La France se distingue encore une fois négativement avec une baisse prévue des capacités en 2025 dans le secteur aérien...
La hausse récente de la taxe sur les billets d’avions a fait couler beaucoup d’encre : elle a été décriée tant par les aéroports, que par Air France, la FNAM, le GIFAS, les pilotes... Nous avons été les premiers à critiquer cette hausse de même que l’ensemble de l’industrie aéronautique car elle nuit à la compétitivité française.
Les derniers chiffres présentés par la FNAM ce matin lors d’une conférence de presse confirment ces inquiétudes. La France est le seul pays parmi les 12 plus grands européens à voir sa capacité aérienne baisser en 0,5 % en 2025.
Quoi de plus logique ? Les compagnies aériennes vivent dans un environnement concurrentiel. Elles ont le choix et préfèrent lancer de nouvelles routes vers des pays où cela est plus rentable où les taxes sont moins importantes.
Ainsi alors qu'en France elles diminuent, les capacités vont augmenter 11 % en Pologne, de 5,62 % en Irlande, de 5,07 % au Portugal ou de 4,85 % en Turquie.
La France perd des liaisons et cela a un impact très fort sur l’économie : « Perdre des liaisons cela veut dire que moins de voyageurs se rendront en France mais aussi que les entrepreneurs, les PME auront moins d’options pour se déplacer à l’étranger et rendre visite à leurs clients » note Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair.
« La fiscalité française représente aujourd’hui 4 milliards d’euros. Or le chiffre d’affaires du pavillon français n’est que de 18 milliards d’euros » précise Muriel Assouline, du groupe Dubreuil soit quasiment 20 % de taxes sur le chiffre d’affaires. Un poids insoutenable pour le secteur aérien.
En 2025, la hausse des taxes devrait atteindre 1,3 milliard ce qui aura un impact de 3,68% sur la hausse du prix des billets, un impact sur le trafic avec une baisse prévue de -2,77 % et 15970 emplois perdus.
A cela s’ajoute la hausse des droits de douane qui va augmenter les prix de la maintenance et des pièces détachées.
« Il y a une totalement méconnaissance du secteur, une vision caricaturale malgré son importance et son excellence. L’impact de la pénalisation réglementaire finit par avoir un coût. En 2024, la croissance du trafic a été la plus faible en France parmi le top 10 des pays européens. Cela représente une perte d’attractivité du pays et une perte de souveraineté au travers de l’affaiblissement du pavillon français » estime Pascal de Izaguirre.
Il y a un vrai problème de débat public sur l'aérien en France
Dans ce contexte les récentes déclaration d’une députée française, Sandrine Rousseau, peuvent sembler irresponsables. Elle a ainsi déclaré récemment en réponse aux propos du président de Safran que « l’aviation n’était pas une industrie d’avenir ».
Que pense la FNAM d’une telle déclaration aux accents populistes et qui désinforme, alors que la croissance des commandes d’avions va être en plein boom dans les 30 prochaines années tant en Europe qu’aux Etats-Unis ou en Asie surtout et alors que l’industrie aérienne reste l’un des seuls secteurs exportateurs positifs français ? Quelle fausse image cela donne-t-il aux jeunes français alors que les jeunes chinois ou américains rêvent massivement de travailler dans l’aérien ?
« C’est très dur de répondre à de tels propos. Nous souhaitons répondre par des arguments rationnels sur l’importance du secteur pour l’économie française. Il faut une prise conscience de la puissance publique et une stratégie dédiée au secteur comme pour le ferroviaire et la route. Le salon du Bourget sera peut-être l’occasion de lancer une grande politique pour le secteur » note Pascal de Izaguirre.
Pour le moment les politiques de gauche comme du centre semblent avant tout pétri d’idéologie verte et de décroissance, tout le contraire de la Chine (où le fabricant Comac vient de lancer les premiers concurrents de l’A320) ou des Etats-Unis où les incitations à produire dans le pays sont très alléchantes.
Si rien n’est fait la France se transformera peu à peu en un Disneyland appauvri où les riches américains et chinois viendront, en avion, profiter de nos paysages et de notre coût de la vie très bas du fait de la désindustrialisation et de notre « tiers-mondisation ». D’ailleurs lors d’un récent voyage aux USA en 2024, j’ai pu noter la perte faramineuse de pouvoir d’achat d’un Français aux Etats-Unis par rapport à une dizaine d’années.
Faire comprendre aux politiques et aux Français que la richesse passe par l’innovation, l’industrie et la compétitivité ne sera pas simple alors que beaucoup rêvent de vacances et de prestations sociales aux frais de la princesse avec pour corollaire une dette abyssale, un niveau de taxation prohibitif et un appauvrissement généralisé...