Vous aimez notre site? : FAITES UN DON OU ABONNEZ-VOUS

Etihad mène la danse de la consolidation du marché aérien

etihad-avion

La compagnie aérienne d’Abu Dhabi qui vient de fêter ses 10 ans cette semaine donne le la à l’ensemble du secteur aérien en prenant des participations dans de nombreuses compagnies aériennes. Un rachat d'Emirates n'est plus évoqué même si une participation n'est pas à exclure dans le futur... Enfin, Etihad joue désormais un rôle clé auprès des constructeurs d'avions: elle pourrait annoncer d'importantes commandes à l'occasion du Dubai Air Show.

Les compagnies aériennes du Golfe continuent à trôner en tête du marché aérien mondial avec une croissance de 12,2% d’août 2012 à août 2013 contre 5,5% en moyenne dans le monde (en terme de revenus passagers kilomètres selon la IATA).

Et parmi les compagnies du Moyen-Orient, Etihad prend de plus en plus de poids.

En voici les raisons...

Tout d’abord l’aide de l’émirat d’Abu Dhabi à Dubai en 2009 d’une valeur de 10 milliards de dollars, a sans doute été une étape décisive.

L'émirat d'Abu Dhabi est venu au secours de Dubai mis à mal par la crise de 2008, qui l'a remercié symboliquement en renommant la plus haute tour de Dubai (et du monde) en l'honneur du Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane.

Dans les milieux financiers certains disaient que cette aide avait été apportée en échange du contrôle d’Emirates (voir https://www.bloomberg.com/apps/news?pid=newsarchive&sid=a9DpCj9rQc10)...

Même si cela est loin d'être sûr, l'aide d'Abu Dhabi signifie bien que les deux Emirats et les compagnies aériennes de Dubai et d'Abu Dhabi sont liés par ce pacte, et auront au final un destin commun.

Emirates et Etihad: un destin commun

Ainsi, même si Etihad ne contrôle pas Emirates, son influence a peut-être pesé ces dernières années tout comme leur lutte commune au niveau des Emirats pour obtenir des droits de trafic en France.

Cela explique sans doute la nécessité de mettre de l'huile dans les relations avec Air France...

Notre pays est depuis longtemps un partenaire important d'Abu Dhabi, mais cela s'est traduit plus récemment dans les relations avec Air France.

En 2011 Emirates a recruté plusieurs dirigeants issus d’Air France: Thierry Antinori devenu Executive Vice President pour les ventes internationales au sein d'Emirateset Thierry Aucoc, nommé directeur France.

En France le changement a été particulièrement notable puisque les deux derniers directeurs d'Emirates France sont des anciens d’Air France Thierry Aucoc nommé en septembre 2011, devenu vice-président commercial pour les régions Europe et Russie chez Emirates à Dubai, et Thierry de Bailleul nommé ce mois.

Avant 2011, Emirates France avait été dirigée pendant 14 ans par Jean-Luc Grillet, qui n’avait pas fait carrière au sein de la compagnie nationale.

Ce dernier a d’ailleurs été remplacé à son poste de Senior Vice-président Commercial Afrique récemment au siège à Dubai suite à de probables désaccords avec Thierry Antinori: il n’avait pourtant pas lésiné pour développer l’activité d’Emirates durant de longues années et était reconnu comme un très grand professionnel.

De son côté, Etihad a dévoilé ses cartes l’an passé en signant un accord commercial d'une durée de 10 ans avec Air France (de discrètes négociations avaient eu lieu pendant de longs mois entre les deux partenaires).

Hormis le partage de code, l’accord comprend l’intégration des programmes de fidélité, les achats...(voir https://www.businesstravel.fr/2012100813194/en-voyage/compagnies-aeriennes/quel-impact-aura-l-accord-etihad-air-france-air-berlin.html).

Etihad: un acteur important de la consolidation du secteur au niveau mondial...

air-berlinL’influence d’Etihad est aujourd'hui globale et s’étend à de nombreuses autres compagnies aériennes dans le monde grâce à ses prises de participations.

En août 2013, Etihad a racheté 24% du capital de Jet Airways et 49% du capital de la compagnie serbe Jat Airways (renommée depuis Air Serbia) en septembre 2013, après s’être emparée de 29% du capital d’Air Berlin, de 40% d’Air Seychelles, et de 3% d’Aer Lingus (voir https://www.businesstravel.fr/2012050212422/en-voyage/compagnies-aeriennes/etihad-rachete-298-du-capital-d-aer-lingus.html).

Au pays des kangourous, Etihad a récemment fait part de son souhait d’augmenter sa participation de 10 à 19,9% au sein de Virgin Australia pour se renforcer sur ce marché.

La compagnie d’Abu Dhabi s’intéresse également à l’Amérique du Sud (https://www.businesstravel.fr/fil/13124-etihad-s-interesse-a-l-amerique-du-sud.html): elle a lancé ses premiers vols au Brésil en juin 2013 (https://www.businesstravel.fr/etihad-lance-son-premier-vol-vers-l-amerique-du-sud.html) et a signé un accord commercial en décembre 2012 avec la portugaise TAP très présente au pays du Pernambouc (voir https://www.businesstravel.fr/emirates-et-tap-scellent-un-accord-commercial.html).

...et un client qui compte pour Airbus et Boeing!

Le dernier volet de l’influence d’Etihad passe par son poids sur le marché aérien tant auprès d’Airbus que de Boeing, lui permettant ainsi qu'à Emirates et Qatar Airways d'imposer ses spécifications (voir https://www.businesstravel.fr/les-compagnies-du-golfe-imposent-leurs-specifications-aupres-d-airbus-et-boeing.html).

Airbus prévoit des achats portant sur 1000 avions d’une valeur de 124 milliards de dollars de dollars de la part des compagnies du Golfe dans les 10 prochaines années.

Et parmi celles-ci Etihad sera un poids lourd.

Des négociations seraient en cours avec Boeing et Airbus pour l’achat d’un nombre substantiel d’avions: une commande record pourrait être dévoilée pour fêter les 10 ans de la compagnie à l’occasion du salon Dubai Air Show qui a lieu la semaine prochaine du 17 au 23 novembre.

On sait déjà que Boeing attend des commande de 87 milliards de dollars pour son B777x (voir https://www.bloomberg.com/news/2013-10-30/boeing-said-to-near-777x-order-haul-of-up-to-87-billion.html).

Une chose est sure alors qu'Etihad vient de fêter l'anniversaire de son premier vol commercial Abu Dhabi-Beyrouth, son poids va encore se renforcer dans les prochaines années, d'autant que la compagnie a annoncé son premier exercice bénéficiaire l'an passé.

Une fusion entre Emirates et Etihad, évoquée par la presse à maintes reprises, semble peu probable.

Par contre, une prise de participation d’Etihad au capital d'Emirates n’est pas à exclure afin d'optimiser les coûts et les achats (NDLR: certains disent qu'elle était d'ailleurs peut-être prévue dans le cadre de l'aide d'Abu Dhabi à Dubai en 2009).

Etihad et Emirates ont tout intérêt à travailler ensemble pour optimiser leurs réseaux, leurs horaires, garder leur marques afin de capter différents segments de clientèle et développer leurs deux hubs tout en étant éventuellement membre d’une alliance différente pour diversifier leurs réseaux.

Abu Dhabi étant le coffre-fort des Emirats, on peut très bien imaginer une vision plus capitalistique pour Etihad (prises de participation dans différentes compagnies et participation à la consolidation mondiale du secteur) et plus commerciale pour Emirates.

La croissance d'Etihad et d'Emirates profite au final à l'ensemble de la région qui est en passe de redevenir la porte d'entrée de la nouvelle route de la Soie, celle des échanges aériens et non plus terrestres entre l’Occident, les économies émergentes et l’Asie.

Un rôle crucial qui va sans doute s'accélérer, l'activité économique se déplaçant vers le Pacifique...

www.etihadairways.com

www.emirates.com