par rapport à l'espace: le chercheur lui-même peut effectuer la manipulation. Quand je suis arrivé chez Novespace la société n'offrait que des vols scientifiques et j'étais convaincu de la nécessité de proposer des vols au grand public. Il a fallu créer un cadre en France pour ces vols paraboliques, ce qui a pris du temps : on a lancé les démarches en 2009. Nous avons ouvert nos vols paraboliques au grand public en 2013, car nous voulions que cela rapporte de l'argent pour financer la recherche scientifique. Nous avions également un second objectif: mieux communiquer sur l'espace. Mais la recherche reste toujours le coeur de notre activité puisque sur les 119 vols de l'A300, 6 seulement ont été ouverts au grand-public (3 en 2013 et 3 en 2014).

BusinessTravel.fr : pourquoi avoir choisi de doubler cette année le nombre de vols commerciaux? Pourtant même avec 5-6 vols par an cela reste peu au regard du marché mondial et du nombre de millionaires sur la planète…

Jean-François Clervoy : notre A300 était arrivé en bout de vie et nous cherchions un nouvel avion. On avait fait une première offre à l'armée de l'air allemande qui vendait aux enchères ses A310. Nous avons manqué le premier à quelques 100000 euros près. Nous avons donc décidé de passer via des négociations entre les Ministres français et allemands pour acquérir l'avion, ce qui a pris du temps. Nous avons même envisagé un partenariat avec Airbus pour utiliser l'A380, mais avant qu'on le signe, nous avons eu une réponse positive de l'Allemagne pour la vente de leur 2ème A310 au prix du marché.

airbus a310 g novespace

Pour la petite histoire, notre nouvel A310 transportait la chancelière allemande Angela Merkel : sa dernière mission fut de l'emmener au 70ème anniversaire du débarquement allié en Normandie.

C'est ce nouvel avion qui nous permet de doubler l'offre à 5-6 vols commerciaux par an et c'est déjà beaucoup. On va vivre comme ça pendant un ou deux ans même si l'on pense que l'on pourrait aller jusqu'à 10 vols par an à terme. Cela serait bénéfique à la recherche spatiale car plus on fait de vols commerciaux et plus on peut réaliser de vols scientifiques: c'est cela qui rend notre modèle unique. Mais jusqu'à présent nos vols ciblaient surtout des passionnés et nous commençons à réfléchir à des partenariats pour attirer d'autres clients. Lors du vol du 17 juin, 2 passagers avaient déjà effectué deux vols avec nous.

BusinessTravel.fr : Comment se déroule un vol parabolique Novespace ? Quel est son coût pour les passagers commerciaux?

Jean-François Clervoy : l'avion effectue 15 paraboles. La première recréée la pesanteur réduite de la planète Mars (35 secondes), les deux autres celle de Lune (25 secondes à chaque fois) et les 12 suivantes un état d'apesanteur d'une durée de 22 secondes, soit au total 4 minutes et demi d'impesanteur pour les passagers.
Nous sommes les seuls en Europe à proposer des vols paraboliques même si un concurrent existe aux Etats-Unis : Zéro G Corp. Cette société a d'ailleurs repris la marque Zero G que nous avions déposé en Europe mais non aux Etats-Unis (NDLR: l'avion de Novespace s'appelle A310ZERO-G).  Nous proposons les vols à 5000 euros HT par siège et 40 sièges par vol. On ne prévoit pas de baisser les tarifs car nous souhaitons qu'ils fournissent tous la même contribution au financeent de la recherche.

BusinessTravel.fr : Pensez-vous qu'un jour les vols dans l'espace vont se populariser?

Jean-François Clervoy : pour les vols suborbitaux, il y a plusieurs projets. Le projet d'Airbus est intéressant car la compagnie a mis la barre très haut avec un programme de certification identique aux avions de ligne. L'étude de l'avion est avancée mais ils cherchent des sponsors privés car ils ne veulent sans doute pas associer directement la marque Airbus à un projet de tourisme spatial : d'où leur souhait de n'être que constructeur.

L'originalité du projet d'Airbus est de combiner à la fois un avion et une fusée : l'avion comprend deux turboréacteurs d'avion sur les côtés et un moteur fusée en bout de fuselage.

Au contraire, le SpaceShip de Virgin utilise un avion porteur pour l'emmener à haute altitude puis une fois largué met en route son moteur fusée. L'avion d'XCor contrairement aux autres projets est plus petit et ne dispose que d'un siège passager. Il est équipé de quatre moteurs fusée qui servent à la fois au décollage horizontal et à l'ascencion vers la frontière de l'espace.

L'accident de Virgin a sans doute retardé le lancement des premiers vols suborbitaux, mais nul doute que les projets sont là!

www.novespace.fr

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