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Comment les compagnies aériennes stockent leurs avions?

Comment les compagnies aériennes stockent leurs avions?

Du fait de l'épidémie de Coronavirus, les compagnies aériennes ont du mettre à terre une grande partie de leur flotte. La gestion à terre de ceux-ci demande une importante organisation…

L’organisation des compagnies aériennes a été bouleversée ces dernières semaines du fait de l’épidémie.

Les compagnies aériennes ont placé une grand partie de leur personnel en chômage partiel, ont négocié des prêts en liaison avec les états pour sauvegarder leur trésorerie, ont renégocié leurs contrats d’achat d’avions avec Boeing et Airbus et ont suspendu la majorité de leurs vols.

Ainsi Transavia et Hop! ont cessé leurs vols et Air France opère aujourd'hui 10% de son programme de vols long-courriers, 2% de son programme court-courrier et 8% de son programme moyen-courrier.

A Roissy, il reste une quinzaine de compagnies aériennes assurant des vols réguliers et le trafic résiduel.

Aéroprots de Paris a confié à Business Traveler France que l'on compte autour de 60 mouvements (30 décollages et 30 atterrissages) et 12 000 passagers par jour contre plus de 1 300 mouvements quotidiens et près de 200 000 passagers par jour, en temps normal. Il s'agit donc d'une baisse d'activité sans précédent pour les aéroprots et les compagnies aériennes.

Les aéroports se transforment en société de parking/gardiennage

Les gestionnaires d’aéroports comme Aéroports de Paris se transforment ainsi en gestionnaire de parkings d’avions.

 

Chaque avion demande beaucoup d’espace avec environ 100 mètres de sécurité pour les gros porteurs comme les B777.

L'aéroport d'Orly fermé depuis la fin du mois de mars a été transformé en un immense parking à ciel ouvert.

Selon ADP, environ 90 appareils y sont stationnées. Ce sont des appareils d’Air France, de Transavia, d’Easyjet, de Corsair, d’Air Caraibes ou encore de French Bee.

A Roissy, on compte un total de 150 appareils avions stationnées d’Air France et Hop ainsi que des appareils d’Easyjet, ASL Airline…One estime qu’environ 200 avions d’Air France sont cloués au sol soit environ 80% de la flotte.

C’est toute l’organisation des aéroports encore en fonctionnement qui a du être revue pour permettre le stockage de ces avions : « des plans de stationnement ont été dessinés et la répartition a été mise à jour selon les demandes des compagnies aériennes. Des marquages spécifiques ont été placés sur les voies de circulation avion qui entrent dans les plans de débord» nous a confié ADP.

Chaque avion demande beaucoup d’espace avec environ 100 mètres de sécurité pour les gros porteurs comme les B777.

Des procédures strictes encadrent le stationnement des avions

Les compagnies aériennes ont mis en place différentes procédures en fonction de la durée de mise à terre prévue des avions.

Chez Air France trois niveaux de stockage sont prévus : un parking normal pour 2 à 4 semaine, un stockage actif pour un à trois mois et le stockage prolongé au delà de trois mois.

Le processus de stockage débute ce que l'on pourrait qualifier "d'un embaumement de l’avion" afin de le protéger de la corrosion et des intempéries : protection des ouvertures (caches des moteurs, sondes…), opérations de graissage des commandes de vol et de la voilure, sauvegarde de 10 à 20% du carburant dans les réservoirs pour éviter l’assèchement des joints…

La maintenance au sol a un coût

Une fois ces étapes effectuées, des opérations de maintenance régulière sont nécessaires.

Selon les protocoles techniques il est en effet nécessaire de faire tourner régulièrement les moteurs, de vérifier les circuits hydrauliques, la pression des pneus et d'assurer également la surveillance des avions. L’objectif étant notamment de faire tourner au maximum les moteurs et d’éviter que les joints ne sèchent. Il y a donc d’importants frais de main d’œuvre en plus des frais de parkings.

Pour le moment l’urgence est de trouver de l’espace pour tous ces avions qui sont inutilisés.

Compagnies aériennes cherchent espace pour garer leurs avions

Des opérateurs spécialisés se positionnent depuis longtemps sur ce créneau comme  TARMAC Aerosave. Cette société peut gérer environ 230 avions sur ses différents sites : l’aéroport de Tarbes-lourdes, à Francazal et à Teruel en Espagne.

Selon le directeur commercial de l’entreprise Alain Leboucher cité par la Dépêche, le taux d’occupation de ses parkings à avion serait aujourd’hui de 97%. Les compagnies utilisent ces sites pour leurs avions les plus anciens et les moins rentables.

Car la crise accélère la mise à terre des avions les plus chers à opérer.

Ainsi Lufthansa vient d’annoncer la mise à terre de l’ensemble de ses A340-600 : trois de ces avions viennent d’ailleurs d’arriver à Teruel. La compagnie TARMAC négocie actuellement des espaces avec de nouveaux aéroports car elle a reçu de nombreuses demandes pour les prochaines semaines.

«On reçoit en moyenne 15 avions par semaine depuis 15 jours et on en attend 30 à 40 dans la quinzaine à venir» a précisé Alain Leboucher.

Le site de Teruel est notamment très prisé du fait de son climat car l’aridité retarde la corrosion. Heureusement la mise à terre des avions en Europe a lieu à un moment où l’été arrive et où les pluies seront moindres.

Les avions stationnés vieillissent plus vite: quid du coût futur?

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Le problème est qu’un avion est fait pour voler et non pas pour être immobilisé.

Pour les compagnies aériennes se pose le problème de la durée de la crise : le confinement va être levé dans de nombreux pays mais progressivement et pas de manière synchronisée. Les vols ne vont donc pas reprendre dans l’immédiat.

On pense d’abord à une prise des vols domestiques puis des vols moyen-courriers. La reprise des vols long-courriers sera sans doute plus lente. De ce fait les compagnies devront sans doute stocker encore des avions pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois.

Si cette situation se prolonge cela pourrait causer des problèmes d’obsolescence anticipée pour les avions. Car un avion immobilisé est un avion qui vieillit plus vite.

D’où des pertes potentielles encore peu prises en compte par les compagnies aériennes, l’immobilisation de leur flotte étant très récent et alors qu’elles ont d’autres priorités.

Mais le coût de ces immobilisations sera sans doute loin d'être négligeable…

Crédit Photo : Arnaud Gaulupeau pour Groupe ADP