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Vers une diplomatie économique plus forte?

Vers une diplomatie économique plus forte?
La France a le 3ème réseau diplomatique le plus important au monde et Emmanuel Macron souhaite redonner à la diplomatie économique un nouvel élan…

Dans son discours aux Ambassadeurs Emmanuel Macron a tenu à réaffirmer que la « diplomatie économique est une priorité ». Il a notamment demandé aux ambassadeurs « un effort accru pour aider nos PME à s'installer sur les marchés».

« J'en appelle à vous pour les accompagner et pour développer le réseau des volontaires internationaux, outil remarquable pour l'insertion professionnelle et l'ouverture internationale des jeunes Français dont il faut élargir le vivier. Vous devez contribuer aussi à attirer de nouveaux investissements en France, créateurs d'emplois et de valeurs. Je vous demande de prendre des initiatives pour attirer des nouveaux talents vers notre pays en utilisant les programmes, par exemple le programme French Tech Ticket, en proposant de nouveaux mécanismes incitatifs, en adaptant nos dispositifs de délivrance de visas et en s'appuyant sur nos priorités, en particulier la lutte contre le réchauffement climatique, l'excellence universitaire que nous devons déployer et que nous voulons déployer » a-t-il déclaré.

Il a d'ailleurs rappelé que la France faisait moins bien que l'Allemagne ou l'Italie en terme d'exportations : « la mesure de notre réussite sera l'augmentation du nombre d'entreprises exportatrices et la pérennisation de leurs flux d'exportation ». Cette tendance est vraie dans le monde mais également au sein de l'Union Européenne.

Ainsi de 2008 à 2014, les exportations françaises ont connu une très faible croissance au sein de l'Union Européenne de +4,7% alors que parallèlement la croissance a été de 27,7% Espagne, 15,4% en Allemagne et 40,7% en Pologne.

Selon une étude Eurostat publiée en 2014, les exportations françaises rapportées au PIB sont les plus faibles d'Europe derrière la Grèce, la Croatie ou la Roumanie…(voir la France peine à l'export)

Par ailleurs la revente de fleurons français ces dernières années pèse sur la part de marché de la France à l'export mais aussi sur la recherche. Alcatel par exemple était l'un des fleurons français dans le domaine des télécoms et un très important exportateur : la société était par ailleurs la première en terme de dépôt de brevets en France.

Sa revente va donc conduire à une perte de parts de marchés à l'international et de la présence française sur le marché mondial de la high-tech. Hormis Alcatel, Alstom, Lafarge, Arcelor, Pechiney, Norbert Dentressangle, ClubMed, Legrand, SPIE, Smoby, Solocal (Pages Jaunes), Marionnaud, branche biscuit de Danone, TDF, Yoplait, Ducros, Rossignol, Kronenbourg, Amora-Maille ont été revendus ces dernières années ce qui pèse sur les performances de la France à l'export.

Il est important de créer de nouvelles start-ups mais tout aussi important de préserver des parts de marchés durement acquises.

Cette naïveté française qui vise à ne pas prendre en compte l'importance de secteurs stratégiques peut aussi être notée dans l'importance plus ou moins forte donnée à certains pays.

Ainsi au Mexique, le secteur high-tech français était très présent via France Télécom qui avait d'importantes parts au sein de l'opérateur Telmex. Il faisait vivre un grand nombre de sous-traitants: la revente de la participation de France Telecom dans l'opérateur mexicain en 2000 a sans doute été une grande erreur et une non reconnaissance de l'importance du secteur télécom et de l'importance de l'économie mexicaine.

De même le retrait de Carrefour du Mexique après un essor très rapide a encore là aussi été une erreur alors que ce pays est la 12ème économie du monde en terme de PIB juste derrière la France et devant l'Italie selon le CIA World Fact Book.

Un autre axe fort et intéressant mis en avant par le Président est son souhait de développer le nombre d'étudiants étrangers en France: un domaine où la France s'est laissée distancer ces dernières années.

« La France accueille 300 000 étudiants étrangers chaque année dans nos universités et grandes écoles ; ce n'est pas assez. Ce nombre est stable alors que la mobilité étudiante dans le monde a augmenté de 25 % depuis cinq ans. Les Etats-Unis continuent d'attirer de plus en plus d'étudiants, le Royaume-Uni aussi mais pas la France qui a été doublée l'année dernière par l'Australie. notre stratégie d'accueil doit aussi être plus offensive et plus intégrée. De la réforme des universités à la demande de visa dans les espaces Campus France que vous animez, de l'accueil simplifié en France à la signature de nouveaux accords de coopération universitaire dans vos pays de résidence, tous les efforts doivent aller dans le même sens. Les pays de l'espace francophone doivent envoyer davantage d'étudiants en France, en particulier au niveau master et doctorat comme sait le faire par exemple l'Amérique latine. Je souhaite que nous nous appuyons davantage sur le réseau des lycées français à l'étranger et que nous puissions créer davantage de bourses d'attractivité pour les meilleurs étudiants, et que nous en devenions leaders en Europe sur le marché justement du numérique diplômant » a -t-il expliqué.

La formation est primordiale car elle permet à des étudiants appelés à jouer des rôles importants dans leurs pays de prendre pour référence les universités ou les écoles françaises.

Le président a par ailleurs rappelé à la France l'importance de son engagement européen : « après les prochaines élections allemandes, dans quelques semaines donc, je proposerai de nouvelles avancées pour une relance de notre Europe. Non pas, je vous rassure, des changements de traités déjà ficelés, non pas des obsessions institutionnelles, mais de manière concrète une dizaine de sujets sur lesquels nous pouvons redonner à la fois une ambition à l'Europe et une envie d'Europe à nos concitoyens. Parce que, aujourd'hui c'est une refondation qu'il nous faut engager, car notre conviction européenne nous oblige, elle nous oblige à ne pas laisser l'Europe s'enliser dans la routine ou dans les querelles technocratiques ».

Un axe important alors que sur nombre de secteurs économiques la France ne peut plus peser seule mais associée.

Il a poussé l'idée d'une Europe à plusieurs formats afin de pouvoir avancer plus rapidement en tirant les leçons du passé et du Brexit : «Le Brexit ne doit pas capter toute notre énergie, et l'Europe a trop souffert d'être devenue un syndic de gestion de crise, mais le Brexit doit nous amener à deux réflexions essentielles : quand l'Europe n'est qu'un marché, elle finit par être rejetée, c'est pour cela que nous devons rebâtir une Union ambitieuse et protectrice. Surtout, cette situation inédite doit nous obliger à être plus innovants, nous devons penser une Europe à plusieurs formats, aller plus loin avec tous ceux qui souhaitent avancer, sans être entravé par les Etats qui désirent, et c'est leur droit, avancer moins vite ou moins loin. Nous devons sortir d'un cadre contraint où il faudrait avancer demain à 27, ou rien, à 19 ou rien. Ce n'est pas vrai, nous avons toujours avancé avec une avant-garde de désir que suivaient quelques autres. Nous avons construit une statique de l'ennui, elle crée quoi ? Du désagrément. Nous devons là aussi retrouver cette ambition initiale ».

Emmanuel Macron a par ailleurs pointé l'importance de résoudre les problèmes d'immigration en Afrique en nommant un ambassadeur chargé de coordonner l'ensemble des négociations liées aux migrations, et un groupe opérationnel, sous la supervision du ministre des Affaires étrangères. 

Il a parallèlement pointé le fait que l'Afrique est un continent d'avenir: ce sera le continent le plus peuplé d'ici 2100 et le continent francophone le plus important.

Enfin la France a fait entendre sa voix au niveau du réchauffement climatique en mettant en avant la réussite française qui a fait l'unanimité dans la COP21 qui a permis d'aboutir à l'Accord sur Paris.

« C'est une réussite française, c'est celle de la diplomatie française, dont je tiens, ici, à vous féliciter, elle a été portée par mon prédécesseur, et c'est votre succès comme le sien. Je ferai tout pour préserver cet accord et assurer sa meilleure mise en oeuvre possible. C'est le sens de l'initiative en réponse à la décision américaine que j'ai prise le 1er juin dernier, c'est aussi le sens du sommet que j'ai décidé d'organiser le 12 décembre prochain, à la date anniversaire de cette COP21, avec la Banque mondiale, en particulier, et tous nos partenaires qui souhaiteront y être associés, 2 ans après la signature de l'Accord de Paris, pour pouvoir faire un point d'étape sur les avancées et pouvoir mobiliser les financements indispensables » a-t-il assuré.

A l'heure où certains se voilent la face sur le changement climatique, la France va également plaider à l'ONU pour l'élaboration et l'adoption d'un pacte mondial pour l'environnement, sous l'égide du président du Conseil constitutionnel il a fait l'objet d'un travail d'un groupe d'experts internationaux et permet des avancées réelles.

Enfin il a mis en avant la chance qu'a l'Union Européenne d'être un espace en paix et la position que prendra la France pour tenter de résoudre les conflits mondiaux.

Au final, ce discours très pragmatique et visionnaire aura sans doute donné du baume aux coeurs des Ambassadeurs présents en masse à Paris pour participer à la semaine des Ambassadeurs.

Il est à noter que des événements sont encore organisés jeudi 31 août dont une table ronde à la Station F de Xavier Niel.

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