Le festival de Blues de Cognac a une affiche incroyable cette année: Francis Cabrel, Christone Kingfish Ingram, Simple Minds, Liam Gallagher (ce dernier a fait défaut à la dernière minute). Au fil de la Charente, tout n'est que plaisir et mélodies...
Le cœur du blues bat cet été encore une fois dans une petite ville du sud-ouest de la France, là où coule un fleuve lent et paisible la Charente. C'est cette douceur de vivre qui aurait donné son nom au fleuve, Carantona, qui veut dire « ami qui aime ou fleuve ami ».
Des amis il y a en a beaucoup au festival du blues de Cognac cette année comme Francis Cabrel. Pour l'un des derniers concerts de son Trobador Tour, il a choisi un vendredi soir sur la terre à Cognac.
Francis Cabrel se fait rare et il a même dit qu'il pensait à la retraite. Quel dommage car un concert de Cabrel est un évènement.
Ici pas de sono étourdissante, de vêtements clinquants, place au pouvoir des mots. Un concert de Cabrel c'est écouter les mots se perdre dans les étoiles au clair de lune.
La musique se fait douce pour donner plus de pouvoir aux mots, à l'émotion.
Ici un solo de violon, là un bandoleon aux accents nostalgiques ou quelques notes de guitares blues qui égrainent le refrain de la Corrida. Cabrel restera à jamais l'un des grands auteurs de la chanson française et nous donne le blues avec ce groupe de musiciens intimiste qui sait faire vibrer les notes.
A peine le concert de Cabrel s'achève que Christone Kingfish Ingman lance ses solos.
Christone c'est du lourd! On le dit successeur de BB King et il est vrai que ses solos inspirants semblent remonter à l'origine du blues.
Une musique que les esclaves noir américains ont inventé pour s'échapper de leur vie mortifaire le dimanche après l'église.
Le Blues beaucoup ont du l'avoir pendant le Covid comme l'a confié Francis Cabrel qui a eu du mal à trouver l'inspiration en restant confiné.
Christone Kingfish était inspiré en ce vendredi sur la terre : notes en suspension, regard au ciel, lumière bleutée, l'ambiance était magique sous les grands arbres charentais.
Samedi le programme était également un régal avec la chanteuse Américain Sunny War dont la voix rappelle un peu celle de Tracy Chapman et dont les arpèges intimistes sonnent à la Simon and Garfunkel. La chanteuse a effectué une grande partie du concert en solo montrant sa dextérité à la guitare.
Le groupe Français Lilly Wood and the Prick a ensuite animé la scène principale : une pop gaie et populaire assez éloignée des racines du blues mais distrayante. Le clou de la soirée a été la performance du groupe Simple Minds qui a connu une affluence hors du commun par rapport aux autres concerts. L'esplande et les gradins de la scène Blue Paradise étaient plein à craquer. Le groupe aux 60 millions de disque vendus n'a pas déçu avec une excellente performance notamment grâce à la batterie inspirée, aux vocalises de Sarah Brown et à la voix intemporelle de Jim Kerr. Le groupe a bien évidemment joué son tube Don't you forget about me et a présenté une superbe adaptation d'Alive and Kicking.
Pour la dernière soirée du dimanche; Liam Gallagher, le co-fondateur d'Oasis s'est décommandé à la dernière minute ce qui a sans doute agacé de nombreux spectateurs. Mais cela en a réjoui d'autres car les dirigeants du festival ont décidé d'accorder des entrées gratuites à tous pour l'ensemble la journée. Un beau cadeau d'autant que les groupes présents ont bien fait oublier Liam Gallagher: les absents ont toujours tort. Nous avons adoré le groupe Ash and Bucher Blue Combo avec deux chanteurs qui se complètent extrêmement bien, en terme de voix comme en terme d'instrument l'un faisant des merveilles à l'harmonica et l'autre à la guitare.
Un bon moment supplanté cependant par un petit génie américain de 23 ans Marcus King qui rappelle les plus grands. Passant du rock pur et dur au blues ou aux ballades, Marcus King a maitrisé tous ses morceaux et a su entrainer le public du festival. Une excellente découverte.
Pour la ville de Cognac cette édition s'est révélée extraordinaire d'autant que le cadre du jardin public de la mairie est exceptionnel : des stands répartis dans tout le parc proposaient des boissons des encas avec chaises longues et boules lumineuses le soir.
Les spectateurs pouvaient bien évidemment déguster aussi des cocktails au Cognac, via un bar sous chapiteau.
Ce festival est en effet une excellente vitrine pour les producteurs de Cognac. Ils ont compris il y a bien longtemps l'importance du secteur de la musique pour s'exporter aux Etats-Unis. Le Cognac est redevenu à la mode aux Etats-Unis notamment grâce aux rappeurs. En 1996 le cognac Remy MArtin est devenu tout un symbole de la richesse avec le rappeur Jay Z avec son clip Can't Knock the Hustle. Busta Rhymes a promu Courvoisier en 2002 en déclarant « Fais tourner le Courvoisier dans une chanson». Hennessy s'est allié avec Nas, Louis XIII avec Pharrell Williams, Rémy Martin avec Usher, Martell avec Quavo et Naud avec Jeezy.
Le rap adore le Cognac et le blues, moins à la mode, est mis en avant par le festival, quoi de plus logique alors qu'il est à la racine de la musique populaire américaine?
Le blues est-il un remède à ces temps obscurs où certains manipulent les masses? Il semble que oui. Ce festival s'est révélé une vraie bouffée de fraicheur après ces mois difficiles dus au Covid. La musique et les artistes sont bien le sel de la vie. Et dire que l'on voulait limiter le festival du blues par des jauges, des masques, des quotas en 2021. Venez chanter, vibrer à Cognac l'an prochain et oubliez vos masques et seringues : la musique ne fait pas de ségrégation tout comme le blues...
Plus d'informations: https://www.bluespassions.com/