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Déguster un cru dans un verre Riedel est une ode au plaisir

riedel_dcanteur.jpgEst-ce que le vin a vraiment meilleur goût s'il est bu dans un verre spécifiquement conçu à cet effet. Nous avons pu constater une nette différence pendant un séjour en Autriche à la découverte de la verrerie Riedel.

La verrerie et le nom de Riedel sont connus depuis longtemps en Europe, même si sa première occurrence n'est peut-être pas la plus heureuse. En 1723, Johann Christoph Riedel, commerçant de cristallerie de luxe, a été assassiné alors qu'il rentrait d'un voyage d’affaires. Avec le temps, son histoire est devenue célèbre dans toute la Bohême, région dans laquelle s’est concentré l’artisanat verrier grâce à la forêt environnante qui a fourni le combustible pour les fours. Le petit fils de Johann, peut-être en réalisant que vendre des objets si fragiles en porte à porte ne ferait jamais la richesse de sa famille, et surtout pas avec une réputation fondée sur un malheur, a décidé de sédentariser l’entreprise. Il a créé la première usine Riedel à Zenckner dans Antoniwald. Génération après génération, les Riedel ont perpétué la tradition de production de verres dans la famille, mais la Seconde Guerre Mondiale, la redéfinition des frontières, et la nationalisation des usines Riedel par les autorités tchèques ont forcé la famille à arrêter son métier.

riedel_cognac_vsop.jpgAcculée mais pas vaincue, la famille est rapidement revenue aux affaires, avec l'aide d'une autre célèbre famille de verriers, les Swarovski, qui ont aidé Claus Riedel à retomber sur ses pieds après la guerre. En 1956, Claus et son père Walter ont acheté une usine de verrerie en faillite à Kufstein, fondant leurs espoirs sur la renommée de Claus en tant que designer, et ont mis en œuvre leurs idées révolutionnaires pour la verrerie. Elles sont à la base du succès actuel de l'entreprise familiale.

Dans le musée/showroom de la société au premier étage de l'usine de Kufstein, la beauté des objets en verre est époustouflante. Leur design est mis en valeur via des présentoirs superbement éclairés. Vous pourrez y découvrir des verres à vins et spiritueux, mais aussi des décanteurs, des opercules et des vases.
Il y a plusieurs gammes de verres : du plus cher, en cristal soufflé traditionnellement au plomb, au plus moderne fait à la machine, ainsi qu'une gamme dédiée aux restaurants. Pourtant, même le verre le moins cher dans ces collections est considérablement plus onéreux que ceux que l’on trouve dans un supermarché ou dans les boutiques huppées.
 
Est-ce que l'argent dépensé dans un verre Riedel le vaut vraiment?

En tout cas, c'est ce que pense Georg Riedel, l’actuel directeur de l'entreprise familiale. Sous sa supervision, le nombre de verres dans la gamme a augmenté, et si la plupart d'entre nous est d'accord pour dire que les vins rouges et blancs, sans oublier le champagne et autres alcools, doivent se boire dans des verres différents, Riedel, lui, a poussé cet art de vivre plus loin, en créant un verre pour chaque raisin. Ainsi, il y a un verre pour le Chardonnay, le Sauvignon et un verre Gruner Veltliner.

Cela peut paraître excessif mais Riedel est convaincant, même si cela peut avoir été facilité par le cadre de notre conversation. L'interview a été réalisée dans sa maison, une spectaculaire bâtisse digne d’un James Bond, construite sur le flanc d'une colline proche de l'usine de Kufstein, en Autriche. Non pas que j’ai eu peur de voir mon fauteuil basculer dans une piscine pleine de piranhas, mais il y avait tout de même sous les pieds de la table à manger un plancher en verre circulaire, donnant sur une élégante cave à vin à l’étage en dessous : la menace existait de fait. Adepte des solutions pacifiques, j'ai accepté une dégustation pour régler l'affaire.

riedel_souffleur.jpgDe nos jours, peu de gens ont la moindre idée de comment est fait un verre, donc une visite de l'usine de Kufstein représente à la fois un moment fascinant et quelques heures bien employées. C'est ici que les anciennes méthodes sont appliquées pour produire le cristal Sommelier soufflé au plomb à la main, une technique qui a fait la réputation de Riedel. Le plus cher de ces verres coûte environ 99€, alors si vous envisagez d'investir dans un ensemble de huit pour un petit dîner entre amis, vous pourriez avoir envie de connaître le niveau de compétence qui fait la valeur de ces objets, et l’effort nécessaire à leur production.

La visite commence par un rappel historique, à la fois général et spécifique aux Riedel, une visite sur le thème des sens (très James Bond, si vous le faites seul), un cours express sur la fabrication de verre avec un guide courtois parlant anglais et une promenade dans l'usine pour voir l’hypnotique geste consistant à faire tourner une matière en fusion pour lui donner forme au travers d’un tube posé sur les lèvres.

Malgré tout cela, j'étais encore dubitatif quant aux extravagances de Riedel avec ses verres. Le verre Riedel Vinum Cognac Hennessy avait attiré mon attention, sûrement mon talon d'Achille ! Comment peut-on boire du cognac dans un petit objet comme ça, quand tout le monde sait qu’on doit utiliser une coupe Napoléon géante, qu’il faut tenir entre l'annulaire et le majeur, avec un cigare à la main (difficile de ne pas s’en renverser sur le front). Non, pour le meilleur des cognacs, on utilise un verre où peut entrer notre nez de façon à faire monter les arômes, et pour avoir une larme à l’œil.

Donc, au magasin de l'usine, après la visite, j'ai tenté le même cognac dans les deux verres. La différence est spectaculaire. Dans le verre Riedel la saveur du cognac est beaucoup moins astringente, il a plus de goût et il diminue le larmoiement. La boisson caressait mon nez au lieu de le piquer. Et puisque je paie 49€ une bouteille de cognac en duty-free, un verre qui donne le meilleur de cette bouteille pour seulement 16€ n'est pas un prix prohibitif. Cependant si j'avais choisi le même dans la gamme Riedel Sommeliers Cristal au plomb, le verre Cognac VSOP Cristal, le prix aurait atteint 49€ le verre (minimum de commande, quatre verres). Des cadeaux à ajouter à ma liste de Noël...

Pour être juste envers Georg Riedel, il ne cherche pas à ce que tout le monde achète ses verres en cristal soufflés main, surtout en sachant que la qualité des verres faits à la machine est extrêmement élevée. En fait, sa mission est de convaincre les amateurs de vins et spiritueux que la forme d'un verre joue un rôle considérable dans le goût du liquide. En  sachant que de nos jours, tout dirigeant qui se respecte a une collection de premiers crus, il y a certainement un marché pour ce genre d’objets. Par contre il faudrait qu’on me paie à la hauteur du prix du verre pour que je laisse quelqu’un d’autre y toucher…

Pour plus d’informations visitez riedel.com.