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Alitalia : 15 jours pour trouver un partenaire

Les Commissaires d'Alitalia vont tenter pendant une quinzaine de jours de trouver un nouveau partenaire pour Alitalia...

alitalia nouvelle avion ciel 

« Pendant 15 jours, plus ou moins, nous sommes ouverts aux manifestations d'intérêt » a déclaré Luigi Gubitosi, le nouveau commissaire d'Alitalia nommé suite à la mise en place d'une procédure de faillite au sein d'Alitalia.

Le Commissaire a révoqué toute possibilité de nationalisation de la compagnie : «Il y a une option pour qu'Alitalia devienne une société publique? Non » a-t-il assuré. Deux autres commissaires ont été nommés: Enrico Laghi et Stefano Paleari.

La compagnie devrait recevoir une aide de l'Etat italien qui avoisine 600 millions d'euros, « ce qui devrait être suffisant», selon Luigi Gubitosi.

Les dirigeants de la compagnie italienne ont dénié vouloir revendre la société par parties ce qui scellerait le glas d'Alitalia.

Les difficultés ne sont pas terminées pour Alitalia alors que des rumeurs évoquent l'arrivée de Norwegian sur le marché italien qui pourrait s'allier avec Ryanair sur le moyen-courrier.

En effet, l'Italie est l'un des pays qui offre le moins de vols long-courrier par milliers d'habitants parmi les grands pays européens soit 9 vols par millier d'habitants contre 16 pour la France, 19 pour l'Allemagne et 35 pour le Royaume-Uni.

vols millier habitant europe 

Le problème du Hub: Rome ou Milan? et quel aéroport à Milan?

Alitalia n'a pas réussi à mettre en place une politique de hub logique avec des aéroports optimisés et puissants comme Air France en France, KLM aux Pays-Bas, BA au Royaume-Uni ou Lufthansa en Allemagne.

L'Italie souffre d'un soucis : le nord de l'Italie est bien plus riche économiquement mais la capitale politique est Rome contrairement à Paris qui est à la fois la capitale économique et politique.

Les difficultés d'Alitalia dues à une mauvaise gestion mais aussi à l'arrivée des low-costs

Les problèmes de la compagnie sont liés avant tout à sa mauvaise gestion (bien avant l'entrée au capital d'Etihad) mais l'ouverture du ciel italien a mis en avant et a accéléré la descente aux enfers d'Alitalia.

Car l'arrivée de low-costs sur le marché intérieur a fait chuter les parts de marché d'Alitalia.

Hors ces compagnies pour la plupart, anglaises ou irlandaises n'ont pas à subir les mêmes coûts dans leurs pays d'origine en terme de charges sociales et d'imposition.

Selon PricewaterHouseCoopers ( Etude Paying Taxes 2017), le niveau de taxes globales que doivent payer les sociétés (sur le travail, les profits) atteint 62% en Italie (62,8% en France) contre 30,9% au Royaume-Uni et 26% en Irlande. 

Au final en mettant en concurrence des entreprises aux charges sociales et d'imposition différentes, on créé une distorsion de concurrence en faveur des entreprises les moins taxées ce qui leur permet à long-terme d'accumuler des gains de capital plus importants et de racheter ou d'affaiblir leurs concurrents. Au final sur un marché unique il faut donc choisir un modèle cohérent pour les différents Etats le composant (reste à définir ce modèle, anglo-saxon ou social-démocrate). A ce niveau le problème n'est plus italien, mais européen.

La sous-capitalisation des sociétés européennes sur l'échiquier mondial est par ailleurs un problème inquiétant et récurrent. Ces dernières années, certains pays d'Europe sont devenus le lieu de shopping préféré des grandes multinationales ayant accumulées d'importantes réserves financières dans des pays à l'imposition moins forte (ou nulle via des montages dans les paradis fiscaux).

Ces problèmes mettent en exergue les limites actuelles de l'Union Européenne et d'une politique européenne insuffisamment axée sur le développement des fleurons économiques européens, de la R&D et la croissance économique (voir en France les rachats d'Alcatel, Alstom, Lafarge, Arcelor, Pechiney, Norbert Dentressangle, ClubMed, Legrand, SPIE, Smoby, Solocal (Pages Jaunes), Marionnaud, branche biscuit de Danone, TDF, Yoplait, Ducros, Rossignol, Kronenbourg, Amora-Maille...).

En ouvrant les marchés sans une vision politique, sans mettre en place de systèmes (relativemnet) harmonisés de droits sociaux et d'imposition (les Etats-Unis ont un impôt sur les sociétés fédéral), sans avoir une bourse d'envergure unifiée, l'Union Européenne a créé des distorsions de concurrence (voire une concurrence déloyale) ce qui peut conduire pour certains pays à un affaiblissement des économies et des entreprises, d'où la montée des populismes et des extrêmes dans toute l'Europe et la mise en difficulté de certaines grandes sociétés européennes.

Cela a des conséquences aujourd'hui sur l'élection présidentielle française, les parts de marché du pays ayant fortement chuté à l'export ces dernières années : de 2005 à 2010, la part de marché de la France dans les exportations mondiales a baissé de 19,4% (voir coface-amelioration-au-q1-2016-mais-recul-des-exportations). Le constat est le même dans l'industrie : en 1970, l'industrie française représentait environ 25% du PIB, elle atteint en 2009, 12% selon l'Académie des Technologies.

L'Union Européenne si elle veut jouer un rôle à l'échelle mondiale doit se réformer. Elle a besoin d'une autre vision économique et politique, plus intégrée, plus démocratique et plus conforme à l'histoire progressiste du continent, d'un vrai projet politique et de civilisation avec une langue commune au lieu de la tour de babel actuelle (pourquoi pas le latin simplifié ou l'esperanto pour ne froisser personne), sans quoi elle sera en danger...tout comme Alitalia.

SONDAGE
Les politiciens français sont-ils trop idéologiques, éloignés des réalités dans leur tour d'ivoire?
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