Eaux et Rivières de Bretagne a voulu approfondir le classement des eaux de baignade et le constat interpelle...
C'est un surfeur membre de l'association Eau & Rivières de Bretagne qui a eu l'idée de créer un vrai classement plus réaliste de la qualité de l'eau de baignade en France. A force de se baigner et d'être malade il en a conclu que la qualité de l'eau de mer jouait sans doute un rôle.
« L'enquête de l'association en 2023 a permis de faire condamner par le tribunal l'agence régionale de santé de Bretagne note l'association : L’information des usagers est parfois inexistante, trop souvent peu visible et n’est jamais transparente ».
« Trop de données publiques sont écartées sans raison valable pour obtenir des résultats conformes à la baignade. D’autres ne sont pas mises à jour alors qu’elles le devraient » estime l'association.
L'ARS suit la qualité des eaux de baignade uniquement pendant la période estivale avec entre 4 et 14 prélèvements chaque année entre juin et septembre sur chaque plage. Les plages sont classées suivant une grille européenne : excellent, bon, suffisant, insuffisant.
Ce classement destiné à la comparaison à l’échelle européenne décrit la qualité moyenne des eaux de baignade mais il ne reflète pas la réalité des risques sanitaires, celle qui intéresse les baigneurs.
Trop d’élus, décideurs, organismes de promotion du tourisme ne prennent pas ce sujet à bras le corps.
Selon l'association ce classement ne reflète pas la réalité des risques sanitaires, celle qui intéresse les baigneurs.
Au lieu d’évaluer globalement la qualité de chaque plage sur l’ensemble des prélèvements de quatre années, l'association évalue individuellement le risque sanitaire pour chaque prélèvement (« Bon », « Moyen » ou « Mauvais »). Le classement dépend de la proportion des prélèvements classés « Bons » : si 100% des prélèvements sont classées « Bon », la note est 100. Si 10% des prélèvements sont classés « Moyen » ou « Mauvais », et présentent donc un risque sanitaire notable, la note est 90.
« Pour notre classement, nous avons aussi pris en compte les prélèvements où aucune contamination n’est détectée (soit 70% des plages en Bretagne). Un idéal que nous voudrions partout à terme ! » note l'association.
L'association estime que l'on peut se baigner en toute confiance si le taux est supérieure à 95. Notons par ailleurs que comme pour les prélèvements de l'ARS, l'association ne prend pas en compte la pollution aux métaux lourds ou aux pesticides (nitrates et phosphates), produits de
soins corporels et substances pharmaceutiques, polluants organiques persistants et autres résidus de l'industrie ou des mines néfastes pour la santé.
De nombreuses plages classées à éviter en Bretagne, en Normandie, sur la Côte d'Azur
Les plages classées comme à éviter, soit les plus polluées se trouvent en grande majorité sur la côte nord de la Bretagne, en Normandie, sur la côte d'Azur et à quelques rares endroits en Charente et sur le littoral du sud-ouest.
En Charente-Maritime, deux plages sont classées à éviter notamment à Châtelaillon et à Port-des-Barques. D'autres sont déconseillées comme à Pontaillac à Royan. J'insiste sur la Charente Maritime car ce département est très lié au tourisme et alors que la qualité des eaux de baignade n'est pas encore optimum partout, il y a un projet de construction d'une usine de saumon. Des associations estiment que cette usine serait néfaste pour l'environnement. Elle serait située au Verdon.
Un projet d'usine à saumon fait débat en Charente Maritime
Au Verdon l'ostréiculture venait juste de redémarrer alors que l'estuaire est pollué depuis longtemps au cadmium un métaux lourd note Reporterre.
« Un bâtiment de 15 m de haut et de la taille de 8 terrains de football, situé au cœur d’un site classé à l’UNESCO, d’un Parc Naturel MARIN et de zones NATURA 2000, une production par an minimale de 4 millions de saumons dans des bassins, et de nombreuses questions: quelle resource en eau? Quels risques sanitaires? Quelle empreinte carbone ? Voilà en résumé le projet d’usine qu'une entreprise basée à Abu Dhabi et financée par un fond d’investissement spéculatif singapourien, souhaite construire au Verdon-sur-Mer. Il pourrait s'agir du plus grand élevage intensif aquacole terrestre du monde, dans le dernier grand estuaire sauvage d’Europe : celui de la Gironde » note l'association Eau Secours.
Alors que la qualité de l'eau de la Gironde n'est pas fameuse notamment en terme de pollution aux métaux et aux résidus de pesticide est-il nécessaire d'ajouter une usine avant de résoudre déjà les problèmes de pollution actuels?
On voit là encore que les municipalités n'ont pas compris l'importance de la qualité de l'eau de baignade pour attirer les touristes.
Saluons le travail de cette association qui vise à améliorer l'eau de baignade des français. Espérons que d'autres critères soient ajoutés dans le futur (métaux lourds, pesticides, résidus plastiques, médicamenteux...)en plus des bactéries pour que le classement soit encore plus exhaustif.
Par rapport à ce classement qui prend en compte les pollutions bactériennes, les municipalités abritant des plages polluéees devraient travailler pour améliorer la gestion des effluents d'élevage, des eaux usées et mieux gérer les eaux pluviales.
Quant aux métaux lourds, polychlorobiphényles (PCB), aussi appelés biphényles polychlorés (BPC),substances médicamenteuses, résidus de pesticides, ils devraient être mieux étudiés et pris en compte dans les critères de qualité de l'eau diffusés par les autorités. Pour parler à nouveau de la Gironde, l'estuaire souffre de problèmes de qualité de l'eau avec un état écologique médiocre et un état chimique mauvais qui doivent être améliorés au regard de l'importance touristique mais aussi de l'écosystème de l'estuaire.
Plus d'informations et voir la carte de la qualité des eaux cliquez sur ce lien : https://www.labelleplage.fr/