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Estelle Vincent : « La randonnée a été ma thérapie »

Un chemin de randonnée dans les Pyrénées

Estelle Vincent, éditrice du guide Nomadine, n’est pas sur les sentiers de randonnée depuis le plus jeune âge. Elle découvre sa passion alors que sa vie semble déjà toute tracée et décide de partir à l’aventure dans les massifs français. A l’occasion de la sortie de son nouveau guide des loisirs et sports en montagne, elle raconte comment cette discipline a changé sa vie...

Business Traveler France : la randonnée est-il un loisir populaire ? Combien de personnes pratiquent cette discipline en France ?

Estelle Vincent présidente fondatrice de Nomadine Editions : la randonnée est bien évidemment un sport populaire. Il s’adresse à tous et permet de garder une bonne santé. C’est la raison pour laquelle on retrouve beaucoup de personnes âgées dans les clubs. La Fédération Française de la Randonnée compte 230 000 adhérents, mais chaque individu peut choisir d’aller faire une randonnée. Parmi les 3500 clubs et les 180 000km de sentiers balisés par la fédération tout le monde trouve son bonheur. C’est très accessible, il y a des randos très simples et d’autres plus difficiles pour les passionnés. Aujourd’hui, avec l’épisode Covid-19, on constate une réelle évolution de la pratique de la randonnée, surtout en montagne. Ça plait à tout le monde car il est possible de faire une rando non sportive, avec 500 mètres de dénivelé maximum, ou alors une très sportive avec des dénivelés très importants. Pour ces dernières je conseille quand même d’être adhérents car ce n’est pas donné à tout le monde.

Business Traveler France : comment êtes-vous devenue une adepte de la randonnée ?

Estelle Vincent : tout à fait par hasard ! J’ai toujours aimé marché, mais c’est mon compagnon qui m’a poussé à faire ma première randonnée. Cette personne faisait des sports plus extrêmes que moi, comme le canyoning, et je me suis entrainée à en faire aussi. Je faisais des randonnées de plus en plus sportives. Cette discipline a eu un impact très important sur ma santé physique et mentale. Même s’il ne se voit pas, j’ai un réel handicap : je suis auto transplantée rénal. La randonnée a été ma thérapie, les vertus de ce sport ont été multiples sur mon corps. Pendant le confinement, j’ai ressenti à quel point la randonnée me faisait du bien car je n’attendais que d’y retourner ! C’est vraiment sanitaire.

Business Traveler France : quels conseils donneriez-vous à ceux qui veulent s’y mettre ?

Estelle Vincent : il ne faut pas écouter les livres techniques qui disent qu’il ne faut pas se lancer quand on est débutant. Il faut se lancer, mais en sécurité ! On peut se lancer à l’aventure, mais il faut y aller crescendo, c’est pourquoi je présente deux phases dans le guide, y aller à fond ou y aller tranquille. Il faut prendre des sentiers balisés sur des sites sécurisés. Avant de partir, il faut faire des topos : d’où est-ce qu’on part ? Où est-ce qu’on arrive ? Il faut toujours avoir son téléphone sur soi, et repérer le point GPS de départ pour être sûr de ne pas se perdre. Attention aux tics aussi ! La maladie de Lyme, ce n’est pas une partie de plaisir, alors il n’est pas forcément bien de mettre un short. Bien entendu, il faut prévoir de l’eau et partir avec un sac-à-dos et des chaussures adaptées.  Il est parfois sage de s’équiper de bâtons pour les passages délicats, ça vous permet d’avoir plus d’équilibre. Dans le guide, je ne donne jamais de marque. J’ai fait en sorte que le matériel soit accessible à tous, même aux personnes handicapées dont je fais partie. Pour certain trajet, il vaut mieux être accompagné car parfois le téléphone ne passe pas. De nos jours, la mode c’est aussi de prendre un coach pour être accompagné.

Business Traveler France : quels sont pour vous vos plus beaux parcours de randonnée ?

Estelle Vincent : franchement, j’ai des coups de cœur dans l’ensemble des massifs français. Dans les Alpes, l’Isère et la Savoie sont splendides. En Corse, les Aiguilles de Bavella sont un incontournable ! Dans les Vosges, on trouve des paysages très apaisants parce que c’est rond, ce sont vraiment des randonnées qui vont apaiser et être idéales en famille. J’ai aussi découvert les paysages de l’Ain en écrivant mon guide, on a l’impression que c’est plat mais pas du tout, on peut y pratiquer la randonnée sportive ! L’un de mes gros coups de cœur, c’est le Massif Central. Je ne sais pas l’expliquer, ce n’est pas là où on pense aller en premier mais si on recherche la sérénité après le stress du confinement, c’est la destination parfaite. Les lacs, les volcans… On y trouve des sites très différents des autres montagnes. Bien-sûr, pour les sportifs aguerri, la Réunion propose des parcours de randonnée très difficiles et très longs, avec même des passages en canyoning ! Mais une fois en haut, ce sont des paysages qu’on ne peut pas voir ailleurs, les plus beaux du monde ! (rires)

chemin muletiers 900

Le chemin des muletiers dans les Pyrénées (Crédit Photo : Business Traveler France)

Business Traveler France : quelles sont les meilleures rencontrent que vous ayez faites en pratiquant ce sport ?

Estelle Vincent : je ne me souviens pas d’une rencontre en particulier, mais ce qui m’a marqué c’est le côté très convivial de la discipline. On se parle, on s’interroge, on partage… J’y ai trouvé quelque chose de spécial par rapport à d'autres sports : chacun aide l’autre, chacun s’épaule, chacun prend soin de l’autre, pas de concurrence et c’est ce que j’aime. Avant, j’étais dans le monde du showbiz et c’était chacun pour soi. Là c’est complétement différent. Même pour faire mon guide, quand j’ai eu besoin d’appeler d’autres auteurs, ils m’ont répondu avec bienveillance. Ce sont des gens simples. Cette solidarité qu’on rencontre dans le sport peut créer de vrais moments de partage.

Business Traveler France : la randonnée est souvent synonyme de galère dans l’imaginaire collectif, comme le film Les Randonneurs s’en amuse. Avez-vous connu des péripéties sur un parcours en randonnée ?

Estelle Vincent : je me suis complètement perdue, une fois. Étonnament, ce fut la plus belle nuit de ma vie. Nous étions dans les Alpes-Maritimes avec mon compagnon, nous nous sommes perdus, nous nous sommes retrouvés dans un pierreux, la nuit. Il n’a pas voulu s’arrêter, la nuit est tombée. Nous montions à tâtons dans la montagne. Nous avons dû dormir à la belle étoile, vers 3h du matin on entendait les animaux autours de nous, le ciel était comme un plafond illuminé. C’est mon plus beau souvenir. Au réveil, nous nous sommes rendus compte du danger de notre situation : nous étions vraiment en bordure, et nous ne nous en étions même rendu compte ! Il a été extrêmement difficile de trouver la sortie, nous avons appelé les secours en descendants, mais le temps qu’ils nous passent quelqu’un d’autre, nous n'avions plus de batterie… Nous étions désespérés ! (rires) Nous nous sommes assis pendant environ une heure, pour observer les alentours. En regardant bien, nous avons trouvé un coin de la montagne un peu différent des autres, c’était le sentier ! Il faut toujours être attentif à la nature, c’est elle qui vous donne les informations.

Business Traveler France : partir en montagne est un moyen de se déconnecter, mais à l’heure du numérique, avez-vous de bonnes applications à recommander ?

Estelle Vincent : j’ai répertorié des applications utiles dans le guide. Il y en a de nouvelles aussi qui permettent de faire la découverte des villes. C’est bien parce que la randonnée se diversifie. Maintenant, on peut se cultiver en faisant de la randonnée de patrimoine, ou œnologique. Cela se développe de plus en plus et c’est vraiment intéressant. Il existe aussi des jeux découvertes pour les familles qui sont très conviviaux.

Business Traveler France : et si nous souhaitons partir à l’aventure, est-ce qu’il est possible de faire du camping sauvage ?

Estelle Vincent : le camping sauvage est interdit en France, mais il est possible de camper dans les parcs, notamment. Il faut partir à la bonne heure car c’est réglementé, vous trouverez les explications dans mon guide. En Corse, sur le GR20 par exemple, il est possible de planter sa tente à côté des refuges. Chaque personne gère son refuge comme il le souhaite, alors il faut se renseigner à l’avance.

Business Traveler France : vous étiez dans un milieu complètement différent de celui de la randonnée sportive, et vous faites la découverte de cette discipline tard dans votre vie. Que conseillerez-vous aux personnes qui n’osent pas sauter le pas ?

Estelle Vincent : je crois que, pour véritablement sauter le pas, il faut se fixer des objectifs : pourquoi je vais sauter le pas et quelle est ma vie ? La meilleure des choses est d’avoir quelqu’un avec qui le faire, quelqu’un qui va vraiment vous donner envie. Aimer la vie, aimer la nature, c’est reprendre vie. Lorsque qu’on a des problèmes de santé, on va pouvoir améliorer son mode de vie et rencontrer des personnes formidables. Il y a une réelle possibilité de sociabilisation grâce à la balade. En fait, ce qui est génial c’est que lorsqu’on commence à faire un sport, on peut en faire un autre. Comment aller chercher quelque chose qu’on ne connait pas ? Le guide sert à ça, il retrace des moyens de faire de la randonnée, de la découverte à une pratique plus intensive. Soit on débute, soit on élargit ses pratiques. J’ai moi-même fait du VTT, pratique douce et violente. Il faut s’ouvrir à la nature et aller vers les professionnels, les clubs.

Informations complémentaires :

Le Guide des loisirs et tourisme sportifs en montagne

guide nomadine couverture

Le nouveau guide Nomadine d’Estelle Vincent propose pas moins de 36 activités en montagne, pour tous les niveaux. Six d’entres elles sont mêmes accessibles aux personnes en situation de handicap.

Classées en six catégories (randonnée, verticalité, cycle, glisse, eau vive et air), les activités sont détaillées, avec des conseils de sécurité et d’équipement pour débutant comme grand sportif. Du parapente au VTT, en passant par le canyoning, chacun devrait y trouver son compte.

En Métropole, en Corse, à la Réunion, en Guadeloupe ou en Martinique, les 40 départements français sont passés au peigne fin. Le guide donne une vision détaillée du territoire et de ses atouts.

Par exemple, le point culminant de l’Ardèche est le Mont Mézenc, à 1753 mètres, le département possède divers labels, notamment via ses 23 sites classés « Natura 2000 ». Le territoire propose également des alternatives handisports, avec 20 sites labellisés « Tourisme et Handicap ». Pour la pause gourmande, on découvre dans le « côté gastronomie » que la châtaigne y est une véritable star. Là-bas, il est possible d’y pratiquer un panel d’activités très large, l’incontournable randonnée, l’escalade, la spéléologie, la rando aquatique, le cyclisme et d’autres sport aquatique ou de glisse. L’auteure le promet : « Tout est possible et tip top pour le fun en famille et entre amis ! ».

Face à ces innombrables choix, il est conseillé de se renseigner sur toutes les disciplines au début de l’ouvrage pour connaître l’équipement nécessaire à leur pratique, l’éventuelle préparation physique à acquérir, le vocabulaire de la discipline, son histoire et ses atouts bien-être (l’escalade est génial pour le dos, par exemple !).

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