C'est une immense perte pour les habitants de Bordeaux mais aussi pour ceux de la région Aquitaine.
Alors que Bordeaux comme la plupart des aéroports de province manquait cruellement de vols directs, RYanair était l'une des compagnies qui proposait le plus de destinations au départ de l'aéroport. Et ceci pour des coûts très modiques ce qui facilitait les voyages des jeunes actifs s'établissant dans la région et était un atout fort pour attirer les parisiens à venir s'installer dans la ville.
Les négociations entre l'aéroport et Ryanair ont échoué et Ryanair a mis sa menace à exécution : celle de fermer sa base si l'aéroport suspendait son projet de hausse des redevances.
« L'aéroport veut doubler nos charges et nous ne voulons pas payer cela. Il y a un vrai risque que nous fermions notre base de Bordeaux peut-être à la fin de la saison été » avait déclaré Michael O'Leary le président de Ryanair à l'AFP lors d'un congrès de compagnies aériennes à Bruxelles.
Ryanair payait des redevances peu importantes en terme de pourcentage par rapport aux compagnies traditionnelles mais qui étaient compensées par le volume important généré à l'aéroport. Par ailleurs un terminal spécifique appelé Billi avait été spécifiquement conçu pour les compagnies low-cost par l'aéroport. La compagnie avait plus que tenu ses promesses en développant considérablement l'offre et les vols directs dans toute l'Europe avec une quarantaine de destinations à des tarifs très attractifs. Rappelons que l'essentiel des 15,4% de croissance du trafic de Bordeaux en 2023 l'a été très majoritairement grâce aux compagnies low-costs. Actuellement 72% des vols à Bordeaux sont opérés par des compagnies low-costs et l'aéroport souhaite réduire ce chiffre à 60%. Nul doute qu'avec le départ de Ryanair cet objectif va être vite dépassé.
Le départ de Ryanair n'est pas une bonne nouvelle car si la France vise la décroissance d'autres pays veulent croître et accueillent à bras ouverts la compagnie low-cost.
Ainsi ce seront d'autres pays d'Europe qui bénéficieront d'une palette de nouvelles destinations à prix réduit. Pour la ville de Bordeaux le départ de Ryanair signifiera une perte très importante de flux touristiques depuis 39 destinations. Le nombre de destinations de l'aéroport sera considérablement réduit ainsi que l'attrait de la capitale aquitaine. Le départ de Ryanair engendra la perte de 90 emplois de pilotes et de stewards/hôtesse ainsi que d'ingénieurs qui seront délocalisé vers d'autres villes d'Europe. Tous les vols prévus à partir de novembre ont été supprimés par Ryanair. Un vrai coup dur pour les habitants de bordeaux et de l'ensemble de la région, qui compte très peu d'aéroports bien desservis. L'aéroport de La Rochelle étant quasi inexistant en terme de destinations.
L'aéroport de Bordeaux avait déjà souffert de l’obligation imposée par le gouvernement aux compagnies aériennes d’abandonner les dessertes pouvant être faites en train en moins de 2H30. Selon la Cour des Comptes, il y a eu une baisse de 43% du trafic de la ligne Bordeaux-Orly entre 2016 et 2019, soit une perte de 425 000 passagers, pour un total de 566 000 passagers en 2019. L’impact sur la liaison Bordeaux-Paris CDG a quant à lui été mineur
Ryanair va ouvrir 5 nouvelles bases à Copenhague, Dubrovnik, Reggio Calabre, Tanger et Trieste. « La perte de Bordeaux sera un gain pour d’autres aéroports à travers l’Europe, et nous avons déjà entamé des discussions avec nos pilotes, personnel navigant et ingénieurs basés à Bordeaux pour leur offrir des postes similaires dans d’autres bases attrayantes de Ryanair à travers l’Europe à partir de novembre 2024 » a déclaré Ryanair.
L'aéroport de Bordeaux souffre sans doute à l'image de nombreuses administrations en France d'un problème de maitrise des coûts. Un problème similaire posé par les grandes aéroports parisiens aux compagnies françaises qui se plaignent des hausses constantes de tarifs des aéroports : voir les aéroports français souffrent d'une vision idéologique du gouvernement.
La stratégie de limitation de la croissance de l'aérien en France via des taxes et des réglementations en constante augmentation aura forcément des impacts négatifs sur l'activité touristique et économique à Bordeaux mais aussi dans l'ensemble de la France. Alors que l'Asie, la Chine, les Etats-Unis développent sans compter leurs liaisons aériennes la France s'enfonce dans un modèle administratif dépassé et idéologique bien trop influencé par les modèles de décroissance prôné par certains courants idéologiques.