De nombreux hôtels indépendants de Province ont fermé leurs portes ces dernières années du fait de la paupérisation des campagnes, de la baisse de rentabilité des établissements et de la concurrence des nouvelles plate-formes comme Airbnb. Qui les sauvera ?
C’est souvent de l’étranger qui viennent les informations les plus intéressantes sur notre pays.
Selon Jean-Pierre Vullin, le président de l’Union des métiers de l’industrie et de l’hôtellerie de l’Ain cité par le Temps, le territoire a perdu 40% de ses établissements ces 20 dernières années.
En 2013 déjà la Fédération Autonome Générale de l’Industrie Hôtelière et Touristique (FAGIHT) s’inquiétait de la disparition de 1698 hôtels indépendants en France en 8 ans entre 2003 et 2011, soit 11% des établissements.
Des normes toujours plus contraignantes : pourquoi ?
La faute selon elle en était principalement aux couts excessifs nécessaires pour que les hôtels indépendants se mettent aux normes.
Les hôtels « se trouvent dans une situation financière exsangue avec des capacités de trésorerie et d’emprunts épuisés par les mises aux normes de classement, de sécurité incendie, d’accessibilité aux personnes handicapées » pointait la FAGIHT dans son rapport de 2014.
Pourtant l’hôtellerie est une source d’emploi local importante avec 1 emploi pour 50 appartements d’une résidence de tourisme, 1 emploi pour 6 clients d’un hôtels 3 étoiles et un emplois pour 2 clients d’un hôtel 5 étoiles. A titre de comparaison, une chambre d’hôte ne génère pas d'emploi (0 en moyenne).
Dans son rapport, la FAGIHT demandait notamment la limitation des contraintes de sécurité incendie (alors que l’on ne compte pas de victimes depuis de nombreuses années dans les hôtels), une réglementation sociale différente pour les TPE et PME et l’intégration de la notion de saisonnalité dans la réglementation sociale : modulation ou mise en place de l’aménagement du temps de travail…A l'image de ce qu'a fait Trump, ne pourrait on pas imaginer la suppression de 2 normes pour toute nouvelle norme instituée afin d'éviter les empilements ?
Les logements Airbnb se multiplient en Province
Alors que ces normes pèsent sur la rentabilité, les hôteliers indépendants ont du faire face en plus à l’arrivée d’Airbnb qui bouscule totalement les règles.
Ainsi à Ambérieu-en-Bugey comme le pointe le journal le Temps « on compte 62 logements Airbnb, 200 dans la communauté de Communes contre 2 hôtels pour cette bourgade de 14000 habitants ».
Les hôtels ne vont plus pouvoir annoncer au bord des routes
Comme si cela ne suffisait pas les hôtels doivent investir pour doper leur présence sur Internet tout en rognant leurs marges via les commissions octroyées à Booking. Les autorités ont en sus décidé de mettre une nouvelle épine dans le pied des hôteliers indépendants.
Depuis le 13 juillet 2015, l’arrêté ministériel issu de la loi Grenelle II, oblige les professionnels des Cafés, Hôtels, Restaurants à supprimer les préenseignes dérogatoires installées en bordure de route pour signaler la proximité de leurs établissements et ce, hors agglomération et dans les agglomérations de moins de 10 000 habitants.
L’UMIH et Logis, qui représentent 10% des parts de marché de l’hôtellerie indépendante en France, s’associent pour porter ce combat en organisant une conférence à l'occasion du Salon de l'agriculture le jeudi 1er mars (restaurant des Eleveur à 10H30).
La désindustrialisation et l'essor des grandes surfaces pèsent sur l'économie rurale
La disparition de nombreux hôtels en province ces 20 dernières années vient aussi d'un problème plus global : celui de la paupérisation croissante des campagnes et d’une chute drastique des commerces indépendants.
La ville de Nemours en Seine et Marne en est un bon exemple. Alors que cette ville était riche de ses commerces, après guerre, le centre-ville affiche de nombreux pas de porte à louer. Les grandes surfaces qui se sont implantées massivement en périphérie ont tué le petit commerce.
Par ailleurs la fermeture de nombreuses usines (la France ayant délaissé l’industrie), a entrainé une paupérisations habitants et l'appauvrissement du tissu économique local.
Les commerces ont du faire face à la fois à la paupérisation de leur clientèle et à la concurrence des grandes surfaces. Idem pour les hôtels avec l’arrivée d’Airbnb.
Ainsi l’hôtel Ecu de France qui était une référence historique à Nemours et dans toute la région a du fermer.
Il avait été fréquenté par Victor Hugo notamment.
Ces 30 dernières années, la ville de Nemours s’est ainsi transformée en ville dortoir du fait de l'appauvrissement du tissu économique local. On voit fleurir des kebabs et de nombreux restaurants rapides qui montrent la baisse de qualité des établissements de restauration.
Du coup, les habitants de la ville sont désormais de plus en plus nombreux à travailler à Paris alors que la ville en est située à plus de 70 km. Une absurdité à l'ère du réchauffement climatique et alors que l'on parle de réduire les trajets domicile-travail.
Ils dépensent encore moins en ville n’ayant que le week-end pour aller faire les courses.
On voit ainsi une France provinciale abandonnée et appauvrie se dessiner.
La fermeture de nombreux hôtels est un signal d’alarme quant à l’aménagement du territoire. A l’aube du XXIème siècle on peut pas tout miser sur la métropole parisienne ou les grandes métropoles alors que l'essor de l'agriculture bio promet de nouveaux modèles.
Le vieillissement de la population: un vrai problème pour le monde rural
La baisse de la natalité est aussi un problème inquiétant : elle accélère le déclin économique des campagnes.
Alors que les débats de société actuels cherchent à opposer les hommes et les femmes, en ce jour la St Valentin, on pourrait faire passer ce message : les hommes politiques feraient mieux de rapprocher les hommes et les femmes plutôt que les opposer ou pointer du doigt l'un ou l'autre Sexe, car la baisse de natalité promet un futur bien triste à nos concitoyens...
Plus d'informations:
- voir le rapport sur l'hôtellerie indépendate de la FAGIHT,