Vivant à 100 à l’heure et centrée sur le commerce, Shanghai a ouvert la voie de la Chine moderne. Nous avons été découvrir comment cette ville se prépare à accueillir la plus grande manifestation jamais vue : l'exposition universelle de 2010.
Dans le centre de Shanghai, en face de la Place du Peuple, se trouve le Shanghai Urban Planning Exhibition Hall, ou centre de planification urbaine. Sur le seuil de l’entrée, des numéros digitaux se succèdent l'un après l'autre, décompte des jours jours restant avant que la ville n’accueille le plus grand événement du monde. En 2010, l'Exposition Universelle sera inaugurée, avec près de 200 pays participants, et un chiffre stupéfiant : 70 millions de visiteurs attendus sur une période de six mois.
La première Exposition Universelle a eu lieu en 1851, à la demande de la Reine Victoria, à Hyde Park, Londres. La Reine souhaitait faire de cet évenement une vitrine de la grandeur de la Grande-Bretagne, en tant que nation industrielle et artistique. Crystal Palace a été construit spécialement à cette occasion. La Reine d'Angleterre aimait tellement le design du bâtiment, qu’une fois l'exposition terminée, elle a déplacé et reconstruit toute la structure de verre dans son palais du sud-est de Londres.
Bien que Crystal Palace ait brûlé depuis, l'Expo Universelle est devenue une institution, avec la garantie pour le pays hôte de briller sous le feu des projecteurs . Shanghai a réservé un espace de 5,28 kilomètres carrés entre les Pont de Nanpu et de Lupu, des deux côtés de la rivière Huangpu pour cet événement. Le thème principal de l'exposition sera la vie urbaine et son slogan est: « Une meilleure ville. Une meilleure vie ».
Shangaï : le poumon économique de la Chine moderne
Ce n’est pas surprenant. Shanghai est le plus grand centre économique et de transport en Chine et est, selon le Rough Guide to Shanghai, depuis le début des années 1990 la ville à plus forte croissance que le monde ait jamais eu. En 2020, elle devrait être la plus riche région économique dans le monde!
Theresa, mon guide de Destination China, explique le développement rapide de la ville. Nous sommes debout sur la plus célèbre rue de Shanghaï, le Bund (également connue sous le nom de Champs-Élysées de la Chine), qui comprend certains des plus beaux édifices coloniaux de Shanghai, de l’Hôtel de la Paix à la Banque de Chine.
Le Bund était un centre de commerce à la fin du 19ème siècle, grâce aux investissements de banques internationales et des concessions étrangères autonomes, dont les concessions britanniques et françaises. Aujourd'hui, les personnes âgées viennent ici pour des promenades romantiques le long du front de mer, et les jeunes pour la vie nocturne.
Pudong, la ville nouvelle de Shangaï
De l'autre côté de la rivière c’est le visage moderne de Shanghai, le Pudong. « Il y a vingt ans, toute cette zone était pleine de rizières », dit Theresa, pointant le doigt vers l'impressionnant ensemble de bâtiments, droits comme un groupe de rockers punk, avec chacun sa propre coiffure.
C'est le sommet des bâtiments qui les distinguent les uns des autres - chaque architecte essayant de surpasser son prédécesseur. « La ville change tellement que désormais nous devons éditer de nouveaux plans de la ville tous les six mois », ajoute-t-elle.
Pour se faire une meilleure idée de l'ampleur de la ville de Shanghai, nous nous dirigeons vers le Shanghai Urban Planning Exhibition Hall. L'intérieur est une grande salle avec une maquette sculptée, parfaite reproduction de la ville. Pudong s’étend de plus en plus vers l'extérieur (avec la construction pour l’Expo Universelle) et en hauteur - le Centre Financier est presque terminé, ce sera le plus grand bâtiment de Chine et le troisième plus haut du monde.
Il abritera également un hôtel Park Hyatt sur les étages 79 à 93, soit le plus haut hôtel du monde. Theresa synthétise : « Dans le Pudong, tout est plus grand et mieux fait ».
Il apparaît comme un quartier de rêve - nous regardons un film IMAX, un voyage virtuel en 3D, plongeant dans les rues immaculées et sans circulation de Shanghai, tandis qu’une voix profonde et calme répète : « Une meilleure ville. Une meilleure vie ». Assurément cela donne une idée de la taille de la mégalopole (et donne un peu le vertige), mais ce n'est pas le monde réel.
Ian L Jones est le directeur général du tout nouveau Swissotel Grand Shanghai (voir notre test de l’hôtel grand Shangaï) dans le quartier d’affaires Jing'an de l'autre côté de la rivière Pudong. En discutant avec lui au bar de la réception, le Flow, il m’explique que la ville doit suivre le rythme qu’elle s’est imposé. « Shanghai est en train de devenir rapidement le cœur de l’Asie en terme de MICE (Meetings, Incentives, Conférences et Expositions), avec des réunions d'entreprise et des événements ininterrompus jusqu'à l'Expo universelle de 2010. »
Autour du nouvel hôtel, on perçoit bien le potentiel du marché MICE le Swisshotel est doté de deux salles de bal, six salles de conférence et un personnel dédié. Mais le problème ne concerne pas les sites, explique Jones : « Pour l'Expo, le problème vient de l'infrastructure, et particulièrement pour se rendre aux centres de conférence de Pudong. Cela peut prendre une heure à cause du trafic sur Jing'an, ils ont vraiment besoin d’améliorer l'infrastructure. »
5600€ pour avoir le droit de conduire!
Le gouvernement dispose d'un moyen de contrôler le trafic - en freinant le nombre d'automobilistes avec des prix exorbitants pour l’attribution de plaques d'immatriculation (et donc le droit de conduire une voiture). Theresa explique qu’il faut acheter une plaque d'immatriculation de voiture aux enchères : les prix peuvent atteindre 50 000 CNY (une somme de 5600 €), bien que le prix ait récemment chuté à un seuil plus raisonnable de 35 000 CNY (3900 €). Les gens acceptent de payer ces prix, car avoir une voiture est un symbole de statut social en Chine.
Si les routes sont une source de préoccupation, il existe d'autres options.
Le train à sustentation magnétique (Maglev) parcourt les 30 kilomètres séparant l'aéroport de Pudong à la ville en un temps record de 7min20 et coûte 50 CNY (5,60 €) pour un trajet simple (à comparer aux 2 heures en voiture). Le système de métro est également de bon niveau, il comportera 13 lignes d'ici 2010, et 18 en 2020.
Bien que l'infrastructure puisse poser problème pour les touristes en constante augmentation, il n’y aura à coup sûr aucun problème pour l’hébergement. Tous les grands acteurs hôteliers sont présents : Intercontinental, Hilton, Shangri-La, Marriott, Starwood, Hyatt, Four Seasons, Rezidor et Sofitel.
En fait, à l'heure actuelle, il y a tellement d'options différentes que le fort taux d'occupation dans les hôtels a baissé. Jones explique : « Avec de plus en plus d'hôtels à Shanghai, le taux d'occupation dans les hôtels cinq étoiles a diminué au cours des trois dernières années, de l’ordre de 2 à 5% ». Toutefois, Jones fait également remarquer que le taux d'occupation moyen augmente entre 3 et 10% par an, plaçant Shanghai à la troisième place en Asie après Hong Kong et Tokyo.
Avec l'évolution de Pudong, l’Expo Universelle, et l'engagement du gouvernement pour le tourisme de loisirs ainsi que d’affaires, les grands noms de l’hôtellerie n'ont pas de scrupule à poursuivre leur expansion, à venir. Il y aura bientôt deux nouveaux Shangri-La, un autre Four Seasons, un W et un Park Hyatt dans les prochaines années. La marque Jumeirah du Moyen-Orient prévoit également l’ouverture de son premier hôtel dans la zone Asie-Pacifique en novembre 2008.
Une ville en pleine transformation
Avec tous ces développements, en marchant le long de Nanjing Road, artère moderne et éclairée aux néons, vers la ligne d'horizon des gratte-ciels de Pudong, il est parfois facile d'oublier l’ancien visage du quartier. La ville a une apparence plutôt Occidentale et il est rare qu’un nouveau bâtiment ait tenu compte de la culture et du style shanghaïen.
Il y a soixante ans, 60% de la population vivait dans de minuscules maisons traditionnelles, beaucoup des activités se faisaient dans la rue, manger, se laver ou travailler. Aujourd'hui, la plupart des témoignages du passé culturel de la ville ont été détruits pour faire place à « Une meilleure ville. Une meilleure vie ».
Jones argumente : « Beaucoup plus d'efforts auraient dû être déployés pour préserver ces lieux. Dans un délai d'un an, le marché qui fait l’angle avec le Swissotel aura disparu. Certains quartiers de la ville sont protégés par le gouvernement (comme la concession française), mais c'est une honte que ces quartiers soient si peu nombreux.
Bientôt, il en sera comme pour les hutongs de Beijing – des attractions pour touristes plutôt que des lieux de vie traditionnels. Heureusement, la municipalité de Shanghai a publié des règles et a commencé à protéger certains bâtiments historiques représentatifs du patrimoine et construits avant 1949, y compris des zones résidentielles. »
Une vieille ville encore épargnée, mais pour combien de temps?
Il existe un sanctuaire épargné par la vie modener : la vieille ville, avec ses rues sinueuses, ses magasins et ses salons de thé, sans oublier le charmant jardin Yuyuan datant du 16ème siècle. Il y a bien un air de passé ici, en dépit des essaims de touristes.
Nous nous arrêtons pour regarder des cuisiniers préparer le célèbre xiao long bao (boulettes de porc) par une fenêtre, avant de nous diriger vers le restaurant Lu Bo Lang pour en goûter. Alors que je luttais avec mes baguettes j’ai demandé à Theresa si tout les travaux pour l’Expo Universelle seraient achevés dans les délais. Sans s’arrêter, et avec un regard surpris, elle me répond: « Oui, oui. Bien sûr. » et je la croit.
Kunshan: Du petit village au centre d'affaires
Juste en dehors de Shanghai se trouve Kunshan (18 minutes en train express ou une heure et demie en voiture). C'est une petite ville avec une population d'environ 600 000 habitants, on n’y trouve pas de gratte-ciel et il y a dix ans, la région était couverte de terres agricoles fertiles avec ses rizières en patchwork autour de rivières calmes.
Comme les choses changent ! Aujourd'hui Kunshan est parmi les zones économiques l'une des plus importantes du pays. Elle est classée comme la première « zone franche d’exportation » de Chine et ses revenus rapportent 110 millions de CNY au PIB chinois.
Comme reconnaissance du potentiel du territoire, le gouvernement a facilité l’installation des investisseurs étrangers, en offrant les deux premières années d'impôt, les trois années suivantes étant à moitié prix. Cette initiative généreuse a permis l’implantation de 3500 sociétés d'investissement étrangères (la majorité venant de Taiwan et des États-Unis) de plus de 55 pays. Elles ont investi 20 milliards de dollars à ce jour.
Rainer Tenius, directeur général du Swissotel Kunshan (auparavant un Shangri-La) affirme que le succès du Kunshan est en partie du à sa situation : « Kunshan est à 55km de Shanghai, à 37km de Suzhou et suffisamment proche des deux aéroports pour que ce soit très pratique pour les investisseurs. Sans oublier que le terrain y est moins cher à louer ici qu’à Shanghai. ». Il y a également un train à grande vitesse Shanghai - Pékin via Kunshan qui prend cinq heures.
Du haut du Swissotel, Tenius montre les parcs paysagers et petits chemins, et au-dessous de nous, la terrasse de l'hôtel avec son nouveau bar de jardin, paisiblement installé près d’un cours d'eau douce. un paysage qui contraste avec le rythme de vie effréné de Shanghaï. Outre les bars d'hôtels, le seul divertissement nocturne que j'ai vu était une énorme salle de karaoké, apparemment très populaire auprès des Taïwanais.
L'eau est un élément important à Kunshan avec la proximité du lac Yangcheng, célèbre pour ses crabes d’eau douce qui attire un grand nombre de touristes chinois et internationaux dans la région pendant la saison du crabe (entre septembre et novembre).
À proximité on trouve également la très respectée et extrêmement populaire ville thermale de 900 ans : Zhouzhuang. C'est un bon endroit pour trouver des cadeaux faits main, mais préparez-vous à faire face aux hordes de touristes chinois avec leurs casquettes et parapluies assortis.
En route vers Zhouzhuang nous passons devant trois parcs industriels. L’un produisant le carton des briques de lait, un autre des additifs pour glaces, tandis que le parc des industries de haute technologie rend jaloux les meilleurs centres high-tech du monde.
D'autres hôtels cinq étoiles sont prévus à Kunshan, en complément des hôtels locaux. À l'heure actuelle, le Swissotel est le principal hôtel international de la ville, disposant de 387 chambres et suites, d’une grande salle de bal avec une capacité de 500 personnes, de deux restaurants et du bar Crystal. Il a également une piscine couverte ainsi qu'un spa et fitness.
Tenius conclut que cette ville est un bel endroit pour vivre et travailler, et estime qu'elle se développera rapidement au cours des prochaines années. Nous la croyons sans aucun doute...