Depuis l’arrivée de la pandémie, l’industrie aéronautique fait face à la pire crise de son histoire. Le PDG d’Airbus, Guillaume Faury, a octroyé une interview au journal allemand Die Welt. Il affirme que durant les deux prochaines années « la production et les livraisons d'avions seront de 40% inférieures à celles initialement prévues ». De ce fait Airbus programme un important plan de licenciement...
Cela fait plusieurs semaines déjà que nous avertissons le marché que la crise dans le secteur aérien sera bien pire que prévue du fait de l'arrêt des vols long-courriers et qu'elle aura de fortes conséquences sur l'emploi (voir Drame social à venir dans l'aérien).
Les dernières informations en provenance d'Airbus ne sont pas rassurantes.
Le PDG du constructeur depuis un peu plus d’un an, Guillaume Faury, doit revoir sa politique ambitieuse à la baisse. Dans une interview au journal allemand Die Welt il a déclaré qu’au lieu de « penser à se développer, Airbus doit réduire sa capacité ».
L’activité d’Airbus est directement liée à celles des compagnies aériennes, qui sont nombreuses à ne pas avoir repris la totalité de leurs vols. Guillaume Faury le rappelle : « nous ne pouvons pas nous déconnecter du développement des compagnies aériennes ».
Le PDG ne voit pas une reprise rapide de son activité, alors qu’en avril et mai dernier « nous étions jusqu'à -80% par rapport à nos prévisions. Seuls 14 appareils ont été livrés en avril au lieu de 75 ».
Livraisons plus lentes, retour à la normale en 2025
Par ailleurs, le constructeur s’est engagé à livrer tous ses appareils, « à un rythme plus lent ».
Guillaume Faury estime qu'il faudra attendre 2025 pour un retour à la normale, avec une augmentation progressive de la production d’A320 à partir de 2022 ou 2023.
Le constructeur est bien conscient de la baisse significative de la demande d’avions gros porteurs qui va rythmer les prochaines années.
Ces perspectives d’avenir témoignent d’une crise sans précédent qui obliger le constructeur à licencier. Airbus s’était engagé à annoncer à ses 135 000 salariés d’éventuels licenciements avant la fin du mois de juillet.
15000 postes supprimés soit 11% des effectifs
Le 30 juin, le verdict est tombé. Airbus va supprimer « approximativement 15 000 postes » sur 135 000 emplois dans le monde.
La France est l’une des grandes victimes de ces licenciements massifs, avec 5000 mises à pied sur son territoire. L’Allemagne verra également 5100 postes supprimés, contre 1700 au Royaume-Uni, 900 en Espagne et 1300 sur les autres sites dans le monde.
D’ici l’été 2021, ce seront 11% des effectifs d’Airbus qui seront mis à pied. Mais la grande question que tout le monde se pose dans le secteur est la suivante : est-ce que cela sera suffisant au regard de l'importance de la crise dans le secteur ?
Les syndicats d’Airbus s’opposent à cette politique du « licenciement contraint » comme l'a déclaré Dominique Delbouis, coordinateur Force Ouvrière du groupe Airbus cité par Le Monde, lors d'un point de presse devant le siège.
Il assure que « pour FO, la ligne rouge est de diminuer ce chiffre, qui nous paraît excessif, et de mettre en place toutes les mesures possibles pour ne pas avoir à déplorer le moindre licenciement contraint. »
Les subventions octroyées par les Etats européens ne vont pas suffire à limiter les licenciements et Guillaume Faury espère que les ruptures technologiques, notamment pour créer des avions sans émissions de CO2, pourraient aider le groupe à reprendre le chemin de la croissance : « nous avons environ cinq ans pour amener ces nouvelles technologies à maturité, également pour le trafic aérien. Nous devons investir plus d'argent dans les démonstrateurs et les petits projets. Nous voulons pouvoir prendre une décision d'ici 2025. Notre objectif est un avion sans émissions en 2035. »