«Le marché aérien est dominé par de très grands groupes et ce sera de plus en plus le cas» a affirmé ce matin Jean-Cyril Spinetta, PDG d'Air France lors de la présentation des résultats 2012 de la compagnie.
«Si les européens veulent rester et peser dans les alliances, il faut qu'ils se regroupent» a-t-il plaidé en faveur d'une consolidation du marché.
Le PDG d'Air France-KLM n'a cependant pas donné plus de précisions quant à une montée du groupe français au capital de la compagnie italienne cette année.
En début d'année, le PDG d’Air France Alexandre de Juniac, avait estimé difficile «d’envisager une opération (de montée au capital) en 2013» car «nos moyens ne sont pas spectaculairement améliorés depuis 2012.» «Pour l’instant nous sommes prudents sur toute opération externe»avait-il alors affirmé.
??Par ailleurs, il a réfuté les affirmations de la presse italienne: «Air France n'a jamais signifié à Etihad de ne pas s'approcher d'Alitalia» a-t-il assuré.
En janvier dernier, des éléments avaient filtré dans la presse indiquant qu'Etihad Airways, la compagnie nationale de l'Emirat d'Abu Dhabi, pourrait finalement racheter des actions aux actionnaires minoritaires de la compagnie aérienne Alitalia. Des journaux italiens avaient indiqué qu'Air France s'opposait au projet, ce qu'a donc refuté ce jour le PDG du groupe.
Aujourd'hui les principaux groupes européens concurrents d'Air France sont IAG et Lufthansa et sont fortement consolidés ces dernières années: IAG regroupe notamment Iberia, Vueling, Bmi et British Airways tandis que Lufthansa rassemble Lufthansa Regional Austrian Airlines, Swiss et GermanWings.
Air France a insisté ce matin sur ses différences vis à vis de ses concurrents: au contraire d'IAG et de Lufthansa, les capacités d'Air France ne représentent que 19% du total en Amérique du Nord contre 30% pour IAG et 26% pour Lufthansa.
Il reste que cette zone a été particulièrement rentable pour Air France en 2012 avec une augmentation des recettes passagers-kilomètres de +10,4%: c'est pourquoi le groupe a renouvelé son accord de joint-venture avec Delta pour 10 ans en décembre dernier.
Air France-Delta-KLM et Alitalia réalisent 9,6 milliards de chiffre d'affaires sur l'Amérique du Nord avec 29% des capacités Europe-USA.
Air France se targue d'avoir une plus forte exposition sur les pays émergents que ses concurrents, avec 61% des capacités dans le reste du monde contre 48% pour IAG et 41% pour Lufhansa.
Le Moyen-Orient, une zone où la concurrence est particulièrement féroce, ne représente chez Air France que 20% des capacités contre 22% chez IAG et 33% chez Lufthansa.
Jean-Cyril Spinetta: «toutes les compagnies européennes ont des problèmes de compétitivité»
Au global, Jean-Cyril Spinetta estime que «toutes les compagnies européennes ont des problèmes de compétitivité», d'où les nombreux programmes de réductions de coûts mis en oeuvre actuellement en Europe comme le plan Transform 2015 chez Air France qui devrait particulièrement porter ses fruits en 2013.
«Le secteur aérien a été profondément bouleversé par l'augmentation des cours du pétrole» a indiqué Jean-Cyril Spinetta.
On peut ajouter d'autres facteurs sur le long-courrier comme le fort développement des compagnies du Golfe (Etihad Airways, Qatar Airways et Emirates), la montée en gamme et l'amélioration des services des compagnies non européennes et leur structure de coûts moins élevées: au contraire des compagnies européennes, leurs frais de personnel sont significativement réduits par rapport aux ténors européens.
Sur le court et moyen-courrier, l'arrivée des low-costs a bien évidemment changé la donne et a forcé les compagnies régulières à s'adapter: la transformation s'est accélérée en 2012 chez Air France avec le lancement de l'offre Mini, le développement de Transavia et la naissance du pôle régional Hop!, ceci afin de reprendre des parts de marché.
Les concurrents d'Air France s'organisent également sur ce marché: GermanWings est devenu le bras armé du groupe Lufthansa sur le marché Low-cost et chez IAG, Vueling se développe à marche forcée.