Le groupe chinois HNA serait l'un des investisseurs intéressés à entrer au capital d'Alitalia. On parle également de Ryanair...
Le suspens continue quant au futur de la compagnie italienne Alitalia. Selon la presse italienne deux sociétés seraient candidates à une reprise d'Alitalia dont le groupe chinois HNA : il faut dire que le Premier Ministre italien s'est rendu en Chine cette semaine.
En Europe HNA s'est limité pour le moment dans l'aérien à investir dans Aigle Azur, dans Gate Group et Servair (49,99%) et vise à développer ses relations avec TAP Portugal et Azul qui s'est emparé de la société portugaise.
Un investisseur italien souhaiterait de son côté transformer la compagnie en une low-cost court et moyen-courrier :serait-ce pour préparer l'arrivée d'une compagnie low-cost d'importance au capital?
L'intérêt surprise de Ryanair
Le site italien TTG Italia parle ainsi d'un troisième investisseur potentiel en la personne de Ryanair (NDLR: ce postulant n'avait pas encore communiqué son intérêt lors de la première publication de cet article).
«Nous suivons les développements d'Alitalia avec beaucoup d'intérêt et nous sommes prêts à faire un geste. Inutile de nier que cette situation présente une opportunité et que nous ne voulons pas ne pas y être préparés alors que nous n'avons pas encore rencontré les Commissaires Extraordinaires » a déclaré John Alborante, le directeur des ventes et du marketing de Ryanair.
Ryanair poursuit son développement en Italie alors que la société a lancé des vols en correspondance via Rome tout récemment. Ryanair a changé de modèle et propose désormais des vols en correspondance via Rome vers Alicante, Barcelone, Bari, Bruxelles, Catane, Comiso, Malte et Palerme.
Ryanair compte augmenter de 4 millions le nombre de passagers transportés en Italie pour atteindre 36 millions d'ici la fin de l'année soit une hausse de 13%.
L'intérêt de Ryanair pour Alitalia est logique alors que les low-costs ont raflé d'importantes parts de marché à Alitalia en Italie. Par ailleurs la mauvaise passe d'Easyjet du fait de la hausse de la Livre Sterling et du Brexit donne à la compagnie irlandaise une fenêtre d'opportunités dans les mois à venir (voir Easyjet : bénéfices en chute libre).
Hormis ces trois investisseurs il est peu probable que d'autres grandes compagnies s'intéressent au dossier tel qu'il est présenté aujourd'hui.
Air France, Lufthansa ou d'autres ont fait des tentatives qui se sont révelées des échecs par le passé.
Qatar Airways a récemment investi dans la compagnie italienne Meridiana dans laquelle elle détient désormais 49% du capital. Elle est membre de oneworld et Alitalia est membre de Skyteam, mais qui sait?
On avait par ailleurs évoqué par le passé le groupe Lufthansa : Lutfhansa s'était implantée en Italie en 2008 en créant une filiale, Lufthansa Italia qui a été fermée par la suite. Le groupe détient par ailleurs la compagnie italienne Air Dolomiti.
Mais le directeur financier de Lufthansa, Ulrik Svensson, a assuré récemment que la compagnie allemande n'était pas intéressée par un rachat d'Alitalia.
Cependant le récent accord commercial entre Etihad, Air Berlin et le groupe Lufthansa pourrait peut-être signifier à terme un intérêt pour un deal associant Alitalia et Air Berlin surtout si le nouvel aéroport de Berlin Brandebourg ouvre enfin là où Air Berlin dispose de nombreux créneaux de vols.
Le rapport annuel d'Etihad mentionne qu'elle va continuer à accorder un soutien financier à Air Berlin pendant les 18 prochains mois avec 350 millions d'euros de nouveaux financements (facilités par l'accord de wet lease des avions d'Air Berlin avec les compagnies du groupe Lufthansa) : elle croit donc au projet.
Un accord avec Alitalia pourrait être une suite logique à un accord Lufthansa-Air Berlin même s'il est peu probable que Lufthansa s'intéresse à Alitalia sans un profond changement de la compagnie et une adhésion de ses employés à un important processus de restructuration.
Quant au groupe Air France-KLM, il souhaite avant tout aujourd'hui créer sa filiale Boost.
Le renflouement d'Alitalia couterait cher même si cela pourrait être pour le groupe l'opportunité de développer une activité low-cost éventuelle dans le pays à l'image de Ryanair.
En attendant Alitalia est en procédure d'administration extraordinaire.
Une chose est sure : les low-costs qui ont gagné de nombreuses parts de marché en Italie ces dernières années sont les grandes gagnantes de l'affaiblissement de leur concurrent numéro un sur le marché intérieur italien et vont en profiter pour continuer à rafler des passagers.
Le rachat d'Alitalia par Ryanair serait donc une option logique même si elle risque de froisser certains...N'oublions pas que l'Italie est la 4ème économie européenne juste derrière la France (ou le Royaume-Uni suite au Brexit) et que l'Italie du Nord est une région disposant de l'un des plus important PIB par habitant de toute l'Europe (4 régions dans le top 39 européens contre une région pour la France, l'Ile-de-France).
L'Italie a été et reste une importante puissance commerciale grâce à la force de ses nombreuses PME innovantes :force est de constater cependant (et malheureusement) que les politiques menées ces dernières années n'ont pas forcément été favorables au génie italien.