Les deux sociétés veulent créer un champion européen…
L'action d'Alstom a flambé en bourse alors que les deux sociétés ont annoncé officiellement leur fusion.
Selon Alstom, «le protocole d'accord garantit l’exclusivité de rapprocher leurs activités de mobilité dans une fusion entre égaux». Le nouveau groupe sera côté en France avec un siège en région parisienne.
Le siège des activités de Mobility Solutions sera basé en Allemagne et celui du Matériel Roulant en France.
Le groupe réalisera un chiffre d'affaires combiné de 15,3 milliards d'euros avec un résultat de 1,2 milliard d'euros.
L'idée est donc de créer un champion européen. Les politiciens ont sans doute voulu compenser par cette vente le rejet de Siemens lors de la vente de l'activité énergie d'Alstom qu'a obtenue General Electric.
Il est par contre peu compréhensible de vouloir créer un champion européen uniquement dans le ferroviaire, une activité moins rentable et surtout moins prometteuse que l'énergie, les turbines à gaz et les nouvelles technologies d'énergies renouvelables. Une alliance avec General Electric aurait pu être profitable à tous dans l'énergie si comme dans le cas de Safran pour les réacteurs une alliance 50/50 avait eu lieu.
Dans le cas de l'activité ferrovaire d'Alstom, cette fusion au contraire de l'activité énergie ne peut pas être imputable à de mauvais résultats. Alstom avait gagné récemment de nombreux contrats à l'étranger dont celui des trains TGV de la ligne Boston-Washington.
En rapprochant les deux sociétés, l'idée de créer un champion européen a du sens, si les droits de chacun sont respectés ce qui est possible comme l'a montré le succès d'Airbus.
Car dans le monde ferroviaire, Siemens comme Alstom doivent faire face depuis quelques années à la concurrence du géant chinois CRRC. Ce dernier a gagné ces dernières années de nombreux contrats comme les métros de Boston, Philadelphie ou Los Angeles et la construction de 24 trains de banlieue à Montréal au Québec en proposant des tarifs « serrés ».
CRRC a par ailleurs bénéficié de l'essor du réseau à grande vitesse en Chine qui est devenu le premier au monde avec un total de 22000 km.
« Cette fusion franco-allemande entre égaux envoie un signal fort à bien des égards. Nous mettons l’Europe en œuvre et ensemble avec nos amis d’Alstom, nous créons un nouveau champion européen dans l'industrie ferroviaire pour le long terme. Ceci permettra d’offrir à nos clients dans le monde entier un portefeuille de produits plus innovants et plus compétitifs. Le marché mondial a changé de manière significative au cours de ces dernières années. Un acteur dominant en Asie a modifié la dynamique du marché mondial et la digitalisation impactera l'avenir de la mobilité. Ensemble, nous pouvons offrir un choix plus large et nous conduirons cette transformation pour nos clients, nos salariés et nos actionnaires d'une manière responsable et durable » estime Joe Kaeser, Président Directeur Général de Siemens AG.
« Aujourd'hui est un moment clé de l'histoire d'Alstom, qui confirme sa position de plateforme de consolidation du secteur ferroviaire. La mobilité est au cœur des enjeux du monde d’aujourd’hui. Les modes de transport de l’avenir se devront d’être propres et compétitifs. Grâce à sa présence mondiale sur tous les continents, sa taille, son savoir-faire technologique et son positionnement unique sur le transport digital, l’union d’Alstom et de Siemens Mobility apportera à nos clients et en définitive à tous les citoyens, des systèmes plus intelligents et plus efficaces pour faire face aux défis de la mobilité des villes et des pays. En combinant les équipes expérimentées, la présence géographique complémentaire et l'expertise innovante de Siemens avec les nôtres, la nouvelle entité créera de la valeur pour les clients, les salariés et les actionnaires » a déclaré Henri Poupart-Lafarge, Président Directeur Général d’Alstom.
Espérons que cette société ait le même succès qu'Airbus et qu'elle bénéficie aux économies des deux pays...
