L’année 2012 a été difficile mais Air France a cependant réussi à augmenter sa recette unitaire sur le long-courrier. La compagnie va renouveler son produit affaires en 2013 avec le déploiement d’un siège s’allongeant totalement à l’horizontale. Les réformes menées en 2012 devraient enfin porter leurs fruits cette année...
??2012 aura encore été une année difficile pour Air France: «la croissance mondiale est passée pour la première fois en dessous de 3%» a d’ailleurs précisé ce matin Jean-Cyril Spinetta, PDG d’Air France-KLM à la conférence de présentation des résultats.
Dans ce contexte difficile Air France n'a pas démérité en réussissant à augmenter son chiffre d’affaires de 5,2% à 25,63 milliards, à réduire sa perte d’exploitation à 300 millions et à abaisser sa dette de 500 millions à 6 milliards.
La perte nette a atteint tout de même 1,19 milliard (809 millions en 2011) notamment du fait d’une charge exceptionnelle de restructuration de 471 millions d’euros.
Une perte qui reste conséquente et qui justifie de continuer le plan Transform 2015 dans les prochaines années.
Air France: RKSO long-courrier en amélioration
Au niveau commercial, le trafic passagers a été en hausse de 2,1% en 2012 avec une progression du coefficient d’occupation de 1,2% à 83,1%.
La recette unitaire au siège kilomètre offert a également augmenté de 5,9% (3,2% hors change).
Le revenu par siège-kilomètre a particulièrement bien progressé pour les classes affaires et premières sur les routes long-courrier: le RKSO a été en hausse de 6,8% hors change contre 5% pour la classe éco.
«Le trafic affaires s'est tenu sur l'intercontinental mais a été plus difficile sur le moyen-courrier» a assuré Philippe Calavia, le directeur financier du groupe.
Air France: nouveau Business siège long-courrier en 2013 pour maintenir les recettes
Pour continuer à séduire les hommes d’affaires, Air France a confirmé ce matin l'installation des nouveaux sièges Business à partir de la mi-2013 sur les B777 long-courriers de la compagnie.
«Cela correspond à notre stratégie de montée en gamme, notamment afin de capter la clientèle des pays émergents» a confié Alexandre de Juniac à Business Traveller France en aparté de la conférence de presse de ce matin.
«Plutôt qu'une hausse du coefficient d'occupation, difficile au regard de la conjoncture, le déploiement de ces nouveaux sièges va nous permettre de maintenir les recettes. La crise européenne engendre en effet une pression sur les prix, les volumes et un déplacement des passagers Business vers l'arrière» a-t-il ajouté.
Au niveau Cargo, l’environnement a été très difficile avec une baisse du trafic de 6,3%: Air France est ainsi passé de 25 à 13 aviosn cargo ces dernières années du fait de la conjoncture. Un constat fait par de nombreuses compagnies.
Jean-Cyril Spinetta prône une consolidation du secteur
Afin d’améliorer la situation d’Air France et du transport aérien européen en général, Jean-Cyril Spinetta a prôné une consolidation du marché:«si les européens veulent rester et peser dans les alliances, il faut qu'ils se regroupent. Le marché aérien est dominé par de très grands groupes et ce sera de plus en plus le cas»a-t-il affirmé.
Le PDG d'Air France-KLM n'a cependant pas donné plus de précisions quant à une montée éventuelle du groupe français au capital de la compagnie italienne cette année.
Aujourd'hui les principaux groupes européens concurrents d'Air France sont IAG et Lufthansa et se sont fortement consolidés ces dernières années: IAG regroupe désormais Iberia, Vueling, Bmi et British Airways tandis que Lufthansa rassemble Lufthansa Regional, Austrian Airlines, Swiss, Lufthansa et GermanWings.
Air France a insisté ce matin sur ses différences vis à vis de ses concurrents: au contraire d'IAG et de Lufthansa, les capacités d'Air France ne représentent que 19% du total en Amérique du Nord contre 30% pour IAG et 26% pour Lufthansa.
Air France se targue d'avoir une plus forte exposition sur les pays émergents que ses concurrents, avec 61% des capacités dans le reste du monde contre 48% pour IAG et 41% pour Lufhansa.
«toutes les compagnies européennes ont des problèmes de compétitivité»
Au global, Jean-Cyril Spinetta estime que «toutes les compagnies européennes ont des problèmes de compétitivité», d'où les nombreux programmes de réductions de coûts mis en oeuvre actuellement en Europe comme le plan Transform 2015 chez Air France qui devrait particulièrement porter ses fruits en 2013.
«Le secteur aérien a été profondément bouleversé par l'augmentation des cours du pétrole» a indiqué Jean-Cyril Spinetta.
On peut ajouter d'autres facteurs sur le long-courrier comme le fort développement des compagnies du Golfe (Etihad Airways, Qatar Airways et Emirates), la montée en gamme et l'amélioration des services des compagnies non européennes et leur structure de coûts moins élevées: au contraire des compagnies européennes, leurs frais de personnel sont significativement réduits par rapport aux ténors européens.
Sur le court et moyen-courrier, l'arrivée des low-costs a bien évidemment changé la donne et a forcé les compagnies régulières à s'adapter: la transformation s'est accélérée en 2012 chez Air France avec le lancement de l'offre Mini, le développement de Transavia et la naissance du pôle régional Hop!, ceci afin de reprendre des parts de marché.
Le carburant représente 28% des coûts d'Air France
Dans le cadre du plan Transform 2015, l’objectif du groupe est toujours de réduire la dette à 4,5 milliards et d’améliorer la rentabilité du groupe, même si de nombreuses incertitudes planent sur Air France comme la conjoncture économique, les taux de change ou les cours du pétrole.
La facture carburant pèse aujourd’hui environ 28% des coûts du groupe (25,933 milliards): c'est pourquoi l’arrivée d’avions moins gourmands (d'où une commande d'A350XWB qui devrait être finalisée cette année.) et une rupture technologique s’imposera tôt ou tard dans le monde de l’aérien…
Il reste qu'au niveau commercial Air France a fait beaucoup pour son image ces deux dernières années en investissant pour installer enfin un siège affaires s'allongeant à l'horizontale en Business, en inaugurant un salon au niveau des meilleurs standards mondiaux à Roissy, en simplifiant le nom de ses classes et en restructurant fortement ses offres court et moyen-courriers ainsi que son pôle régional avec la naissance d'Hop!
Force est d'ailleurs de reconnaître qu'Alexandre de Juniac, n'a pas démérité dans tous ces domaines: un essai réussi au niveau commercial qu'il reste à concrétiser en espèces sonnantes et trébuchantes...
Quant à Jean-Cyril Spinetta, il n'a pas lésiné non plus durant sa carrière, en créant grâce à la fusion avec KLM, l'une des principales compagnies aériennes mondiales.
Les deux artisans de cette fusion Perter Hartman et Jean-Cyril Spinetta devraient d'ailleurs se retrier dans les prochains mois.
Le PDG de KLM Peter Hartman prévoit de terminer son mandat en juillet 2013 contre au plus tard avril 2014 pour Jean-Cyril Spinetta.