Alors qu'à une époque Ségolène Royale avait justement critiqué les tarifs autoroutiers en proposant de les rendre gratuites le week-end, un nouveau plan autoroutier va conduire à de nouvelles hausses de tarifs...
Lorsque l'on voyage en Europe, on se rend compte que les autoroutes françaises sont luxueuses, trop luxueuses?
Contrairement à l'Espagne ou l'Allemagne, elles sont équipées de nombreuses aires de repos couteuses en terme d'entretien. Elles sont par ailleurs construites par des filiales de sociétés d'autoroute ce qui grève souvent leur coût comme l'a constaté le gendarme des autoroutes, l'Arafer (voir Autoroutes un rapport au vitriol publié sur Le Point.fr).
La France compte déjà 11882 km d'autoroutes (12845 km pour l'Allemagne) et il semble qu'il en faille toujours plus au risque de développer de la dette et de construire des tronçons non rentables à long-terme.
En effet les autoroutes déjà construites et qui pour certaines ont été amorties depuis longtemps servent à en financer de nouvelles : d'où des péages qui devaient initialement être supprimés mais qui sont toujours là…
Ségolène Royal avait d'ailleurs proposé en 2014 de supprimer les péages autoroutiers le week-end une proposition populaire et juste au regard des investissements publics qui ont été nécessaires pour construire le réseau. Mais sa proposition avait malheureusement été mise à la trappe.
Cette mesure aurait pourtant permis de développer les flux touristiques et de réduire le taux de mortalité sur les routes : les autoroutes étant beaucoup moins dangereuses que les nationales. Cela aurait aussi permis d’améliorer le cadre de vie de nombreux villages français en limitant les flux de circulation.
«Il y a 10% de tarif en trop. Les 10% restant serviraient à financer les infrastructures. Les autoroutes n'ont pas respecté le contrat qui était le leur, c'est à dire qu'elles auraient du baisser les prix au fur et à mesure de la duré d'amortissement des autoroutes. Donc les français ont payé deux fois, lors de la construction et quand le gouvernement Raffarin-Villepin a privatisé les autoroutes» avait-elle déclaré en 2014. Il semble que cette idée soit bien oublié...
Pourtant en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Russie les autoroutes sont gratuites et dans d'autres pays leur coût est très faible : forfait d'environ 33 € par an en Suisse et de 85€ en Autriche.
En France, comme par le passé, les conducteurs doivent cependant s'attendre à voir augmenter les tarifs des péages.
Le Secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies a déclaré ce week-end dans le Journal du Dimanche qu'un nouveau plan autoroutier avait été validé pour environ un milliard d'euros.
Cet investissement servira à créer des échangeurs, des aires de covoiturage ou des écoponts murs antibruit : les français auront ainsi droit à des autoroutes exceptionnelles.
La hausse devrait être comprise entre 0,3% et 0,4% entre 2018 et 2020, une hausse qui s'ajoutera à celles déjà prévues dans l'accord précédent (0,81% en 2016, 0,22% en 2017 et 0,76% en 2018 pour APRR, 0,33% en 2017 et 0,82% en 2018 pour Sanef ).
La hausse sera par contre plus limitée entre 2019 et 2023, avec une hausse prévue chaque année de 0,39% chez ASF, 0n11% chez Sanef et 0,25% à APRR.
«Les travaux des autoroutes vont être payés deux fois par le contribuable avec les impôts et en tant qu'usager. La privatisation des autoroutes (NDLR : décidée en 2006 sous gouvernement Villepin) est le triste symbole et la connivence entre certains milieux politiques et financiers. C'est un scandale démocratique: séparons pouvoir politique et économique. La privatisation est opaque depuis le début, les citoyens n'ont jamais été consultés» a fustigé François Bayrou sur son compte Twitter.
La privatisation des #autoroutes est un scandale démocratique. Séparons pouvoir politique et intérêts économiques ! pic.twitter.com/92cgGarpCj
— François Bayrou (@bayrou) 18 septembre 2016
Grâce à cette politique, les frais de péage sont désormais plus chers ou équivalents au coût du carburant pour de nombreux trajets.
Une simulation effectuée sur viamichelin.fr ce jour pour une voiture à essence montre ainsi qu'un trajet Paris-Bordeaux coûte 101,66 euros dont 48,1 euros de péages et 46,86 euros de carburant. Un trajet Paris-Nice coûte quant à lui 151,22 euros dont 75,7 euros de péage et 75,52 euros de carburant .
La même comparaison avec une voiture gasoil est encore plus criante : on atteint 48,1 euros de péage et 34,26 € de carburant sur un trajet Paris-Bordeaux contre 75,70 euros de péage et 50,80€ de gasoil pour un Paris-Nice!
Tout est dit.
Trajet Paris-Bordeaux Voiture Essence:
Trajet Paris-Nice Voiture Gasoil :