L'Académie des Technologies vient de pointer dans son dernier rapport le retard des européens et la nécessité d'agir rapidement pour que l'Europe redevienne un acteur important du secteur des panneaux solaires...
La part de l'Europe dans la production des panneaux solaires mondiaux est devenue ridicule : l'Europe fabrique aujourd'hui 0,9% des panneaux solaires dans le monde contre 80% pour la Chine et 18% pour l'Asie du sud-est Autant que l'objectif d'arriver à 42,5% d'énergie renouvelable en UE d'ici 2030 va profiter principalement à l'industrie chinoise.
La Chine a investi plus de 50 milliards de dollars dans ce domaine durant la dernière décennie et a créé 300000 emplois. Elle produit désormais deux fois que ses besoins. Pendant ce temps l'Europe fait du surplace alors que ce marché va connaitre une croissance phénoménale. Selon le scénario Net Zero Emission, la production phtovoltaïque sera pultiplé par 7 au niveau mondial et par 3 au niveau européen. Alors que la production a été 37723 TWh dont 7552 TWh de photvoltaïque, elle atteindre 73231 TWh en 2050 dont 27000 TWh de PV soit 37% du total. En France alors que 13GW sont installés en 2021, les études prévoient 100 GW en 2050 dans l'hypothèse moyenne des scénarios de RTE soit une demande de 3GW par an minimum auquel s'ajoute le remplacement des panneaux installés soit 4GW/ an environ sur d'ici la fin de la décennie. Cela représente 3 EPR en terme de puissance mais seulement 1/2 EPR en terme de production annuelle du fait de l'intermittence du solaire (ce qui est valable aussi pour l'éolien).
« Jusqu'en 2010 l'Europe était pourtant un acteur industriel » significatif pointe l'Académie des technologies. « EN 10 la production a stagné puis est devenue marginale pour atteindre 0,9% du total en 2021, un effondrement industriel d'une rare brutalité. La domination chinoise est particulièrement marquée sur l'amont de la chaine comme la production du silicium, sa purification, la production de monocristaux et la découpe de galettes ».
La Chine a pu s'imposer grâce à des coûts de production très bas en utilisant une énergie cependant très carbonée.
Ainsi la production de galette de silicium est très énergivore et les galettes chinoises atteignent 600gCO2/kWh contre 480gCO2/kWh. L'Europe a pourtant des atouts : une puissance d'achat importante mais non coordonnée, une maîtrise de la partie amont du processus en Europe du Nord grâce à une production peu coûteuse et bas carbone (10gCO2/kWh en Norvège, 50gCO2/kWh en France, un bon tissu industriel mais sous-dimensionné et un écosystème de centres de recherche et d'entreprises compétentes sur l'ensemble de la chaine de valeur.
L'Académie pointe les nombreuses faiblesses également comme le manque de stratégie industrielle dans ce domaine au niveau européen, des achats fragmentés et une absence de grands industriels investissant dans de grandes unités de production automatisées (2GW/an au moins), un coût d'électricité non compétitif (hors Norvège) et un risque de dumping des sociétés chinoises si la production européenne monte en puissance.
Comme on le voit avec l'Ukraine, l'Europe reste naïve face aux deux grands acteurs de l'économie mondiale que sont la Chine et les USA. « L'Europe doit envisager de mettre en place des politiques interventionnistes et protectrices pour permettre le redémarrage d'une industrie notamment en terme de subventions de droits de douane et de politique d'achat. La politique européenne doit être claire et stable pour l'énergie associée à un prix compétitif de l'électricité pour la visibilité des investissements à long-terme. Une incitation de la France auprès des grands industriels nationaux de l'énergie et de l'électronique serait souhaitable » conclut l'Académie des Technologies.
Le problème étant que ces derniers mois l'Europe va dans le sens contraire. La guerre en Ukraine a renchérit le prix de l'énergie, l'Allemagen s'obstine dans son choix de l'absence du nucléaire qui pénalise l'ensemble de l'Europe en l'orientant vers des choix mauvais à long-terme. Les énergies renouvelables sont utiles mais pourront difficilement compenser la puissance et la facilité d'utilisation du nucléaire ou de l'hydraulique. La politique européenne de l'énergie devrait sans doute privilégier des solutions qui abaissent le prix de l'énergie comme le nucléaire pour produire parallèlement des panneaux solaires avec un meilleur rapport qualité-prix. L'Europe doit par ailleurs investir dans les nouvelles technologies de PV comme les technologies HJT ou TOPCon ou la technologie à couche mince.
Car sur le marché des panneaux solaires comme ailleurs l'accès à une énergie peu chère est primordial. Il faut 1 an pour récupérer la fabrication de panneaux solaires en Europe du Nord et 0,9 an dans le sud. Mais encore faut-il pouvoir les produire à un prix compétitif. A ce titre la France aurait du être l'exemple en Europe avec un excellent mix électrique basé principalement sur le nucléaire et l'hydraulique. Or l'exemple que pousse l'UE est celui de l'Allemagne avec ses investissements massifs dans le solaire et l'éolien qui ont conduit à dépendance du pays au gaz et au charbon. En effet, les énergies intermittentes doivent être compensés quand elles ne produisent pas par des centrales à gaz ou à charbon. Seul le nucléaire ou de nouvelles technologies comme la Fusion pourront répondre aux besoins électriques considérables des prochaines années liées aux nouvelles mobilité (voitures électriques, trottinettes, scooters électriques) à moins de diminuer les usages ce qui serait dictatorial. En voulant obtenir un mix de 42,5% d'énergies renouvelables en 2030 la direction de l'UE parait hors sol au contraire des Etats-Unis et de la CHine qui ont bien compris que l'accès à une énergie peu chère était la base de l' compétitivité de l'industrie. Et qui n'imposent aucun seuil d'énergies renouvelables qualifiées comme tels par l'UE (solaire éolien hydraulique).
Pour le moment les européens ont perdu la bataille de l'énergie, sauront-ils réagir?Car l'énergie peu chère est la base de la compétitivité de l'industrie y compris celle des panneaux solaires. Les puissances du XXIème seront des puissances industrielles. A méditer...